Par Serge Alain Koffi
“Depuis l’attaque de Bassam, j’évite désormais autant que possible les grands restaurants, les supermarchés et les hôtels de luxe’’, affirme Patricia Konan, ivoirienne, habitante du quartier chic de Cocody (à l’est d’Abidjan).
Comme cette habituée des grandes surfaces, de nombreux abidjanais disent désormais se méfier de ces endroits généralement fréquentés par les occidentaux et qui sont bien souvent, selon le mode opératoire des djihadistes, les cibles privilégiées des attaques terroristes.
La hantise de ces endroits dans la capitale économique ivoirienne s’est davantage accrue depuis l’attaque le 13 mars d’une plage de Bassam (ville balnéaire à 43 Km à l’est d’Abidjan) par un commando armé qui a fait un bilan officiel de 19 victimes dont quatre Français, une Allemande, une Macédonienne.
Cette attaque revendiquée par Al Qaida au Maghreb Islamique (Aqmi) est le premier attentat de ce type en Côte d’Ivoire.
Le 14 mars, au lendemain de l’attaque, le gouvernement ivoirien a annoncé le renforcement de la sécurité autour des « sites stratégiques » notamment les « écoles, ambassades, sièges d’organisations internationales et les résidences de chefs de mission diplomatique », situés pour la plupart à Cocody.
Un dispositif sécuritaire qui en plus d’être “invisible’’, selon Aristide Dadié, autre habitant de Cocody, ne lui “inspire pas confiance’’.
La raison ? “Le gouvernement avait juré la main sur le cœur qu’il n’y avait pas de menace djihadiste en Côte d’Ivoire. Et pourtant nous avons été frappé’’, peste-t-il.
La méfiance de ces abidjanais est réelle, d’autant plus que dans son communiqué de revendication de l’attentat de Bassam, Aqmi a demandé “aux musulmans de s’éloigner des endroits fréquentés par les Occidentaux, pour ne pas être touchés lors d’une prochaine attaque’’.
A Port-bouet (au sud d’Abidjan), Jean-Pierre Zongo, artiste-peintre, juge « difficile de retourner sur la plage ou dans les restaurants fréquentés par les européens ».
Pour lui, “il faudrait un bon moment avant de repartir’’ dans ces endroits car l’attaque “est marquée dans les mémoires ».
« On ne sait jamais » quand pourrait survenir une autre attaque, conclu le jeune burkinabè.
“Je fais désormais mes achats à la boutique tenue par le mauritanien du quartier’’, glisse avec un brin d’humour, Guillaume Adou, habitant de Marcory (au sud d’Abidjan).
En dépit des quatre hypermachés (Cap Sud, Prima Center, Orca et Playce) que compte la commune, considérée comme l’une des principales zones commerciales de la capitale économique ivoirienne, cet agent de banque préfère désormais faire ses achats non loin de chez lui.
“A la boutique, je ne cours pas le risque d’être tué par ces fous de Dieu’’, explique-t-il.
Yopougon n’est pas le premier choix de lieu de résidence des Européens à Abidjan. Mais certains habitants de ce quartier populaire à l’ouest de la capitale économique ivoirienne se disent eux aussi méfiants.
« Quand j’entends les petits bruits je sursaute ce qui fait que maintenant je ne vais plus dans les endroits où il y a du monde surtout où il y a des blancs », explique la jeune élève Safiatou Diallo.
« On ne sait jamais quand ils vont frapper encore », ajoute-t-elle.
Surtout que le groupe terroriste a assuré que l’attaque de Bassam est “un avertissement pour la Côte d’Ivoire’’.
SKO
Alerte info/Connectionivoirienne.net
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