Côte-d’Ivoire: « Cadres RDR vous êtes méchants et inaccessibles» est loin d’être un flatus vocis…

deputes ivoiriens

Par Dr Sékou Oumar Diarra

«Vous êtes méchants et inaccessibles» – pourquoi cette phrase prononcée par des militants désabusés, est loin d’être un flatus vocis…

Évitons de semer la confusion dans les esprits. Lorsqu’on fait, parce que certainement habité par les démons du populisme, des promesses mirobolantes aux militants pendant qu’on est encore dans l’opposition, en leur demandant de tout sacrifier pour la conquête du Graal, une fois le pouvoir effectivement acquis, pour ne pas être taxé d’ingratitude ou d’immoralisme, il faut absolument honorer les engagements pris.

Tous, nous savons que l’obtention de ce pouvoir n’a pas été du jeu, une sinécure: beaucoup de morts, d’estropiés, de dégâts matériels sans omettre les pertes d’emplois, etc. Face à un tel tableau très peu reluisant, il convient de faire attention aux postures langagières et comportementales qu’on adopte. L’urgence en pareille circonstance, comme l’imposent les règles de la bienséance et l’ensemble des principes qui fondent l’humanité, c’est d’abord de chercher à panser les meurtrissures et non contribuer à leur donner des dimensions plus dantesques à travers des attitudes à la lisière de l’arrogance, des élans rébarbatifs arrosés de tartarinades et de rodomontades et des flots continus de mesures impopulaires frisant l’inhumanité.

Quand on est incapable de retourner l’ascenseur à ceux grâce à qui la royauté a été acquise, il ne faut pas, au moyen d’arrêtés vides de toute substance sociale ou socialisante, les enfoncer davantage dans les abysses de la misère. Trois exemples précis puisés du quotidien de l’Ivoirien, me permettent de fonder ma thèse : la fixation de tarifs prohibitifs à honorer pour avoir droit aux études supérieures disqualifiant beaucoup de nos jeunes frères sans moyen, pourtant, très intelligents, pour nombre d’entre eux ; la cascade de destructions de quartiers dits précaires sans dédommagement et accompagnement social qui a cours en ce moment, en majorité habités par la base du parti essentiellement constellée d’individus incapables de s’assurer deux repas par jour et la flambée démentielle et ascensionnelle des prix sur le marché. Je ne donne nullement dans la surenchère, je ne fais que restituer la réalité des faits qui peuvent être vérifiés sur le terrain. Ces pauvres militants qui ont servi de chair à canon pendant les périodes de braise et de plomb, parce que désabusés, sont parfaitement fondés à crier à la félonie et à réclamer leur part du gâteau, dans la mesure où, dès le commencement des choses, on leur a montré par des attitudes égoïstes et égocentriques, qu’il y avait effectivement un gâteau à partager. Tout est parti du sommet de l’État avec les nominations à hue et à dia de parents, frères, de nièces, d’oncles, de courtisans et tutti quanti, dès le matin inaugural de l’exercice effectif du pouvoir. En son temps, j’ai pondu un article de plusieurs pages publié par les sites d’informations connectionivoirienne.net et le banco.net, encore consultable dans les archives et sur ma page facebook pour dénoncer d’une plume vitriolée, ces manquements qui sèyent mal aux exigences de la démocratie et du républicanisme. Pour se donner bonne conscience, on m’a rétorqué que cela avait déjà été vu sous d’autres cieux ou sur d’autres continents en évoquant notamment le cas Chirac et sa fille. Mais, il convient de le reconnaître, c’était déjà un mauvais signal envoyé aux populations, en général, et aux militants se réclamant du RDR, en particulier.

La suite, on la connaît : dans tous les services où vous passez, le népotisme et ses succédanés ont pignon sur rue. Pour être promu à un poste à responsabilités, il faut être nécessairement coaché par un cacique ou être un parent de tel ou tel, sinon vous êtes réduits à inaugurer les chrysanthèmes dans la chaîne de commandement, malgré les talents et compétences indéniables que vous revendiquez. C’est un truisme.

Les concours, n’en parlons pas ! Pour figurer parmi les admis, il y a deux options : soit vous êtes parrainé par une personne influente du système ou alors il faut payer, quelquefois des sommes faramineuses. Là encore, il faut prier le Très Haut pour tomber sur la ‘’bonne personne’’, une ‘’personne morale’’. Sinon, dites adieu aux millions que vous aurez déboursés pour ne récolter que la désolation. Voici un peu l’état des lieux et je mets quiconque au défi de me prouver le contraire. Les faits sont plus que parlants. Payer les concours est devenu aujourd’hui la norme, au vu et au su de tous, au point où, cela fait désormais partie des principaux menus des échanges entre amis, dans les rues, les restaurants, les bars.

Dans un tel contexte fortement délétère, que devient le brillantissime enfant du pauvre militant tenu en lisière par la disette, se débrouillant avec une famille nombreuse dans une bicoque des infortunés quartiers de la commune d’Abobo, d’Attécoubé, d’Adjamé ou de Koumassi ? Donc, mettons sous le boisseau nos interprétations tendancieuses et essayons réellement de décoder ces nombreux cris de cœur que ces pauvres militants, grenadiers voltigeurs devant de l’Éternel selon les termes de feu Djéni Kobina, ne cessent d’émettre. À la vérité, ils ne demandent pas que le RDR et son chef leur versent des émoluments mensuels pour service rendu ou qu’ils recrutent leurs enfants à la pelle, à la fonction publique, sans concours. Loin s’en faut ! Ce qu’ils demandent, en toute humilité, c’est l’assainissement des concours organisés et des nominations afin que leurs rejetons qui constituent de véritables espoirs pour eux pour rompre définitivement avec la misère, puissent un jour compter au nombre des cadres de ce pays. Aussi demandent-t-ils d’être traités dans la dignité et l’honneur lorsqu’ils sollicitent des rencontres avec les cadres du parti et que cessent les humiliations et insolences qui leur sont quotidiennement servies. Je terminerai volontiers ma réflexion par cette phrase du père de la nation à méditer : « Le capitaine est certes le plus gros poisson du fleuve. Mais le capitaine hors du fleuve, n’est plus rien. Donc, moi, hors de mon peuple, je ne suis rien et je ne suis plus rien. » Cela dit, je ne veux nullement signifier que le bilan du Président de la République est affecté d’un coefficient de négativité. Beaucoup de réalisations effectuées, sont à saluer à leur juste valeur. Cependant, c’est le volet social qu’il faut encore reconsidérer qui, en mon sens, est encore à des années-lumière des attentes. Dieu nous garde !!!

Docteur Sékou Oumar DIARRA
E-mail: diarra.skououmar262@gmail.com

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