Côte-d’Ivoire l’avocat de Blé Goudé au témoin P-369: «Vous êtes formel sans avoir vu»

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Le dernier jour d’audience de Matt Wells, le chercheur de Human Rights Watch, n’a duré qu’une demi-journée. L’équipe de défense de Charles Blé Goudé s’est attardée sur des points précis du témoignage de l’américain, notamment ceux portant sur les discours du « général de la rue ».

Par Antoine Panaite Ivoirejustice.net

Emmanuel Altit, l’avocat de Laurent Gbagbo, reprend la parole pour une dizaine de minutes afin de terminer l’interrogatoire de son équipe de défense. Il interroge Matt Wells sur la question des réfugiés pro-Gbagbo partis au Libéria et dénonce ce qu’il définit comme une présentation « trop simple » dans le témoignage du chercheur de Human Rights Watch (HRW) où une ethnie serait associée à une orientation politique.

« Vous voulez dire que toute la population de certains villages Guérés a fui, c’est cela ? », demande notamment Altit. Matt Wells assure : « La plupart des Guérés (à l’Ouest de la Côte d’Ivoire, ndlr) se sont enfuis ». Le témoin précise que HRW ne présente pas une histoire simplifiée. Et Altit de rétorquer que son témoignage au bureau de la procureure n’a pas embrassé « la complexité de ce qui s’est passé ».

Des preuves de meurtres « sans avoir vu »

C’est ensuite Jean-Serges Gbougnon qui prend la parole pour l’équipe de défense de Charles Blé Goudé. Son interrogatoire est assez différent de celui d’Emmanuel Altit et s’intéresse davantage à des points particuliers du témoignage de Matt Wells.

Interrogé sur le passage de son témoignage où Wells avait dit qu’il n’avait pas pu se rendre au « parlement » (ces rassemblements de jeunes) à Abobo avocatier « à cause de la violence des jeunes patriotes à ce moment-là », Wells affirme qu’il en a eu connaissance par un recoupement de témoignages concordants et possède même les preuves de certains meurtres. « Nous avons les heures et dates exactes de ces meurtres », ajoute-t-il. Gbougnon conclut cette discussion en affirmant : « Vous êtes formel sans avoir vu ».

Appel à la discussion et incitation à la violence

Trois vidéos où l’on voit Charles Blé Goudé sont présentées. À travers ces images, la défense dépeint une fois de plus « l’homme de paix » décrit lors de sa déclaration liminaire. Dans l’une d’elles, l’ancien ministre de Gbagbo lance un appel au dialogue : « Nous pensons que quand on finit de faire la guerre, on finit toujours par discuter (…) Autant discuter maintenant au lieu de mettre des vies en danger ».

« Pourquoi aucun de ces appels à la discussion n’est mentionné dans votre rapport ? », demande Gbougnon à la fin de la diffusion des vidéos.

« Sur la base des vidéos, nous avons estimé que M. Blé Goudé avait prononcé un certain nombre de discours qui ne ressemblaient pas à ceux-là mais qui incitaient plutôt à la violence, répond Wells. Et Après ces discours, nous avons constaté une augmentation du nombre de violences ».

« Vous connaissez le contexte du discours du 25 février ? (…) Vous avez entendu parler des évènements d’Anonkoua Kouté ? », poursuit Gbougnon. « Oui, nous avons fait des recherches sur le contexte (…) L’attaque du commando invisible (…) Cela figure dans notre rapport », rétorque le chercheur.

L’interrogatoire de Wells prend fin. Les parties n’ont plus d’autre question. Une seule interrogation d’ordre pratique est soulevée. Elle concerne le témoin p-431 qui sera, mardi 24 mai, le 9èmetémoin du procès Gbagbo/Blé Goudé à comparaître.

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