PRAO Yao Séraphin
«Le privilégié de la nature qui est myope d’un œil, presbyte de l’autre et qui louche de surcroit n’a aucune excuse de ne pas se rendre compte dans le même instant de ce qui se passe autour de lui» (Pierre Dac)
En Côte d’Ivoire, l’union de l’opposition n’est pas pour maintenant. La raison est simple, tous les chefs de partis ont un calendrier caché qui diffère parfois de l’intérêt général des Ivoiriens. La manifestation la plus visible est la cacophonie actuelle constatée au sein de l’opposition. Un autre cas émerge : les achats de conscience pour des postes. Depuis 2011, la démocratie a pris un sérieux coup dans notre pays. Les partis politiques ne peuvent pas participer au processus démocratique en toute liberté, ou du moins, une partie de l’opposition. Le Président Gbagbo disait ceci : « si je savais que l’argent pouvait acheter les gens, je n’allais pas acheter les armes …». En clair, il voulait simplement dire qu’on pouvait acheter le calme en remplissant le compte bancaire de ses adversaires. Le mercredi 6 mars 2016, au cours de la session hebdomadaire du Conseil des Ministres, le Gouvernement a rendu publique sa décision d’introduire dans le projet de loi portant sur le statut de l’Opposition, des procédures visant à désigner un Chef de file de l’Opposition. Le choix du gouvernement est connu mais c’est cette nouvelle pratique de la politique dans notre pays qui inquiète. Nous voulons donc ici dire un mot sur cette affaire
Un opposant du régime ne peut pas être le chef de l’opposition
Dans notre pays, il y a les opposants du régime et les opposants au régime. Les opposants du régime sont toujours dans les couloirs de la présidence. Ils y vont les poches vides et reviennent les poches pleines. Ils sont très protégés par les autorités actuelles. Ils ont parfois le sigle du Parti mais pas les militants. Ce sont en général, des généraux sans troupes ou des lampes sans mouchettes ou si nous sommes très gentils, des géants aux pieds d’argile. Lorsqu’il y a des écarts de points de vue, ils sont aidés par le pouvoir au détriment des autres. Ils sont des partisans du pouvoir la nuit et opposant le jour. Ils sont toujours prêts à comploter pour que les autres se retrouvent en prison. Lorsque vous insistez pour avoir le cœur net sur les textes du referendum avant de vous prononcer, ils s’empressent pour dire qu’ils sont d’accords. Ils disent oui à tout même à la dictature.
Un opposant boudé par son propre camp ne peut pas rassembler toute l’opposition
En Côte d’Ivoire, depuis 2011, presque tous les partis politiques de l’opposition ont connu des crises internes, à l’exception de quelques-uns. La raison est simple : le gouvernement manipule quelques militants pour que le Parti revienne aux mains de seconds couteaux. Le gouvernement sait qu’ils sont nombreux ceux qui pensent au palais en se rasant chaque matin. Du coup, il suffit de leur donner les rênes d’un parti même en putréfaction, ils acceptent de miner la quiétude des militants sapant de la sorte l’Union des membres. C’est ainsi que le régime est arrivé à arracher de force la présidence de certains partis pour les opposants dociles et serviables. Le problème, c’est que la politique a ses règles qui sont simples : seul le terrain compte. Même avec tous les grades offerts, un général ne peut jamais gagner une bataille sans troupes. Mieux, comment devenir chef d’un village lorsque tu es contesté au sein même de ton quartier ? En pays Akan, un chef sans ses attributs royaux ne mérite pas le respect de ses sujets.
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