Côte-d’Ivoire CPI: Le témoignage des Généraux Mangou et Kassaraté doit conduire à leur inculpation si…

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Par Me Namory F. Dooso

Les témoignages des Généraux Mangou et Kassaraté doit conduire à leur inculpation si la défense pose les bonnes questions

Chers amis africains et compatriotes ivoiriens, je prépare un ouvrage politique analytique sur la crise ivoirienne. Malheureusement sa finition est constamment retardée par d’autres œuvres que j’écris simultanément en Anglais pour le marché et le lectorat anglophones. Mais je m’efforcerai autant que possible de livrer quelques articles ponctuels sur ce triste procès en cours à la cour coloniale de la Haye, et les différentes crises artificiellement provoquées sur notre continent par les nations, comme la France, qui se sont illicitement enrichies grâce à l’esclavage, la colonisation, et l’exploitation continue et abusive des autres peuples. Et qui ont beaucoup de mal à y renoncer tant le business est juteux. Sans les avoirs financiers dérobés au trésor français, la France ne serait économiquement pas mieux que l’Espagne, le Portugal ou la Grèce.

Par ailleurs, c’est souvent amusant de voir la France confisquer, geler leurs biens, ou bien poursuivre les dictateurs-voleurs des pays africains pour biens mal acquis, alors que toute la richesse de la France elle-même a été mal acquise. L’Occident se vante souvent d’être riche et nous traite de pauvres. Si seulement on pouvait permettre un audit complet des origines de leurs fortunes étatiques colossales. On verrait que c’est de l’argent sale. Les origines sont douteuses. Ils se sont enrichis en cambriolant les autres peuples et nations. Enfin, ceci est juste une brève parenthèse.

Dans mon livre sur la crise ivoirienne à paraître, il y a beaucoup de choses que je ne comprends pas, qui me dépassent et continuent de me surprendre. Des choses que j’essaie moi-même de comprendre, afin d’expliquer à mes lecteurs en termes simplifiés qu’ils saisiront sans effort et sans torture mentale. Au nombre de ces bizarreries énigmatiques de la crise en Côte d’Ivoire que je dois décrypter pour mes lecteurs, il y a d’abord et avant tout « pourquoi » Alassane Dramane Ouattara a pris ou accepté la décision de déporter le Président Laurent Gbagbo violemment déchu par coup d’État à la CPI ? Qui a pris la décision ? Était-ce Ouattara lui-même ou ses parrains français ?

Mais ce n’est pas tellement important qui a pris la décision. Ce qui est important, c’est pourquoi Ouattara a accepté ? Soyez patients et suivez mon raisonnement. Je ne dis pas ces choses pour implorer la miséricorde du « vainqueur » aidé des puissances coloniales Ouattara envers le vaincu Gbagbo. D’ailleurs l’homme est incapable de miséricorde. Seul Dieu en est capable. Et cet homme Ouattara rempli de haine des orteils aux cheveux en est encore moins capable. J’invoque ces arguments parce-que mêler la Cour Pénale Internationale à ses affaires était pour Alassane Dramane Ouattara une idiotie majeure, voire un suicide.

C’est la première fois que je vois un voleur aller porter plainte au commissariat contre sa victime. Dans ces conditions, vous allez dire quoi aux policiers dans un commissariat africain où les policiers eux-mêmes battent à sang les voleurs : « Chef, je suis allé voler chez lui, il m’a attrapé et il m’a frappé. Mais il m’a frappé trop fort. D’habitude ce n’est pas comme cela qu’on frappe un voleur, il a un peu trop exagéré. Et il m’a causé des blessures et des inconvenances, ainsi qu’un préjudice moral ». Après une telle déposition, dans n’importe quel commissariat en Afrique, vous pouvez être sûr de ne pas sortir de là indemne et en bon état de santé. Car les policiers eux-mêmes vous battront encore plus que votre victime ne l’avait fait auparavant.

Mais voici néanmoins en substance, si vous voulez, le contenu de la plainte d’Alassane Ouattara qui est parti demander l’ouverture d’un dossier à la cour coloniale de la Haye contre Gbagbo Laurent après avoir sauvagement agressé son régime avec une rébellion barbare, et fait des milliers d’innocents morts, blessés, mutilés à vie, exilés, réfugiés et déplacés de guerre. S’il y a quelqu’un qui ne perçoit pas l’injustice flagrante dans les accusations incohérentes et aberrantes contre Gbagbo Laurent, il n’est pas humain.

