Côte-d’Ivoire Bouna – La royauté bel et bien au cœur du conflit, de bien tristes dessous politiques

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Camp de l’ONU photo France24

Gbansé Douadé Alexis avec SD pour Connectionivoirienne.net | 01.04.2016

Le conflit qui a opposé [ou qui oppose] Lobi, Peulhs, Koulango, Malinké et Burkinabè à Bouna est loin de livrer tous ses secrets tout comme on est loin du bilan définitif en termes de comptabilité macabre. Chaque jour, alors que les hostilités ont pris fin, le bilan des victimes varie à la hausse. Si de source préfectorale, on en était à 39 tués, et plus de 40 blessés, d’autres nouvelles en provenance de la localité annoncent des chiffres plus catastrophiques. Certaines sources évoquent plus d’une cinquantaine de morts, quand d’autres avancent une centaine de tués. Plus de 50 tués ou 100 tués, une certitude, les chiffres avancés par les autorités ne disent pas tout de la violence des affrontements mortels. En quelques jours seulement [du jeudi 24 mars au dimanche 27 mars 2016], la dérive guerrière a occasionné plusieurs dizaines de morts.

Le peuple Koulango y aura payé un lourd tribut face aux dozos lobis qui trouvaient là l’occasion d’assouvir une vengeance longtemps latente.

Beaucoup reste à dire sur ce conflit. Mais, selon des confidences d’un connaisseur de la région, qui y était et qui a recueilli des témoignages, tous les arguments avancés officiellement et qui tendent à faire croire en un banal problème agriculteurs/éleveurs, ne sont que fallacieux.

Sa Majesté Djarakoroni II (à gauche), roi de Bouna
Sa Majesté Djarakoroni II (à gauche), roi de Bouna

Le conflit tient d’un vieil antagonisme Lobi-Koulango à relents sociopolitiques. Ainsi que le publiait Connectionivoirienne.net il y a quelques jours, la royauté est au cœur du conflit. La question peulh, cause immédiate évoquée, n’est qu’un prétexte. En réalité, les peulhs ont pour tuteurs les Koulango selon les us et contumes  locales. Toucher à l’un d’eux, c’est toucher à leurs tuteurs. A Bouna, relate notre informateur, les Koulango minoritaires exercent la royauté depuis des lustres et les Lobi qui ne veulent être sous la domination de cette monarchie Koulango réclament, depuis le siège royal. Une revendication jugée irrecevable chez la minorité Koulango détentrice du siège de la Royauté avec celui qu’on appelle là-bas, le Bouna Massa.

En clair voici comment notre source présente les faits : « C’est un problème politique et d’honneur bafoué. Les lobi ne se soumettent pas à l’autorité du roi des Koulango qui sont les propriétaires terriens. Les Lobi sont majoritaires, ont les plus grands cadres et tous les élus. Ils se foutent des Koulango et veulent se choisir un Roi. Chose que les Koulango ne veulent jamais accepter même au prix de leur sang. Les peulhs ne sont qu’un prétexte. Les deux communautés se guettaient et se préparaient à la guerre pour s’imposer l’une à l’autre. Il y a eu au moins 10 mauritaniens tués, de nombreux burkinabé. La nièce du roi vivant dans la cour familiale du roi à été abattue froidement. Je te dis que le nombre de morts pourrait atteindre les 100. Le roi à dû être sécurisé d’urgence. Seuls les Lobi étaient armés
contre les Koulango, Malinké et Dioula. Plus tard il y a eu les affrontements entre les Lobis et les Forces de l’ordre
».

De fait, avance notre informateur, les Lobi sont majoritairement Rdr et les Koulango jugés proches de l’opposition. Les Lobi les considèrent même comme des pro-Gbagbo.

Ainsi les Lobi estiment aujourd’hui que le temps de leur suprématie est venu avec le pouvoir Ouattara dans lequel ils comptent bien des hauts cadres contrairement au peuple Koulango. L’on comprend dès lors pourquoi, le député Dah Sansan a échappé à un guet-apens tendu par les Koulango, alors qu’il avait rendez-vous avec le roi en sa résidence. Sa voiture a été mitraillée et incendiée. De même les femmes Koulango ont crié leur colère et leur indignation au ministre Hamed Bakayoko et contre la télévision nationale qu’elles accusaient d’avoir donné dans la désinformation sur le conflit.

Dans cette affaire, les Burkinabé qui, dit-on, ont prêté main forte aux Lobi dont ils sont sociologiquement et historiquement proches, ont aussi subi le courroux des propriétaires terriens Koulango. Par centaines, ils ont dû fuir la région pour se retrouver sur leur terre d’origine du Burkina Faso, à quelques 80 km de Bouna.

GDA avec SD

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