Aucune réconciliation en Côte-d’Ivoire sans repentance

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Un billet d’opinion d’Abraham Kouassi publié par Ivoirejustice.net

La réconciliation, tant psalmodiée depuis plusieurs années en Côte d’Ivoire, ne sera effective qu’après que tous les protagonistes des crises se soient repentis de leurs fautes.

« Nous n’avons rien fait. Tout est de leur faute ». Cette phrase est sans doute la plus prononcée ou pensée par les partisans des différentes chapelles politiques en Côte d’Ivoire. C’est à croire que les 3000 morts de la crise post-électorale cherchent toujours « preneurs » à moins que ces hommes et ces femmes se soient suicidés en masse.

Près de 5 ans après la fin de la crise post-électorale, force est de reconnaitre qu’aucun des deux camps n’a véritablement demandé pardon à la Côte d’Ivoire pour ces moments d’épouvante qui portent pourtant leurs marques. Au contraire, on ne fait que prolonger la crise en se renvoyant mutuellement la responsabilité de cette crise.

On brandit Abobo pour les uns et Duékoué pour les autres. Quand un témoin supposé de tel camp ou de tel autre s’exprime, il est immédiatement taxé de corrompu. Depuis les directions des partis politiques jusque dans les maisons les plus reculées, le doigt accusateur est toujours pointé sur l’autre. Oubliant que la guerre se fait au moins à deux, les Ivoiriens se sont murés dans une sorte de refus de se repentir.

Des victimes non considérées

Les opposants d’aujourd’hui n’ont pas changé de comportement quand ils se retrouvent à la barre dans les procès consacrés à la crise post-électorale. Si ce n’est par un sourire que Laurent Gbagbo répond aux accusations portées contre lui par un témoin à la Cour pénale internationale (CPI), c’est par des insinuations, limite insultantes pour les victimes, que ses anciens ministres répondent aux questions à la barre.

Du côté du pouvoir, on semble se consacrer à un « tri » des victimes. Ne sont « vraies et bonnes victimes » que celles supposées proches d’Alassane Ouattara. Et ce, malgré le fait que la Commission nationale d’enquête, mandatée par ce même pouvoir, ait attribué 544 victimes de la crise aux forces proches de l’actuel régime. Pour eux, pas un mot, aucune enquête.

Si, plusieurs années après, la réconciliation a du mal à se matérialiser, c’est certainement en, grande partie, le fait de cette absence de repenti de part et d’autre des protagonistes. Déjà mutilées ou décédées, les victimes ne doivent pas être méprisées, oubliées, ignorées comme c’est malheureusement le cas actuellement. Aucun bien matériel ne pourra faire revenir un membre ou un être cher à ces personnes. Mais, une reconnaissance de leurs drames par leurs bourreaux et la nation entière devrait sans aucun problème leur apporter un peu plus de chaleur.

Tout commence par le pardon

Au lieu de s’égosiller devant la Cour pour expliquer par tous les moyens possibles qu’ils sont des hommes de paix, Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé devraient commencer par demander sincèrement pardon aux victimes de cette crise. Il en va de même pour Alassane Ouattara qui a en plus la chance d’être aux commandes de la Côte d’Ivoire. Ils en seraient tous fortement grandis.

La réconciliation pour la Côte d’Ivoire ne passera jamais par La Haye où le palais de justice d’Abidjan. Elle sera effective après un sincère repenti de tous les Ivoiriens pour le mal qu’ils ont pu se faire à eux-mêmes ainsi qu’à leur pays. Sans cela, on ne ferait que couver tranquillement les germes d’une autre crise. Il est donc impérieux pour tous les acteurs de faire amende honorable. Car, comme on le dit : « faute avouée est à moitié pardonnée ».

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