Une guerre du reste absurde et insensée, artificiellement provoquée, montée de toute pièce par la France et soutenue par le tueur ambulant de Ouagadougou Blaise Compaoré sans qui le conflit en Côte d’Ivoire aurait été quasi impossible. Le sieur Compaoré avait déjà été cité dans les conflits au Liberia et en Sierra Leone. L’ONU a toutes les preuves documentées et audiovisuelles de l’implication de Blaise Compaoré dans les trafics qui alimentaient les guerres au Liberia et en Sierra Leone aux côtés de Charles Taylor.

Blaise devait être poursuivi et condamné avec Taylor. Mais la France coloniale, son maître à penser au compte de qui il menait toutes les actions de déstabilisation de l’Afrique de l’Ouest et faisait massacrer nos populations innocentes, est intervenue et a pesé de tout son poids à l’ONU pour le sauver. Cette fois Blaise est en route pour la CPI pour de bon et il n’y aura personne pour sauver sa peau. Je reviendrai là-dessus dans cet article ou un autre. Le procès Gbagbo va les couler tous. Si Blaise Compaoré sait comment les pays africains anglophones, avec à leur tête le Nigeria, ont trompé et piégé Charles Taylor pour le livrer à la CPI, il aura une idée de comment il va s’y retrouver.

En ce qui me concerne, l’Afrique dite « francophone » n’a rien obtenu de la colonisation française ni de la coopération avec la France après plus de 50 ans d’indépendance. Acculée et face aux critiques, la France a toujours fièrement montré du doigt la Côte d’Ivoire comme un modèle de réussite. Eh bien, voilà le modèle de réussite qui est parti en fumée dans une guerre civile ridicule instiguée par des rebelles soutenus par la France. Et nous voilà, générations d’après la pseudo-indépendance, en train d’écrire pour décrier la présence et la coopération françaises, et demander que la France soit chassée de l’Afrique.

Ça vous montre aussi à quel point les dirigeants français sont peu fiables en tant que partenaires, et des couillons de façon générale. Ils ont tué leur poule aux œufs d’or. Ils ont mis le feu à leur « unique modèle de réussite » en Afrique, pensant que les africains de 2010 étaient aussi ignares que ceux de 1960. Et qu’on allait accepter le coup d’État déguisé et la déportation injuste et illégale de Laurent Gbagbo sans réagir et sans dénoncer. Ils ont aussi pensé que c’était encore la Côte d’Ivoire des collabos sous Félix Houphouët-Boigny. Cette façon sauvage et dépassée de réfléchir est typiquement française. Le gouvernement français vit toujours à l’époque coloniale en ce qui concerne les noirs. Du reste cette frange de l’opinion qui accuse Nicolas Sarkozy de prendre la cocaïne ne peut pas avoir totalement tort. Il faut prendre la cocaïne et ne pas être en contrôle de tous ses sens pour croire qu’on peut faire dans un pays tout ce que Nicolas Sarkozy a fait en Côte d’Ivoire en 2010 sans qu’il n’y ait des conséquences et des répercussions judiciaires graves à long terme. Si Sarkozy échappe à la CPI, ce sera parce-qu’il est blanc. Autrement sa place y est, et une cellule y est réservée pour lui avec son nom inscrit.

On reproche à Gbagbo Laurent d’avoir résisté, de ne pas avoir cédé sans discuter son pouvoir aux putschistes sanguinaires. Ils ont de la chance car à la place de Gbagbo la plupart des chefs d’État africains les auraient éliminés y compris leur parrain Blaise Compaoré qu’ils hébergent en ce moment à Abidjan aux frais des ivoiriens qu’il a contribué à faire massacrer. Le même Blaise qui est recherché par la justice de son pays pour ses innombrables tueries et assassinats. L’hébergement du bourreau des ivoiriens Blaise Compaoré par Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire est la somme de toutes les injures. Mais c’est une bonne chose, car on a déjà lu les signes des temps et on sait ce que ça représente. Ils ont commis les crimes ensemble ; ils vont rendre des comptes ensemble.

