Par Connectionivoirienne.net
En marge du forum des marchés émergents à Paris, Alassane Ouattara s’est prêté aux questions de Rfi. Le chef de l’Etat ivoirien a défendu sa vision du Franc CFA, cette monnaie instaurée depuis la période coloniale par la France dans les territoires qui étaient sous son contrôle. Au moment où cette monnaie suscite des débats entre économistes et dirigeants africains, Alassane Ouattara ne s’est point encombré de fioritures pour se faire l’avocat d’une monnaie contre-productive pour le développement des pays d’Afrique.
Écoutons plutôt le président ivoirien : « J’ai été gouverneur de la Bceao, je suis d’ailleurs encore gouverneur honoraire de la Bceao. Et je peux vous dire que le Franc CFA a été bien géré par les Africains. Donc je demande vraiment aux intellectuels Africains de faire preuve de retenue et surtout de discernement. Si l’on regarde sur une longue période, 25 – 30 ans, cette monnaie a été utile aux populations. Les pays de la zone Franc sont les pays qui ont eu la croissance la plus continue sur une longue période, ce sont les pays qui ont eu un taux d’inflation le plus bas, c’est l’une des rares zones où le taux de couverture de la monnaie est quasiment à 100%. Mais écoutez, qu’est-ce que nous voulons d’autre ? Peut-être que c’est le terme « Franc CFA » qui gêne, mais en ce moment-là qu’on le change. Mais sur le fond je considère que notre option est la bonne. »
Une belle réponse comme on aime à en entendre à Paris. Pour l’ancien DGA du Fmi, le compte d’opération, la non-convertibilité du FCFA en France et dans les pays ayant en commun l’Euro (incongruité des incongruités) et bien d’autres faiblesses de cette monnaie FCFA ne sont rien devant les avantages qu’il cite.
Le président Tchadien Idriss Déby Itno (militaire de profession), à qui s’adresse en filigrane ce message, a quant à lui, un point de vue diamétralement opposé à celui d’Alassane Ouattara. Lors d’une conférence de presse en 2015 ne disait-il pas : « Il y a aujourd’hui le FCFA qui est garanti par le trésor français. Mais cette monnaie-là, elle est africaine. C’est notre monnaie à nous. Il faut maintenant, réellement dans les faits, que cette monnaie soit la nôtre pour que nous puissions, le moment venu, faire de cette monnaie, une monnaie convertible et une monnaie qui permet à tous ces pays qui utilisent encore le FCFA de se développer. Je crois que c’est une décision courageuse que nos amis français doivent prendre ».
Il avait précisé lors de la même conférence qu’il ne s’agissait pas de s’opposer à la France, mais de normaliser la relation entre celle-ci et les pays africains. Pour lui, si frapper sa propre monnaie coûte cher et nécessite des technologies spéciales coûteuses, un appel d’offre peut être un palliatif à ce problème.
« Cette question n’est pas un tabou. Celui qui veut faire de cette question un tabou va tuer l’Afrique et demain on va être condamné par les générations futures », avait laissé entendre M. Déby.
SGD
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