Les journaux ivoiriens ont relevé quelques perles égrainées par Nicolas Sarkozy lors de son passage express en Côte d’Ivoire à la suite de l’attaque “djihadiste” à Grand-Bassam. Je viens de les relire, et j’en ai la nausée. En 2010, en Côte d’Ivoire, « la France n’avait pas de candidat. C’est à la demande des nations unies que la France est intervenues pour détruire les armes » (…) « La France n’a pas vocation à s’ingérer dans les affaires intérieures des autres » (…) D’ailleurs le chef de file des Républicains pense que la Côte d’Ivoire a été attaquée parce que c’est un symbole de démocratie et de développement. (…) « C’est le succès de l’Afrique qui fera reculer le cancer djihadiste ». « l’Afrique et l’Europe vont relever ce défi ensemble » (…) Celui qui en mars/avril 2011 a fait bombarder l’usine de la Sotra pour obliger la Côte d’Ivoire d’importer ses bus, ose dire à Abidjan: « ça ne suffit pas d’avoir 8 à 10 % de taux de croissance, il faut faire en sorte que le développement soit moins dépendant de l’exportation » !!!
Quelques phrases assassines encore, de quoi vous écœurer durablement, tellement c’est abject :« Il faut tourner la page du compassionnel pour aller vers d’autres stratégies. Nous devons changer d’ambition et de stratégie. Le secteur privé doit générer des emplois (…) je souhaite que la politique française en Afrique soit le développement » (…) « nous, la France, nous avons fait de grandes choses, mais nous avons commis des erreurs. Le passé, c’est du passé. Ce qui compte, c’est l’avenir »
Et pourtant, je devrais me réjouir, parce que depuis ce matin, Nicolas Sarkozy, alias Paul Bismuth est de nouveau replongé dans une affaire qui risque de mettre à mal son avenir politique. En effet, la Cour de cassation vient de valider les écoutes de Nicolas Sarkozy en marge de l’affaire Bettencourt : il est de nouveau redevenu justiciable. Mais cet homme est d’un cynisme effrayant. Comme beaucoup d’hommes politiques, il est avocat d’affaire, il sait bien comment contourner la justice et gagner du temps en ralentissant les procédures. Dans notre monde corrompu, il est presque impératif que les hommes politiques pour percer et s’imposer soient avocats. Ils pourront être encore plus retord que les retords qui les ennuient ! « Nous, la France, nous avons fait de grandes choses, mais nous avons commis des erreurs. Le passé, c’est du passé. Ce qui compte, c’est l’avenir ». Les victimes passées, présentes et à l’avenir compromis en Côte d’Ivoire seront heureuses de ce « nous la France » qui avons juste commis des erreurs; pas des fautes, pas des crimes, des erreurs ! C’est « nous, les Français », pas lui tout seul ! Comme s’il s’était soucié d’expliquer à ses concitoyens les vrais enjeux de la Françafrique et de l’assassinat de Khadhafi! Que nenni, son discours n’a pas dépassé le stade infantile de l’évocation des méchants dictateurs qui s’accrochent à leur siège, qu’il faut éradiquer afin de voler à coup de bombes au secours de leurs citoyens !
Mais ne nous attardons pas sur les 200 victimes jamais retrouvées du chef libyen, et qu’il a si bien vengées en offrant à Moloch deux cent mille victimes. Comme il l’a dit, « tournons la page du compassionnel « . Parce que Sarkozy aime tourner les pages. Il marche sur des ruines fumantes, sans état d’âme, persuadé que d’elles sortiront des royaumes émergents où la justice de la CPI fleurira comme un jardin d’Eden. Encore un de ces « grands du monde » à l’humanité rétrécie, qui ne sent même plus son cœur battre au dedans de lui, tellement il est pétrifié. Quelques heures après les attentats de Bruxelles, il écrivait « Face à l’effroi des attentats terroristes meurtriers qui viennent de frapper la Belgique, sa capitale et le peuple belge, je veux exprimer ma solidarité et rappeler tout mon soutien aux autorités gouvernementales belges qui font face à une attaque coordonnée d’une grande ampleur. Mes pensées vont aux victimes, à leurs proches et à leurs familles. Après la France, la Belgique est directement ciblée. Nos démocraties doivent faire face à une menace intérieure et extérieure qui n’a jamais été si élevée. Dans ces circonstances tragiques, nos dispositifs de sécurité doivent être adaptés et nos partenariats de renseignement renforcés. C’est un impératif absolu. -NS »
Cet impératif de l’actualité vient à point nommé pour appliquer une voile d’ombre rafraichissante sur son passé de délinquant en col blanc avéré. Grâce à la tragédie belge, il ne fera pas la une du journal télévisé ce soir !
Pour finir, je vous avouerai que j’ai un gros problème avec sa signature « NS ». Dans le catholicisme, ce sigle bien souvent, -et c’est comme cela que je le lis à chaque fois que je le rencontre-, désigne « Notre Seigneur ». Cette appellation accolée au nom de l’ancien président, m’insupporte au plus haut point. C’est subjectif, me direz vous; moi je ne peux m’y soustraire. Mon livre de chevet a été pendant de longues années « l’Imitation de Jésus-Christ », ce petit chef d’œuvre de piété du Moyen-Age où justement NS est à l’honneur, le vrai, le droit, le juste, le compatissant, le dévoué, l’ami, le consolateur. Pas celui qui a repris les même initiales et qui ressemble d’avantage à son sosie d’en-bas, sa copie/version dévoyée, celle du mal, de celui qui divise, déchire et qui semble avoir définitivement accroché son âme au vestiaire. Mais il est vrai que Seigneur et Satan commencent aussi par la même lettre…
Shlomit Abel, 22 mars 2016
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