Côte d’Ivoire: Climat de méfiance entre populations à Bouna, un mois après le conflit intercommunautaire

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Par Manuella Yapi

Une « atmosphère de suspicion », selon les propos du maire de Bouna, Sanka Ouattara, se fait encore sentir dans cette localité du Nord-Est de la Côte d’Ivoire, plus d’un mois après un conflit intercommunautaire qui a coûté la vie à plus d’une trentaine de personnes et contraints des centaines d’autres à se réfugier.

Les causes de ce « conflit fratricide » présenté aux premières heures comme un affrontement entre agriculteurs Lobis (autochtones) et éleveurs Peulhs (allogènes) avant de s’étendre à d’autres populations autochtones, sont « beaucoup plus profondes », comme le signifie Bouraïma Ouattara, représentant du Roi de Bouna.

Le calme est certes revenu dans ce département, mais la « méfiance » est toujours de mise au sein des populations avec les Lobis d’un côté et les Koulangos, Malinkés, Peulhs de l’autre. Chacun, avec ses arguments, renvoie la faute au camp adverse, avec en toile de fond des litiges fonciers et surtout des « problèmes de pouvoir ».

La Cour du chef Lobi, une bâtisse qui divise

En dépit du fait que Lobi et Koulango s’accusent mutuellement d’octroyer anarchiquement des terres à Bouna et ses environs, la construction de la cour du chef des Lobis semble ne pas réjouir certains membres de l’autre communauté qui sont historiquement les propriétaires terriens et détenteurs de la royauté.

Cette cour dont les dimensions sont « plus grandes que celles du Roi de Bouna », Djaracoroni II, est perçue comme un « acte de défiance » des Lobi vis-à-vis de leurs tuteurs, accentué par le désir d’obtenir à leur tour un « siège au sein de la Chambre des rois et chefs traditionnels » de Côte d’Ivoire.

« Ils disent qu’ils représentent plus de 75% de la population (…) et ont même demandé officiellement à avoir un roi. (…) On s’inquiète », avoue M. Ouattara pour qui certains cadres « ont fait croire » que Bouna était « une terre Lobi », depuis « les années 90 ».

Ce point de vue est du à des « méprises », selon le Général Palenfo, un cadre de la région qui est d’ethnie Lobi, précisant que sa communauté qui vivait auparavant autour des « Soukalas » (demeures) est « traditionnellement anarchiste » et ne peut donc pas vouloir « annexer » leurs « frères ».

« Les lobis ont évolué (et) sont les plus nombreux aujourd’hui, c’est la réalité. (Mais) ils ne veulent pas de la royauté », tranche le Général, précisant que cette bâtisse est en réalité un « lieu de regroupement » offert par des cadres qui « veulent aider leur chef à s’organiser ».

Selon lui, « les cadres ne s’entendent pas » dans cette localité et « chacun doit dépasser son égo pour trouver une solution commune ».

Soupçonnant « des mains occultes » de « manipuler (et) pousser les communautés à s’affronter », le chef de l’Etat ivoirien a mis en garde les « jeunes politiciens » car « les élections locales à venir ne doivent pas déboucher sur des tensions ». Il a également appelé les populations à « se ressaisir », lors de sa visite à Bouna le 30 avril.

MYA

Alerte info/Connectionivoirienne.net

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