Par Manuella Yapi
Les détenus armés ayant échangé des tirs samedi avec des gardes pénitentiaires à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (MACA), faisant une dizaine de morts et plus d’une vingtaine de blessés, ont « bénéficié de connivences au sein de la prison » et « peut-être » dans « l’administration de tutelle », selon une note de Liberté et démocratie pour la République (LIDER).
« Si les prisonniers se trouvent en possession de kalachnikovs à l’intérieur de la Maca (…) il est évident (qu’ils) ont bénéficié de connivences au sein de la prison et peut-être même au sein de l’administration de tutelle », stipule la note signée du délégué national à la justice et à l’état de droit, Arnaud Gohi.
Les « événements violents » qui se sont déroulés ne sont « pas une surprise » selon Lider qui a par ailleurs dénoncé la « gestion catastrophique de l’appareil pénitentiaire » et regretté « l’incapacité du gouvernement à traiter convenablement les problèmes sociaux ».
« L’aspect correctif » de la Maca n’ « apparaît pas comme une réalité », a relevé M. Gohi au nom de son parti, ajoutant que « le système carcéral ivoirien ne sait pas quoi faire des prisonniers, à part les garder perpétuellement dans des locaux mal entretenus », alors qu’il devrait « les préparer à la réinsertion à la vie sociale ».
Samedi, des détenus qui s’opposaient au renforcement du système sécuritaire ont échangé des tirs pendant plusieurs heures avec des gardes pénitentiaires, soutenus par les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI).
Le bilan officiel fait état de dix morts dont un célèbre détenu qui régnait en maître à la Maca, Yacou le chinois, et 21 blessés.
MYA
Alerte info/Connectionivoirienne.net
Communiqué LIDER relatif à la mutinerie à la Maca
LIDER | Communiqué 027/DNJED/DN/AG du 23 février 2016
Dans la matinée du samedi 20 février 2016, des échanges de tirs entre gardes pénitentiaires et prisonniers ont eu lieu à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca), qui ont causé la mort de 10 personnes (dont un agent pénitentiaire) et 21 blessés, aussi bien du côté des détenus que de celui des forces de l’ordre. La Fidhop (fondation ivoirienne pour les droits de l’homme et la politique) quant à elle, fait état «d’au moins 20 prisonniers tués, d’une cinquantaine de blessés sérieux, transférés à l’infirmerie de la prison, mais qui demeurent sans soins ni assistance».
C’est avec stupéfaction que nous avons entendu le procureur général près la cour d’Appel d’Abidjan déclarer: «Des détenus avec à leur tête Coulibaly Yacouba alias Yacou le Chinois qui portaient en main une arme de type AK47 Kalachnikov et une autre en bandoulière (…) ont tiré des coups de feu en direction des agents pénitentiaires (…) les agents pénitentiaires ayant été rapidement débordés, il a été fait appel à des renforts notamment la police et la gendarmerie nationale».
LIDER regrette ces événements violents, qui ne sont cependant pas une surprise au regard de la surpopulation carcérale, du mauvais entretien des structures et des dysfonctionnements profonds confirmés par les propos du procureur.
D’où viennent les armes détenues par les prisonniers ? Si les prisonniers se trouvent en possession de kalachnikovs à l’intérieur de la Maca, alors qu’en temps normal on ne devrait même pas pouvoir y trouver une simple lime à ongle, il est évident que Yacou le Chinois et ses hommes ont bénéficié de connivences au sein de la prison et peut-être même au sein de l’administration de tutelle.
LIDER condamne fermement l’insécurité qui règne dans nos prisons et réclame qu’une enquête diligente soit menée, que toute la lumière soit faite et portée à l’attention du public, que les responsabilités soient situées et que les complices, quels qu’ils soient, soient traduits en justice et condamnés avec toute la rigueur de la loi.
D’autre part, s’il est évident pour LIDER que les habitants de la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan sont à l’arrêt, l’aspect correctif quant à lui ne nous apparait pas comme une réalité. LIDER constate que le système carcéral ivoirien ne sait pas quoi faire des prisonniers, à part les garder perpétuellement dans des locaux mal entretenus. La correction devrait pourtant les préparer à la réinsertion à la vie sociale.
Pour LIDER, les prisonniers de droit commun doivent travailler. Leur séjour en prison doit leur permettre d’apprendre à faire autre chose que nuire à la population. Ils doivent effectuer un travail utile (culture de champs, nettoyage de caniveaux et de poubelles, balayage des rues, défrichage des brousses…), sous la surveillance des gardes pénitentiaires. Le travail des prisonniers doit être valorisé, une petite partie retenue pour le détenu, qui lui sera remise à sa sortie, l’autre part revenant à l’administration pour l’entretien des locaux et la construction d’infrastructures nécessaires à la rééducation des incarcérés (bibliothèques, salles d’instruction, salles de travail).
LIDER dénonce la gestion catastrophique de l’appareil pénitentiaire, regrette l’incapacité du gouvernement à traiter convenablement les problèmes sociaux, appelle les populations à rester vigilantes en ce qui concerne leur sécurité et décide de demeurer saisi de la question.
Fait à Abidjan le 23 février 2016
Pour Liberté et Démocratie pour la République
Signé : Arnaud Gohi
Délégué National à la justice et à l’état de droit de LIDER
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