9 avril 1946 – 9 avril 2016. Demain, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), section du Rassemblement démocratique africain (RDA, qui n’existe plus) célébrera ses 70 ans d’existence. Une longévité qui fait de ce parti anti-colonial à sa création, le plus vieux sur le continent, après l’ANC de Nelson Mandela. Au moment où le parti sexagénaire s’apprête à célébrer cet anniversaire, se pose avec récurrence, la question de l’alternance et du parti (ré)unifié en 2020. A mon avis (et je peux me tromper), le vieux parti se met la pression pour rien.
Si j’étais le PDCI, je ne m’emmerderais pas avec ces histoires d’alternance et de parti (ré)unifié. Je m’explique. Et mon explication tient en une phrase : le RDR sans Alassane Ouattara n’est plus le RDR, or Alassane Ouattara sans le RDR reste Alassane Ouattara. Explication détaillée. En 2020, avant même l’ouverture des dossiers de candidatures à la présidentielle, le RDR sera un parti divisé en clans, se battant entre pro et anti-ex-rébellion, partisans et pourfendeurs de la « reconnaissance » ou de la dévolution filiale du flambeau.
En clair, le RDR n’échappera pas au destin commun des partis d’Etat ayant goûté au miel ensorcelant du pouvoir et portés par l’aura d’une forte personnalité. Le PDCI a connu sa guerre de succession après le décès d’Houphouët-Boigny en 1993. L’UDPCI a éclaté en différents camps après l’assassinat de Robert Guéi en 2002. Le FPI connait la plus profonde division de son histoire, depuis la chute de Laurent Gbagbo en 2011. Le RDR n’échappera pas à cette réalité politique implacable, les signes sont même patents.
Si j’étais le PDCI, je continuerais tranquillement à installer mes comités de base, à renforcer mes structures, et j’attendrais sereinement que mon principal allié au sein de la coalition, s’affaiblisse lui-même par une guerre de clans qu’il sera difficile de stopper (tant elle risque d’être plus violente que celles qu’ont connu les autres partis avant lui) et j’irais calmement mais sûrement y chercher des survivants résignés, qui seraient mes alliés dociles, sur les marches du pouvoir. Tout simplement parce que le rapport des forces aura changé de camp.
Mais voilà, je ne suis pas le PDCI et je n’aurai pas 70 ans demain…
André Silver Konan
Journaliste-écrivain
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