Côte-d’Ivoire: Cinq ans après le 11 avril 2011, Désillusion dans le camp au pouvoir, opposition sans repère

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Par Connectionivoirienne.net

En prenant le pouvoir dans des conditions plus que calamiteuses le 11 avril 2011, Alassane Ouattara promettait dans son discours de prise de pouvoir depuis l’Hôtel du Golf qu’il écrirait les plus belles pages de l’histoire de la Côte d’Ivoire dans la réconciliation et le pardon. «Aujourd’hui 11 avril 2011), une page blanche s’ouvre devant nous. Blanche comme le blanc de notre drapeau, symbole d’espérance et de Paix. Et, c’est ensemble que nous allons écrire notre Histoire dans la réconciliation et le pardon», affirmait-il. Alassane Ouattara qui a fait campagne sous le slogan enchanteur de « La solution » incarnait un réel espoir pour des milliers de ses sympathisants et pour la communauté internationale qui aura tout misé pour lui face à son redoutable adversaire Laurent Gbagbo.

Tout nouveau, tout beau, nouveau style de gouvernance, nouveau discours politique, Ouattara a fait rêver plus d’un, au-delà même de sa chapelle Rhdp. Surtout quand, pour la première fois, des ministres de la République prennent fonction sous serment alors que cela n’est inscrit nulle part dans la loi fondamentale.
À Attinguié, en banlieue abidjanaise, la nouvelle zone industrielle accueille les nouveaux investissements directs étrangers. Des usines sortent de terre sous l’impulsion de multinationales, les seules capables d’acquérir un terrain dans cette zone aux coûts de terrain si prohibitifs pour les entreprises ivoiriennes
Cinq bonnes années ont passé et à présent le mythe Ouattara est tombé. Certes le Pib national a connu un bond qualitatif et se situe aujourd’hui autour de 5 mille milliards de FCFA. Il est porté par des injections financières extérieures des bailleurs de fonds et la dette sur les marchés financiers. Cela a permis de concrétiser quelques projets tels que le 3e pont d’Abidjan, l’ouverture de voies circulables dans Abidjan, des réhabilitations ou construction de quelques centres de santé et écoles à travers le pays. À Attinguié, en banlieue abidjanaise, la nouvelle zone industrielle accueille les nouveaux investissements directs étrangers. Des usines sortent de terre sous l’impulsion de multinationales, les seules capables d’acquérir un terrain dans cette zone aux coûts de terrain si prohibitifs pour les entreprises ivoiriennes. Mais tout cela n’est que marginal dans un pays qui a besoin de bien plus que cela.

Au niveau infrastructurel, si le bilan des cinq ans est relativement bon avec plusieurs acquis du reste mal répartis sur l’ensemble du territoire, le bilan social est des plus calamiteux au moment même où le gouvernement annonce un taux de croissance de l’économie à deux chiffres. Les revendications sociales s’enchaînent. Fonctionnaires, agents de l’Etat et actuellement les étudiants réclament de meilleures conditions de travail. D’un point de vue microéconomique, la situation sociale des Ivoiriens est devenue si inconfortable que les murmures fusent de partout, y compris dans les rangs des militants de la coalition au pouvoir. Sur les réseaux sociaux et dans les journaux, ils ne cachent plus leur déception et accusent ouvertement Alassane Ouattara de s’être servi d’eux avant de les abandonner aujourd’hui sur les bords. Pour décrire l’état de déliquescence actuelle, un confrère proche du Rdr n’a pas hésité à barrer sa première page avec ce titre évocateur : « Président ça ne va pas ».
Sur le réseau social Facebook des militants Rdr se déchainent et se libèrent de leur colère qu’ils ont du mal à contenir. « On a mal et honte. Nous les commerçants le jour tu vends des articles pour 100. 000 F, c’est comme si tu avais gagné à la loterie. En tout cas on veut mieux », écrit un certain Adissa Ouattara, suite à un post critique d’Aminata 24, une indécrottable du Rdr sur les réseaux sociaux.

La création d’emplois n’a pas encore atteint un rythme sensible au regard du fort taux de chômage surtout chez plusieurs jeunes diplômés à la recherche d’un premier emploi. Récemment le ministre en charge de l’emploi-jeune avançait des chiffres de plus d’un million d’emplois créés en cinq ans mais dans le secteur agricole.
Pendant ce temps, l’opposition qui devait constituer une force de propositions et jouer le rôle d’alternative crédible est sclérosée, divisée, en panne d’idées. Jusqu’à présent, elle reste l’ombre d’elle-même. Le Front populaire ivoirien Fpi, traverse une crise des chefs, voulue par le pouvoir. Le camp Sangaré encore appelé les « Gbagbo ou rien » bien que majoritaire, parle peu de reconquête du pouvoir. L’essentiel de sa stratégie consiste à entretenir l’espoir d’un retour de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire. Il mobilise à cet effet et ne souffle rien des futures législatives et du référendum constitutionnel annoncés avant la fin de l’année.
Face à cet immobilisme, le pouvoir a tout loisir à lui tracer un chemin, selon son bon vouloir. Aussi peut se comprendre le projet de la désignation d’un chef de file de l’opposition en la personne de Pascal Affi N’guessan. Un statut sur lequel ne crache pas le président du Fpi, le ‘’seul président de ce parti’’, reconnu par le pouvoir mais que l’ensemble des partis politiques de l’opposition, s’ils le sont encore vraiment, rejette.

Dans tout cela, bien des chantiers ouverts restent encore en friche. Celui de la réconciliation en particulier. Et Ouattara a d’autres chats à fouetter. Etre présent là où se réunissent les gourous de la finance mondiale. Il est à son 135e voyage à un forum sur les marchés émergents. Des centaines de rencontres avec partenaires et investisseurs, Magellan en a eu au cours de ses randonnées à travers le monde, depuis qu’il est au pouvoir. Le petit peuple est maintenant en droit d’en attendre les retombées.

SGD

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