REPORTAGE
« Les coupures de courant me font perdre de l’argent », peste Emilienne, propriétaire d’un commerce de volailles congelées à San-Pedro, ville située dans le sud-ouest de la Côte d’Ivoire, excédée par les interruptions intempestives d’électricité.
Dans son entrepôt d’environ 10 m2 au quartier Lac (l’un des quatre quartiers résidentiels de la ville), Emilienne la trentaine est allongée dans un canapé, écouteurs aux oreilles attendant le rétablissement de l’électricité, coupée depuis une trentaine de minutes.
« Nos recettes baissent avec les coupures, normalement, je peux avoir entre 20.000 et 50.000 Fcfa par jour, mais avec les coupures de courant, c’est difficile d’avoir 10.000 Fcfa », explique la demoiselle, l’air découragé.
La jeune dame raconte qu’une dizaine de poulets se sont avariés » après une coupure de courant de plusieurs heures, évoquant une perte évaluée à plus de 25.000 Fcfa.
« Les baisses de tension et les coupures ont endommagé mon congélateur », fulmine-t-elle. Pour se protéger, la vendeuse dit avoir acheté un régulateur électrique.
« Mes activités sont au ralenti car sans électricité je ne peux rien faire », fait savoir Romain Olivier Toué, la vingtaine gérant d’un centre de photocopie, débranchant des appareils après une énième coupure d’électricité.
Avec ces coupures « mes recettes peuvent baisser jusqu’à 5.000 alors que dans la norme je peux m’en sortir avec 10.000 FCFA par jour ».
Cette situation, si elle perdure, risque de « griller tous nos appareils », affirme-t-il, précisant avoir déjà eu des photocopieurs, ordinateurs et autres appareils endommagés.
La somme injectée (plus de 20.000 Fcfa) dans la réparation des appareils représentent des dépenses supplémentaires, selon le jeune homme, qui déplore le fait que la Compagnie ivoirienne d’électricité « ne gère pas tous les dommages ».
Les coupures aux heures de pointe peuvent nous faire perdre environ 5.000 Fcfa témoigne, la mine triste Jean Kouassi, gérant d’un cyber café. Il suggère donc que la CIE prévienne les populations afin (de) « nous permettre de prendre nos dispositions »
« Pour nous qui n’avons pas de groupes électrogènes pour continuer nos activités contrairement aux grandes entreprises en cas d’interruption de la fourniture d’électricité, il faut trouver une solution », poursuit-il.
Selon M. Kouassi qui dit s’être renseigné auprès d’un agent de la CIE, les coupures sont dues au vieillissement des transformateurs et les travaux du barrage hydroélectrique de Soubré, ville située à 132 Km de San-Pedro.
Avec une puissance installée de 275 MW et un productible annuel d’environ 1 100 GWh, le barrage de Soubré devrait permettre de relever le niveau de l’hydroélectricité en Côte d’Ivoire, rééquilibrer le mix énergétique (la part des énergies primaires dans la consommation mondiale, d’un pays) et faire face à moindre coût à l’évolution croissante de la consommation nationale.
Ce projet d’un coût global estimé à 331 milliards de FCFA, devrait être livré en 2017.
Approchée, la Direction régionale de la CIE de San-Pedro n’a pas souhaité réagir.
Par Anselme BLAGNON
Alerte info/Connectionivoirienne.net
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