PRAO YAO SÉRAPHIN
«Nous ne sommes pas encore libres, nous avons seulement atteint la liberté́ d’être libres» (Nelson Mandela)
Très souvent, les pays « autoproclamés riches » se retrouvent lors des sommets, pour trouver les solutions aux problèmes des Africains. Comme à leur habitude, ils cherchent toujours à polariser l’attention du monde entier de gré ou de force, par leur attitude nombriliste de vouloir diriger la planète. En vérité ces pays ne sont même pas riches. Si on s’accorde à définir la richesse par le nombre d’immeubles, de pollution enregistrée et d’injustices commises, oui, ces pays sont alors des riches. Pour nous, cette parodie de richesse n’est que vanité et poursuite de vent. Lors de leurs différents sommets, il ne s’entendent jamais sur un seul point pourtant l’Afrique semble les réconcilier car pour un « malade », tout le monde s’émeut ! Dans leur volonté dynamique de salir l’image de l’Afrique et la traiter comme la dernière de la classe, ils font toujours les promesses, sans contrition, d’aider l’Afrique à sortir de l’ornière dans laquelle, elle se retrouve. Même les pays dont le dessein funeste est de voir l’Afrique croupir sous le poids de la dette et de la pauvreté, ne manquent pas de culot de faire des promesses devant les caméras du monde, à l’endroit des Africains. Or ce qu’il faut au continent, c’est la liberté. Et c’était le combat de Gbagbo, pour lequel il est aujourd’hui déporté à la Haye.
Laurent Gbagbo et son combat contre la « Françafrique »
Pour rappel, la « Françafrique » n’est pas un mot inventé par l’académie française, ni par un grammairien de renom. C’est un terme impropre dans la forme comme dans le fond. Il s’apparente à un effort d’accoler deux mots : la France et l’Afrique. Or il s’agit d’un pays et un continent très lointain que seule l’histoire peut réunir.
Selon nos recherches sur le sujet, c’est l’ancien président de la Côte d’Ivoire, Félix HOUPHOUËT-BOIGNY qui inventa l’expression France-Afrique en 1955, pour définir les relations d’amitiés qu’il voulait établir avec la France. Il sera transformé par François-Xavier VERSCHAVE, pour devenir « Françafrique ».
Pour François-Xavier VERSCHAVE, on peut définir la « Françafrique » comme « une nébuleuse d’acteurs économiques, politiques et militaires, en France et en Afrique, organisée en réseaux et lobbies, et polarisée sur l’accaparement de deux rentes : les matières premières et l’Aide publique au développement. La logique de cette ponction est d’interdire l’initiative hors du cercle des initiés. Le système autodégradant se recycle dans la criminalisation. Il est naturellement hostile à la démocratie ». On voit donc que la « Françafrique » agit avec plusieurs acteurs (économiques, militaires et politiques) entre un seul pays, la France et un continent, l’Afrique, le tout dans des réseaux.
La « Françafrique » impose des présidents aux Africains et pille les ressources de notre continent. Elle veut tout contrôler même de simples nominations. Souvenons-nous de la sortie hasardeuse de l’ambassadeur de France à Bangui, Mr Charles Minas, au sujet de la désignation du premier ministre par le Président élu. Voici ce que confiait un diplomate à la journaliste Diane De Sangbilegué « Vous connaissez l’ambassadeur de France. Il n’a pas d’état d’âme. Il pensait que, pour cette nomination, le Président devait le consulter, soit l’informer de ce qu’il va nommer, tel chef de gouvernement. Il n’a pas apprécié….». C’est cette fâcheuse façon de faire que le Président Gbagbo voulait interdire dans notre nouvelle Afrique. Refuser les contrats léonins, mettre fin à la dépendance politique et financière, tel était l’objectif du Président Gbagbo. Pour le Président, l’Afrique a le sous-sol le plus fertile et le plus riche de ce monde, elle n’a pas besoin d’aide mais de liberté. Liberté de choisir ses dirigeants sans une ingérence coloniale, liberté de choisir ses amis, liberté de vivre en paix. Le Président Gbagbo avait raison car ce qui retarde le développement de l’Afrique, ce sont ces sales guerres préfabriquées par ces pseudos riches, afin de pêcher en eaux troubles. Et la comédie n’avait que trop duré, il ne fallait plus tolérer le désordre organisé sur notre continent, La Côte d’Ivoire était semblable à une éprouvette témoin qui servirait de leçon aux autres pays Africains.
Le procès de la vérité historique qui sonnera la trompette de la liberté
Le Président Gbagbo a une légitimité historique en Côte d’Ivoire et en Afrique. Son arrestation était simplement un aveu d’impuissance des puissances occidentales face à la mutation intellectuelle des Africains. Ceux qui voulaient fermer la bouche des dignes fils Africains ont échoué. Thomas Sankara avertissait déjà pour dire « Malheur à ceux qui bâillonnent le peuple ! ».
Le procès du Président Gbagbo est politique. Essayons de comprendre ce que revêt un procès politique.
Dans la forme, un procès politique, se singularise par le fait qu’il sort des canons qui régissent la procédure pénale. Il ignore les garanties du procès équitable, ou déforme l’esprit des règles procédurales. Par exemple, si la procédure pénale exige la publicité des débats, le procès politique, se différenciera, en omettant cette condition, et se déroulera dans le secret. Inversement, il peut aussi travestir cette exigence et la vider de son sens, en érigeant le procès public en procès spectacle, où l’imperium juridique se met en scène afin de marquer les esprits.
Le procès politique se distingue aussi du procès conventionnel dans son rapport au temps judiciaire. Il peut être anormalement long, pour maintenir l’accusé dans une constante insécurité juridique, ou au contraire, il sera étrangement court en comparaison de la gravité des faits examinés, et devient alors procès expéditif.
En règle générale, le procès politique s’illustre, par les nombreuses irrégularités de procédures qui l’émaillent, et qui traduisent une volonté intentionnelle de travestir la vérité, afin de réunir les conditions d’une condamnation certaine.
Sur le fond, le procès politique se reconnaît comme le procès où est mis en cause, une action ou une opinion perçue comme une menace pour la suprématie de l’État ou d’un ordre établi. Celui-ci fait alors usage de l’autorité judiciaire pour se protéger de cette tentative de déstabilisation.
Enfin, le procès politique se caractérise aussi quant aux personnes qu’il met en cause. Ceux-ci sont le plus souvent porteurs d’idéologies, ou d’opinions qui s’opposent aux détenteurs du pouvoir, on comprend donc qu’au-delà de l’acte, c’est la personne ou le groupe qui sont visés en ce qu’ils représentent un danger ou une alternative au régime. On fait le procès des intentions, dans le but de casser une résistance, briser une opposition, ou faire taire une voix dissonante.
Le procès du Président Gbagbo est un cri contre ceux qui grossissent et s’enrichissent en affamant les petits et en suçant le sang des faibles. C’est aussi pour l’historien, une façon de passer un message au monde entier. Par exemple, dans l’Hexagone, le débat public sur la politique française en Afrique, ses orientations et ses échecs, est quasiment inexistant. Porté par quelques associations militantes qui peinent à se faire entendre, il est totalement absent des discussions parlementaires et singulièrement des programmes des candidats à l’élection présidentielle sauf pour ce qui relève des questions migratoires qui sont devenues le seul « tourment » des responsables politiques et l’axe autour duquel se redéfinissent désormais les enjeux de l’aide au développement. Les témoignages honteux et le manque de preuve contre le Président Gbagbo permettront au monde entier de comprendre les origines du sous-développement des pays Africains.
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