Une analyse de Philippe Kouhon
C’est pratiquement tous les quotidiens ivoiriens qui en feront leurs choux gras ce lundi matin après le buzz des réseaux sociaux : « Michel Gbagbo et Guillaume Soro montrent le chemin de la réconciliation »….Voilà ce qu’on retient tous de la fameuse accolade donnée ce Week end par le fils du plus célèbre prisonnier de la CPI à celui qu’on pourrait nommer son bourreau d’hier. Combien sont-ils issus de la diaspora, ou rentrés d’exil, pro-Gbagbo qui ont décidé de revenir au pays non sans se faire lyncher ? Le cas le plus frappant est celui de M. Abel Naki. Président fondateur du CRI-Panafricain, premier et principal mouvement de résistance ivoirienne en France née à la suite de l’arrestation de l’ex président Ivoirien, Laurent Gbagbo le 11 avril 2011, Abel Naki a commis deux pêchés :
D’abord la transformation du mouvement de résistance en parti politique puis sa venue au pays, alors que son mentor, Laurent Gbagbo est toujours détenu à la Haye.
En effet, après 3 ans de résistance et de marche à travers les grandes villes de France, Abel Naki et un groupe d’amis ont-ils décidé de revoir leur copie et faire du mouvement de résistance, une organisation politique. L’annonce a été faite le samedi 19 janvier 2013 à Bordeaux (France) au cours des travaux d’adoption des nouveaux textes du mouvement. Nous sommes 48h après l’arrestation de Charles Blé Goudé à Accra (17 janvier 2013). Que n’a-t-on pas entendu ? Abel Naki a trahi…Abel Naki a vendu la lutte…..Abel Naki a fait du faux…Il n’est pas le fondateur du Cri panafricain. La suite on la connait. Et pourtant on se souvient des motivations de cette transformation. « Se muer en parti politique pour occuper le terrain politique en Côte d’Ivoire…Les marches à Paris n’ayant rien donné ».
Le second pêché fut son voyage à Abidjan. Le lundi 15 septembre 2014, Abel Naki foulait le sol de son pays la Côte d’Ivoire. Il y restera jusqu’au 3 novembre de la même année.
A sa descente d’avion, et en présence de ses partisans venus l’accueillir, ‘’ le résistant’’ s’était confié à la presse : « La Côte d’Ivoire appartient à tous les Ivoiriens. Nous sommes venus au niveau du Cri-Panafricain pour prendre notre part dans la réconciliation nationale. Nous vous donnerons dans les jours à venir, le programme précis des actions que nous comptons mener pendant notre séjour. Restez donc mobilisés et à l’écoute ». Par cette présence au pays, Abel Naki venait de commettre le plus grand délit du siècle. « Abel Naki confirme ses accointances avec le pouvoir Ouattara….C’est la preuve qu’il est un traître, une taupe de la résistance à Paris…Abel Naki est allé vendre la lutte à Alassane Ouattara » avons-nous lu sur les réseaux sociaux. Des critiques qui n’ont pu ébranler le plus célèbre cyber-activiste Pro Gbagbo. Car il sera reçu par des personnalités de premier plan telles que le ministre ivoirien de l’Intérieur et de la sécurité nationale Hamed Bakayoko, Danon Djédjé du FPI, le Premier Ministre Ahoussou Jeannot, Mme Bro Grébé, Mel Théoodore, la représentante de l’Onu en CI, Sidiki Konaté, Mamadou Koulibaly, KKB, Guillaume Soro et Michel Gbagbo. A toutes ces rencontres, un seul discours « je suis venu décrisper l’atmosphère très lourd du climat de peur et de méfiance installé dans mon pays depuis la crise postélectorale. Je suis venu participer à la réconciliation » a-t-il clamé. Une démarche citoyenne et diplomatique qui a permis au régime Ouattara de baisser la garde. Ce qui a été favorable à la libération de plusieurs détenus politiques. Enfin comment peut-on être ému après une simple accolade entre deux Ivoiriens fussent-ils Guillaume Soro ou Michel Gbagbo et traiter d’autres d’avoir trahi la lutte. Peut-on ainsi dire que Guillaume Soro a trahi Ouattara ou encore Michel Gbagbo a trahi son père ? Je pense que notre génération a une lourde responsabilité vis à vis du peuple ivoirien et c’est ensemble que nous allons relever ce défi. Dans la solidarité et le pardon.
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