Les attentats sont-ils la nouvelle norme en Côte d’Ivoire ?
L’attentat qui a fait 16 morts dimanche 13 mars dans une station balnéaire de Côte d’Ivoire a été effroyable et brutal, mais pas totalement inattendu.
Des experts en sécurité avaient averti qu’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) représentait une menace croissante en dehors de son traditionnel bastion du nord du Mali. Le mouvement et son allié Al-Mourabitoun ont revendiqué les attaques qui ont fait 30 morts à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, en janvier et 21 morts à Bamako, la capitale malienne, en novembre.
Dans un rapport détaillé publié le mois dernier, IRIN a constaté que les deux attentats marquaient probablement le début d’une tendance qui pourrait se poursuivre en 2016.
Selon William Assanvo, de l’Institut d’études de sécurité, un groupe de réflexion sudafricain, les autorités ivoiriennes étaient conscientes de cette menace et avaient déjà récemment évité plusieurs attentats. Mais il y a des limites à ce qu’elles peuvent faire pour éviter des attaques qui ne nécessitent pas de planification très élaborée et sont relativement faciles à exécuter.
« On ne peut pas avoir des agents de sécurité partout et tout le temps », a-t-il dit par téléphone depuis Dakar, la capitale du Sénégal.
Dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux en arabe, en espagnol, en français et en anglais, AQMI a déclaré que trois de ses membres avaient « réussi à prendre d’assaut la station balnéaire » de Grand-Bassam, dans le sud-est de la Côte d’Ivoire, a signalé le SITE Intelligence Group, observateurs des mouvements extrémistes.
Selon le gouvernement ivoirien, six hommes armés ont tué 14 civils et deux soldats dans cette station balnéaire populaire, patrimoine mondial de l’UNESCO, située à environ 40 kilomètres à l’est d’Abidjan, capitale commerciale et plus grande ville du pays. Les États-Unis et la France ont proposé leur aide pour l’enquête policière.
Selon M. Assanvo, la meilleure manière d’éviter de nouveaux attentats serait d’améliorer les pratiques de renseignement. Il a averti que des attaques similaires allaient probablement se reproduire dans la région, car AQMI cherche à étendre son influence au-delà du nord du Mali.
« La menace est maintenant permanente », a-t-il dit.
Voici les principaux points à retenir de l’analyse faite par IRIN de la récente expansion d’AQMI et de ses alliés en Afrique de l’Ouest :
Les mouvements extrémistes travaillent main dans la main. L’attentat au Burkina Faso a été perpétré par un groupe appelé Al-Mourabitoun, qui a prêté allégeance à AQMI.
AQMI a changé de tactique. Plutôt que de tenter de garder la mainmise sur les territoires conquis au Mali, le groupe cherche à faire étalage de sa force dans toute la région et attaque les pays collaborant avec l’Occident, notamment les États-Unis et la France, qui interviennent militairement en Afrique de l’Ouest. La Côte d’Ivoire est un puissant allié de la France et accueille une base logistique de l’armée française.
AQMI trouve son origine dans une insurrection contre l’armée algérienne qui, soutenue par la France, avait annulé la victoire électorale du Front islamique du salut en 1992. Les extrémistes s’étaient par la suite réfugiés dans le nord du Mali, où le gouvernement n’avait que peu de contrôle.
Outre le recours à une interprétation extrémiste de l’Islam pour motiver ses recrues, AQMI puise dans le mécontentement de la population locale pauvre, pleine de ressentiment envers les leaders politiques riches et corrompus et méfiante envers les pays occidentaux.
Les dirigeants de la Mauritanie, du Mali, du Niger, du Tchad et du Burkina Faso ont formé le G5, une organisation régionale visant à renforcer la coopération en matière de développement et de sécurité dans le Sahel. Mais on leur a reproché de privilégier la sécurité des frontières plutôt que les services sociaux, dont l’absence alimenterait l’extrémisme.
jf/ha-ld/amz
IRIN
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