L’institution esclavagiste qu’est la CPI veut défigurer la Côte d’Ivoire
Par Docteur PRAO Yao Séraphin
« Le néocolonialisme n’est autre qu’une destruction lente et progressive de l’émancipation des peuples » (Souleymane Boel)
Un bref historique de l’esclavage
Les noirs ont connu l’esclavage et la colonisation. Entre le 15e et le 19e siècle eut lieu un événement qui marqua l’histoire de l’humanité : » La traite des Noirs « . A cette époque, les grands pays désireux de s’approprier davantage de territoires et de richesses, ont mis en branle des expéditions visant à découvrir de nouvelles terres à exploiter. Pour ce faire, ces pays vont envoyer des colons pour peupler les nouvelles colonies européennes d’Amérique. Les colons avaient le mandat d’exploiter ces nouvelles terres étrangères et d’en tirer des ressources naturelles (or, argent, café, sucre, coton), qui allaient permettre d’enrichir l’Europe. Mais pour conduire les travaux, les Européens forcèrent les autochtones à travailler pour eux. Ces autochtones n’étaient pas habitués à des conditions de travail aussi intenses et difficiles. Ils ont rapidement tous été exterminés, principalement tués au travail, les conditions étant trop dures. Plusieurs ont aussi succombé à des maladies amenées d’Europe par les colonisateurs et contre lesquelles les autochtones n’avaient aucune défense. Quand il ne resta plus d’autochtones, les colonisateurs se tournèrent vers l’Afrique. Ils y trouvèrent des hommes forts qu’ils embarquèrent de force sur des bateaux appelés » négriers « . Ces Africains se retrouvèrent dans plusieurs régions de l’Amérique : les États-Unis, les îles des Antilles, le Brésil, etc. Ces Africains provenaient essentiellement de Gambie, du Sénégal, du Libéria, de la Sierra Leone, de la Guinée, de la Côte-d’Ivoire, du Ghana, du Togo, du Dahomey et du Nigéria.
Une fois arrivés en Amérique, les esclaves étaient littéralement vendus à des propriétaires qui avaient tous les droits sur ces esclaves. Le propriétaire n’était pas obligé de nourrir suffisamment son esclave et pouvait le faire travailler autant qu’il le voulait, le battre, le mutiler, le fouetter ou même, le tuer. L’esclave était un bien, une propriété; il ne bénéficiait donc d’aucun droit. À cette époque, les Européens amenèrent entre 10 et 12 millions d’esclaves africains en Amérique, par bateau. Cet événement a marqué de façon particulière le cours de l’histoire sur tout le continent américain.
Le néocolonialisme et la menace de la CPI
L’impérialisme est une doctrine qui préconise la domination politique et économique des Etats les plus forts sur ceux techniquement faibles trop en retard ou trop divisés pour résister. Ces dominations peuvent être territoriales ou économique. Une forme plus poussée de l’impérialisme est le néocolonialisme. Dr Kwame Nkrumah affirmait que l’essence du néo-colonialisme, c’est que l’Etat qui y est assujetti est théoriquement indépendant et possède les apparences extérieures de la souveraineté, mais en fait son système économique et sa politique sont dirigés du dehors. Le peuple n’y est point maître de ses destinées ; son sort est réglé selon les convenances d’étrangers agissant dans leur propre intérêt. Le plus souvent c’est par des moyens économiques et financiers que le contrôle néo-colonialiste s’exerce, mais il peut aussi s’appuyer sur des bases militaires ou sur la présence de conseillers militaires, économiques ou politiques. Les présidents africains doivent accepter d’être des marionnettes aux mains des gouvernants occidentaux sinon ceux-ci sont menacés. Cette menace n’est rien d’autre que celle du transfèrement des présidents panafricains à la Haye. La CPI, première juridiction pénale internationale permanente, la CPI est créée par traité adopté à Rome le 17 juillet 1998. Elle est chargée de juger les personnes accusées d’avoir commis les crimes les plus graves ayant une portée internationale, à savoir le crime d’agression, le génocide, les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre. Le constat est éloquent : la CPI ne juge que les Présidents Africains. Et pourtant, ceux qui ont tué Mouammar Kadhafi et semé le désordre en Lybie sont bien connus. D’ailleurs le Président Nicolas Sarkozy en sait quelque chose. Ceux qui ont semé la mort en Irak, en Syrie et dans bien d’autres pays sont en liberté. Vous pouvez être un dictateur sur le continent et échapper aux accusations de la CPI. Il suffit d’être un président servile, prêt à donner toutes tes richesses aux pays occidentaux. Sinon comment comprendre que Laurent Gbagbo, digne fils de l’Afrique et patriote convaincu se retrouve à la Haye alors que les bourreaux sont en liberté. C’est pourquoi la proposition faite de M. Kenyatta à ses pairs du continent de préparer une feuille de route censée aboutir au désengagement des pays africains du Statut de Rome, par lequel la CPI a été instituée, est salutaire. C’est une proposition qui trouve son fondement sur le sentiment que la Cour pénale internationale cible notamment les dirigeants africains.
Quand la CPI défigure la Côte d’Ivoire
Le néocolonialisme est le principal danger pour les peuples libérés de la domination coloniale. La CPI est en train de défigurer la Côte d’Ivoire. Non seulement, elle est partiale et injuste mais également elle est porteuse de division, et ce, pour deux raisons au moins.
Premièrement, la CPI ne fait que poursuivre un seul camp. En Côte d’Ivoire, la crise a opposé deux camps : le camp LMP et le camp RHDP. Dans les deux camps, se trouvent des innocents et des coupables. Mais ce qui est troublant, comment comprendre qu’une institution judiciaire internationale n’arrive pas à faire la balance dans sa recherche de vérité ? Pourquoi dans le camp RHDP, la CPI ne juge personne ? Les africains et les Ivoiriens en particulier ne sont pas dupes : la communauté internationale qui a soutenu le Président Ouattara ne souhaite pas gêner leur poulain. Mais si tel est le cas, pourquoi rechercher la manifestation de la vérité ? La CPI se discrédite aux yeux du monde car l’histoire est têtue et elle révèle que les bourreaux de la Côte d’Ivoire sont à Abidjan.
Deuxièmement, la CPI divise même les amis et des frères. Dans sa volonté de blanchir l’histoire et même la travestir, les juges de la CPI ont enregistré des fallacieux témoins à charge. Mais le spectacle de la CPI risque de diviser le pays pour longtemps. Les témoins à charge se mélangent « les pinceaux » et accusent parfois les personnalités de leur propre camp. Et cela n’est pas fait pour unir le camp de l’accusation. Il en est de même du camp Gbagbo. Le général Mangou qui était hier le chef d’Etat-major de la Côte d’Ivoire durant cette crise se trouve obliger de témoigner contre le président Gbagbo. Cette façon honteuse de procéder laissera une empreinte indélébile dans la mémoire des Ivoiriens. La CPI est simplement porteuse de division en Côte d’Ivoire. C’est d’ailleurs de cette façon que les occidentaux procèdent pour gérer de loin nos pays, ils nous divisent pour régner en maitres. Les Ivoiriens ne doivent rien attendre de la CPI, ils doivent eux-mêmes trouver les remèdes à leurs contradictions.
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