« Je suis traumatisée et j’ai peur », a affirmé lundi Charlotte Caudia (41 ans), une jeune mère, vendeuse de boissons gazeuses, au lendemain d’une attaque armée d’une plage de Grand-Bassam (43 Km au Sud d’Abidjan), ayant causé le décès de 21 personnes selon les autorités ivoiriennes.
Charlotte, qui d’ordinaire vend de l’eau, de la sucrerie à la plage, à « Chelsea Beach », sous un hangar, juge bon d’attendre un retour à la normalité avant de relancer son petit commerce, activité qu’elle mène pour subvenir aux besoins de sa famille.
A l’arrivée des assaillants, « je me suis couchée avec mes quatre enfants, il y a un monsieur derrière nous qui a demandé à tout le monde de se lever pour nous mettre » en un lieu sûr. Grâce à lui, « nous avons eu la vie sauve », raconte-t-elle.
Dès que « nous nous sommes déplacés », un tireur vêtu de treillis noir et le visage encagoulé, « est venu et a pointé une arme sur un jeune homme, devant moi et a tiré » à bout portant avec une kalachnikov, dit-elle, stupéfiante.
« J’ai pris mes deux enfants, leur grand frère a attrapé deux autres, et mon mari est venu nous aider », ajoute Charlotte, qui regarde les yeux hagards les images des attaques sur des journaux, accrochés dans un kiosque.
Surveillance sécuritaire
La ville de Grand-Bassam, ancienne capitale de la Côte d’Ivoire, et patrimoine mondial de l’Unesco, est sous haute surveillance militaire depuis l’assaut lancé dimanche entre 12H30 et 13H00 GM (heure locale), heure du déjeuner dans les réceptifs hôteliers.
Lundi, plusieurs cargos de l’armée ivoirienne étaient visibles dans la cité, où les activités et le trafic ont repris timidement, mais les écoles et lycées restaient fermés. Des forces de l’ordre étaient toutefois déployées devant des réceptifs hôteliers.
Dans leur fuite, les assaillants ont abandonné des engins explosifs dont deux laissés près du complexe hôtelier Etoile du Sud, ont été désactivés par des forces spéciales de la gendarmerie nationale.
« On est là dans l’impasse », lance un enseignant non loin de la plage, qui s’inquiète que les présumés tueurs n’aient pas été identifiés après la mise à mort de certains des leurs par les forces spéciales de l’armée selon les autorités.
Deux Touaregs, à bord d’un véhicule, et qui allaient dans la direction de la plage, ont été interpellés par les forces de l’ordre, confie Christian, un serveur, qui raconte que les tirs ont commencé à la Taverne, un autre réceptif hôtelier en bordure de mer.
Des soupçons d’infiltration
Selon des agents hôteliers, l’ambassadeur des Etats-Unis et de la Suisse, étaient attendus à l’hôtel Etoile du Sud, l’une des cibles des tireurs. Mais, l’attaque armée a empêché ces diplomates de s’y rendre.
Ces inconnus armés avaient cette information, mais à « défaut d’attaquer des officiels, ils se sont rabattus sur les populations innocentes », estime un habitant, relevant que des tracts ont été distribués des jours avant l’attaque.
Dans le quartier France, théâtre des tueries, des habitants craignent encore un retour des assaillants. Les « djihadistes », venus à bord d’un véhicule de type 4X4 à vitres teintés, exploraient le secteur avant l’attaque, affirme un jeune de la trentaine, qui a requis l’anonymat.
Des individus portant de fortes barbes et vêtus de blanc, ont été également aperçus vers l’embouchure, il y a environ quatre semaines, selon un autre habitant, venu échanger avec le patron d’un réceptif, au quartier France.
Ces personnes, habillées « en tunique avaient le visage bizarre », rapporte-t-il d’un air craintif. Pour lui, une présence continue des forces de l’ordre pourrait dissuader ces inconnus, qui détenaient par ailleurs des armes « lourdes ».
Quelque 380 Français résidents à Bassam
La majorité des patrons des complexes hôteliers de Grand-Bassam sont de la « bourgeoisie » française, confie le gérant d’un réceptif, situé près d’une voie passante.
Pour Christian, l’un de ses amis, cette attaque va faire fuir les investisseurs, déjà que la situation financière est difficile.
En période de fortes affluences, cet homme de la quarantaine, vient offrir ses services en tant que serveur. « Nous avons aidé à évacuer » des Européens et des Américains, dit-il.
« Quatre Français sont morts dans l’attaque de Grand-Bassam », indique l’Elysée. Hormis trois « terroristes » tués selon les officiels ivoiriens, des victimes de nationalité Burkinabè, malienne, allemande et camerounaise, ont été identifiées.
Le gouvernement ivoirien a annoncé lundi 18 décès dont 15 civils et trois éléments des forces spéciales, soulignant que trois « terroristes » ont été abattus contre six précédemment, selon un nouveau Bilan.
PAL
Par Patrice ALLEGBE
Alerte info/Connectionivoirienne.net
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