Déclaration
Le 1er Mai 2016 lors de la Fête du Travail, Monsieur Alassane Ouattara, chef de l’Etat ivoirien, sous la pression sociale, s’est trouvé obligé, après six ans de pouvoir, de recevoir pour la première fois les Centrales syndicales des travailleurs. Au cours de cette rencontre, M. Ouattara, acculé par le mécontentement général de la population et les discours d’interpellation prononcés par des syndicalistes, a tenu des propos et annoncé des mesures qui méritent analyse, explication et prise de position de la part du Front Populaire Ivoirien ;
2. Entre autres propos, M. Alassane Ouattara a dit : « A l’heure où je vous parle, selon tout le décompte qui a été fait, et en relation avec l’opposition, il n’y a pratiquement plus de prisonniers de la crise postélectorale dans les prisons ». M. Ouattara de continuer : « Nous définissons la crise postélectorale comme ayant pris fin à l’occasion de ma prestation de serment, en mai 2011. Toutes les personnes arrêtées dans ce cadre, à l’exception de trois ou quatre pour lesquelles il y a des crimes graves, toutes les personnes ont été libérées » ;
4. Le FPI rappelle à l’opinion nationale et internationale les faits suivants :
– a) S’agissant des détenus politiques. Contrairement aux mensonges éhontés du régime qui, sans vergogne, annonce à la face du monde qu’il n’y a plus de détenus politiques en Côte d’Ivoire, il est à noter que depuis le 11 avril 2011, date de l’avènement du régime Ouattara sous l’ère du régime Ouattara, notre pays est devenu une vaste prison à ciel ouvert. Cela est su et documenté par les organisations nationales et internationales des droits de l’Homme. Pour preuve, le 22 octobre 2014, la ministre de la Communication Affoussiata Bamba-Lamine, Porte-parole adjointe du gouvernement, confessait : « Les proches de Laurent Gbagbo sont poursuivis dans le cadre de procès politiques ».
A ce jour, hormis les détenus portés disparus et les détenus dans des sites privés, le FPI a en sa possession la liste de 250 détenus politiques civiles et militaires dont :
– Le député Ehivet Simone Gbagbo, Vice- présidente du Front Populaire Ivoirien, arrêtée le 11 avril 2011 et présentement détenue à l’Ecole de Gendarmerie d’Abidjan ;
– Le ministre d’Etat Lida Kouassi Moise, vice- président du Front Populaire Ivoirien, arrêté le 14 octobre 2014 et actuellement détenu à la Maison d’Arrêt Militaire d’Abidjan ;
– Le ministre Assoa Adou, vice-président du Front Populaire Ivoirien, arrêté le 7 janvier 2015 et présentement détenu au camp pénal de Bouaké ;
– Le ministre Hubert Oulaye, président du comité de contrôle du FPI, arrêté le 4 mai 2015 et détenu à la prison civile de Dabou ;
– Koua Justin, Secrétaire Général adjoint du Front Populaire Ivoirien arrêté le 4 mai 2015 et détenu actuellement au camp pénal de Bouaké ;
– Dahi Nestor, président par intérim de la jeunesse du Front Populaire Ivoirien, arrêté le 10 juin 2015 et détenu présentement à la prison civile de Dimbokro pour ne citer que ceux-là.
b) Concernant les prétendues mesures annoncées par le chef de l’Etat, à savoir la suspension jusqu’à nouvel ordre du renouvellement du permis de conduire et la libéralisation des secteurs de l’électricité et de l’eau en Côte d’Ivoire dans le but de faire baisser leurs coûts, le FPI fait observer à l’opinion nationale et internationale que le contrat qui lie ces sociétés au régime Ouattara court jusqu’en 2020 et que ce régime a été installé à coups de bombes par ces mêmes puissances financières. Les promesses annoncées pour casser les monopoles de ces sociétés sur leurs objets de convoitise ne relèvent que de la pure communication démagogique.
5. Face à tant de mépris, de contre-vérités et de démagogie, le Front Populaire ivoirien :
– Situent les propos de M. Alassane Ouattara dans le contexte de son face à face avec les Centrales syndicales remontées contre lui, par rapport à leurs revendications ;
– Souligne que le chef de l’Etat et son régime, parvenus au pouvoir dans les conditions sanglantes connues du monde entier, sont passés maîtres de ces genres de discours démagogiques ;
– Rappelle aux Ivoiriens que depuis le 11 avril 2011, la communauté internationale a imposé par la violence, au peuple ivoirien, un régime extraverti d’affairistes. Or, on sait qu’avec un tel régime, les populations constituent le dernier des soucis ;
– Rappelle aux Ivoiriens et aux Travailleurs que le régime Ouattara, n’étant pas maître de lui-même mais au service des puissances financières qui l’ont installé par la guerre, ne peut faire que des promesses qu’il ne tiendra pas, comme d’habitude, se contentant uniquement des effets d’annonce et de communication. Il n’a donc fait que reculer pour mieux tromper ;
– Invite, par conséquence, les Ivoiriens en général et les Travailleurs en particulier à la vigilance et à la mobilisation pour leur mieux-être.
Fait à Abidjan, le 6 mai 2016
Pour le Front Populaire Ivoirien
Le 1er Secrétaire Général-adjoint,
Porte-parole par intérim
Koné Boubakar
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