Côte-d’Ivoire médicaments de la rue: une course effrénée vers la mort

A man reads a poster against street medicines which reads'Alas he trusted street medicines - don't take street medicines' 04 June 2007 at the headquarters of the Ivorian pharmacists in Abidjan who are worried about the sucess of'street medicines' AFP PHOTO / KAMBOU SIA
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Par Monsoh Kouassi Simplice Alphonse

 

Les médicaments de la rue tuent. On ne le dira jamais assez. Le médicament, il faut le préciser, est une substance ou composition ayant des propriétés préventives ou curatives et est prescrit après un diagnostic médical pour restaurer, corriger ou encore modifier les fonctions physiologiques de l’être humain ou animal en exerçant sur lui un effet pharmacologique, immunologique ou métabolique, selon l’Oms. Aussi, son administration, sa consommation et sa vente obéissent-elles à une démarche très stricte.

En effet, les liens de causalité entre ce triptyque et la santé précaire par les circuits de la rue notamment, ont été abondamment mis en évidence. En effet, de nombreuses études et rapports d’experts en la matière ont démontré avec des statistiques à l’appui, l’impact négatif de ce phénomène sur la santé. Le tableau généralement dressé est alarmant et devrait interpeller les pouvoirs publics. Le fléau des médicaments de la rue doit être traité comme un problème majeur de la politique nationale de santé publique. Les dangers auxquels il expose les populations sont nombreux. On citera par exemple, l’explosion des maladies chroniques.

Les causes de cette explosion sont diverses : dégradation de notre environnement, bouleversement notable de nos habitudes alimentaires (la manière de produire nos aliments et de nous nourrir à substantiellement changé), etc. Cependant, il n’en demeure pas moins que les substances chimiques achetées dans les rues, absorbées sans consultation ni prescription médicale préalable (automédication) y contribuent pour une grande part. La substance active du produit, une fois ingurgitée, répartie par la suite dans l’organisme, expose celui-ci à des réactions biochimiques. Par ailleurs, les conditions de stockage et de conservation de ces « médicaments » sont très peu convenables pour ne pas dire artisanales. à cela, on rajoutera le fait que les médicaments de la rue sont proviennent en partie de contrefaçons.

Ce phénomène prend également en compte le large éventail constitué de vendeurs ou ‘’docteurs des temps nouveaux’’ dans les cars, arrêts de bus, bureaux, lieux publics, etc. Avec une rhétorique persuasive, bien expérimentée, ils convainquent souvent l’auditoire à l’achat de ces substances. Ils captent celui qui les écoute en usant d’un débit, une intonation et d’un rythme verbal impressionnant, mettant essentiellement en relief les vertus miraculeusement thérapeutiques des produits qu’ils proposent. Ils feignent ou font royalement fi des conséquences et des précautions d’emploi que requièrent la prise de tout médicament : la posologie (sexe, poids, âge), contre-indications, effets indésirables et/ou toxiques du médicament, l’abus des mesures, le surdosage, les erreurs médicamenteuses, etc.

« On n’a rien», « on est pauvre, on va faire comment ? », « Ce sont avec ces personnes que nous les démunis arrivons à nous soigner »… Voilà quelques-unes des litanies ressassées, hélas, par une partie de la population pour justifier le recours à ces vendeurs de produits toxiques, qui les conduisent vers une mort à ‘’doses lentes’’. Même si l’on ne saurait banaliser les conditions socio- économiques difficiles de certains de nos compatriotes ainsi que le prix exorbitant des médicaments comme obstacles réels pour l’accessibilité aux soins de qualité, l’on ne peut encourager une telle pratique.

Pour ce faire, le gouvernement devrait prendre des mesures, entre autres: mener une vaste campagne de sensibilisation dans les médias ; diffuser largement les textes portant réglementation de la détention et vente des consommables médicaux, exploitation des établissements pharmaceutiques ou distribution en gros ; appliquer rigoureusement les dispositions prévues pour les contrevenants le cas échéant ; renforcer les moyens d’actions de la police sanitaire ; valoriser autant que possible toutes les ressources s’occupant de la pharmacopée et de la médecine traditionnelle en mettant les moyens conséquents et surtout équiper les centres de recherches. Ce qui aura un effet induit sur la baisse des prix des médicaments, et réglera ainsi leur accessibilité.

La santé n’a pas de prix, dit-on. Elle a toutefois besoin qu’on y mette du prix.

Par MONSOH KOUASSI SIMPLICE ALPHONSE
UN CITOYEN

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