Désignation d’un chef de file de l’opposition –
Les ex-alliés d’Affi dénoncent un projet unilatéral du gouvernement:
« Quelle crédibilité détient un opposant choisi par celui à qui il doit s’opposer ? » (Déclaration)
Le mercredi 6 mars 2016, au cours de la session hebdomadaire du Conseil des Ministres, le Gouvernement a rendu publique sa décision d’introduire dans le projet de loi portant sur le statut de l’Opposition, des procédures visant à désigner un Chef de file de l’Opposition.
1990 a sonné le glas du parti unique et a mis un terme au sentiment largement répandu alors, que toute opposition ne pouvait être perçue que comme une hérésie. Depuis cette date, le paysage politique ivoirien s’est profondément modifié. Et c’est dans le cadre du Dialogue Politique, en 2013 qu’un avant-projet portant statut de l’opposition a été signé par tous les partis de l’opposition dont le FPI. Nulle part, il n’était mentionné la création d’un Chef de file.
Cependant, au cours d’un séminaire organisé par le NDI, l’idée d’un Chef de l’opposition a été avancée mais n’a pas été retenue par les participants.
Le CRED soutient l’existence d’un statut de l’opposition comme élément nécessaire à la consolidation d’une démocratie pluraliste. Un tel texte a le mérite de consigner l’ensemble des droits et devoirs, prérogatives et contraintes qui vont permettre à l’Opposition d’assumer les missions de contre-pouvoir et d’alternative qui sont les siennes.
La pomme de discorde vient de ce que le gouvernement a introduit dans ce projet de loi, des procédures de désignation d’un Chef de file qui nous semblent inappropriées et peu judicieuses.
Ainsi, contre l’avis de l’Opposition, il a été retenu la notion d’un Chef de file et il est stipulé en outre que ce sera le candidat ou le Chef de parti classé deuxième à la dernière élection présidentielle.
Cette démarche nous semble peu pertinente en ce qu’elle n’a pas envisagée qu’un candidat indépendant, sans appareil politique pourrait se trouver en 2ème position et devenir ainsi le Chef de file de l’Opposition. C’est pourquoi, de nombreux pays africains francophones ont choisi comme mode de désignation, la représentation nationale au Parlement. Devient Chef de l’Opposition, le leader du parti ayant le plus de députés pendant la législature. Cela a le mérite d’être clair, impersonnel et prend appui sur un critère objectif.
En effet, quelle crédibilité détient un opposant choisi par celui à qui il doit s’opposer ?
Cette question est celle que tous les Ivoiriens et les démocrates se posent.
C’est pourquoi, les partis membres du CRED :
– Dénoncent l’absence de consensus autour de ce texte qui les concerne en premier chef ainsi que les procédures de désignation d’un leader de l’Opposition qui, loin d’être porteuses de solutions et de progrès sont un frein à la démocratie et exacerbent les divisions.
– Demandent au gouvernement de sursoir à l’exécution de cette mesure et d’ouvrir de franches discussions au sein du CPD pour étudier ce projet de loi selon des critères objectifs.
– Appellent tous les partis politiques attachés à la démocratie et soucieux de participer à la véritable restauration du Pays, à s’engager avec détermination dans la bataille du référendum constitutionnel et de participer aux élections législatives pour ramener la paix et construire la réconciliation dans notre pays.
Fait à Abidjan le 9 avril 2016
Pour
L’Union Républicaine pour la Démocratie – URD
La Présidente
Danièle BONI-CLAVERIE
Pour
Le Rassemblement pour la Paix-RPP
Le Président
OUATTARA GNONZIE
Pour
Le Parti Ivoirien des Travailleurs – PIT
Le Président
Daniel AKA AHIZI
Pour
L’Union des Sociaux – Démocrates – USD
Le Président
Henri NIAVA
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