Au moins deux morts en Côte-d’Ivoire dans un affrontement entre militaires et populations dans l’Est

Assuefri

Deux personnes ont été tuées et deux autres portées disparues dans un affrontement à Assuéfry, dans le département de Transua (nord-est), entre des militaires et des jeunes qui tentaient de convoyer illicitement lundi soir une cargaison de noix de cajou au Ghana voisin, a-t-on appris mardi auprès de l’autorité préfectorale locale.

« Nous confirmons qu’il y a eu deux morts et deux disparus et nous sommes en train de faire les recherches pour les retrouver », a affirmé le préfet de Transua, Gossan Aka, joint au téléphone.

« A l’origine de ce malheureux incident, une affaire d’anacarde », a fait savoir le préfet qui ajoute qu' »un blessé grave » a été évacué au centre hospitalier de Bondoukou, le chef-lieu de région (420 km d’Abidjan).

Le drame s’est produit après que des éléments du Bataillon de sécurisation de l’Est (BSE) des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) eurent intercepté un camion transportant une cargaison d’environ 10 tonnes de noix de cajou que des trafiquants tentaient de faire passer frauduleusement au Ghana.

« Nous étions en train de faire convoyer le véhicule et le produit saisis vers notre base à Bondoukou quand, aux environs de 19 h (locale et GMT), nous avons été pris à partie par une foule de jeunes déchaînés », a expliqué le commandant du BSE, le colonel Soro.

L’exportation illicite de noix de cajou de la Côte d’Ivoire, premier producteur mondial, vers le Ghana voisin est monnaie courante dans les départements de Bondoukou et de Transua.

La région est non seulement l’une des plus importantes zone de production de l’anacarde en Côte d’Ivoire, mais également la plus grande porte de sortie frauduleuse des noix de cajou.

Au moins 15.000 tonnes de produits frauduleux ont été saisis à la frontière entre la côte d’Ivoire et le Ghana moins de deux mois après l’ouverture de la campagne de commercialisation de la noix de cajou le 10 février.

Dans la nuit de vendredi, une saisie de plus de 10.000 tonnes a été opérée par l’armée ivoirienne dans les départements de Bondoukou et de Transua.

Le gouvernement ivoirien est en guerre contre la fuite de la production de noix de cajou qui a atteint un record de plus de 100.000 tonnes, représentant en 2012 le quart de la production nationale estimée à l’époque à 450.000 tonnes.

Le phénomène s’explique par un prix plus rémunérateur et le coût du transport nettement moins cher au Ghana.

« Le paysan qui achemine sa production vers le port d’Abidjan dépense 600.000 francs CFA au titre du transport contre 150.000 francs pour le paysan qui vend sa production au Ghana où le kilo de noix de cajou varie entre 400 et 500 francs CFA contre 250 à 350 francs CFA à Abidjan », explique un spécialiste de la filière.

Pour la campagne en cours, le gouvernement a annoncé un « prix plancher obligatoire » d’achat aux producteurs de 350 F CFA (0,7 USD) le kilogramme contre 275 FCFA (0,55 USD) lors de la précédente campagne.

La production ivoirienne de noix de cajou est passée de 565.000 tonnes en 2014 à 702.000 tonnes en 2015, faisant de la Côte d’Ivoire le premier producteur mondial de cajou devant l’Inde (650.000 tonnes, 22% de la production mondiale) et le Vietnam (325.000 tonnes, 11%).

La production exportée sous forme de noix brute vers l’Inde (95%) et le Vietnam (5%) est le fait de petits planteurs (environ 250.000) dans une dizaine de régions principalement dans le nord et le centre du pays.

Xinhua

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