Au lendemain de la déportation du Président Gbagbo à la CPI en 2011, je me suis interrogé : qu’est-ce qui a piqué Ouattara ? Est-il conscient des implications de l’acte qu’il vient de poser ? Qui conseille ces barbares qui prennent le pouvoir en Afrique après avoir fait de grands massacres ? Notre seule chance en Afrique, c’est que ces gens sont plus violents qu’ils ne sont intelligents. S’ils étaient aussi intelligents qu’ils sont violents, on serait tous des cadavres ambulants. Si Ouattara n’avait pas envoyé Gbagbo Laurent à la CPI, il avait au moins 80% de chance de réussir son coup d’État qui a duré plus de 10 ans – le plus long de l’Histoire — sans qu’il n’y ait de véritables conséquences judiciaires internationales, malgré le massacre de milliers d’ivoiriens, surtout avec le soutien de la France à l’ONU.

La France aurait tout simplement continué à étouffer à l’ONU toute tentative internationale à grande échelle de poursuivre Ouattara et ses rebelles pour les crimes commis en Côte d’Ivoire. Quelques actions individuelles en justice, çà et là, auraient pu aboutir. Mais une action de masse, bien coordonnée, aurait été un vrai challenge. Les États-Unis étouffent toute tentative de poursuivre Israël et ses dirigeants en justice, et c’est ce qui donne carte blanche à Netanyahou pour faire tout ce qu’il veut.
La France a protégé Compaoré au moment où des voix s’étaient élevées à l’ONU pour exiger qu’il soit poursuivi en même temps que Charles Taylor. La France a sauvé Compaoré pour son implication dans les guerres en Sierra Leone et au Liberia. Et elle aurait pu sauver le soldat Ouattara s’il avait plus de bon sens que de haine et de violence. Hélas pour lui ! Dieu merci pour nous.

Maintenant Alassane Ouattara chante partout comme un zinzin qu’il n’enverrait plus d’ivoiriens à la CPI. Il ne parle pas des ivoiriens. Il parle en réalité de lui-même, des dirigeants du RDR, Soro Guillaume, et les chefs de guerre. Et pourtant, c’est trop tard. Le boucher a peur du couteau mais il devra avoir le même courage que le bœuf et affronter son couteau que la gorge du bœuf affronte tous les jours. Ils vont tous y passer. Certains vont mourir derrière les barreaux de la CPI. Quand vous prenez le chemin de la vengeance, creusez toujours une tombe pour deux. Ici, ce sera une tombe pour plusieurs. Et cela je l’avais prédit dès 2011 à la déportation de Gbagbo.
Si Ouattara avait eu un tout petit peu de bon sens et laissé Gbagbo et le FPI tranquilles après avoir eu ce qu’il voulait, l’affaire serait bouclée. Il allait gouverner pendant longtemps dans la quiétude, avec juste quelques tapages récurrents et assourdissants du FPI comme on peut et on doit s’en attendre d’un parti d’opposition. Mais Dieu n’est pas fou ; il ne peut pas donner l’intelligence et la violence aux mêmes individus sinon la vie en Afrique serait impossible. Celui qui a la tête n’a jamais le chapeau et vice-versa. Ils sont très violents ces chefs de guerre, mais pas aussi brillants. Ce sont vraiment des amateurs qui font la politique en Afrique dite « francophone », et qui dirigent nos pays. C’est pourquoi nous sommes les derniers au monde sur tous les plans.

Arrivent dans mon analyse les futurs prisonniers potentiels de la CPI, les généraux des ex-Forces de Défense et de Sécurité ivoiriennes pendant les 10 ans de crise et de guerre contre les rebelles d’Alassane Ouattara, reconvertis témoins de l’accusation pour le dossier mal préparé et mal ficelé de Fatou Bensouda à qui les avocats de la défense font scandaleusement des cours élémentaires de droit pendant le procès. Elle est nulle et ne s’y connait vraiment pas. A la tête des généraux, il y a les deux plus grands traîtres de l’Histoire : Mangou et Kassaraté. Dans mon livre à paraitre, j’explore le passé et le parcours de ces deux généraux et comment Gbagbo s’est trompé lourdement dans leur nomination, tout comme dans la plupart de ses nominations (Affi N’Guessan comme premier ministre et consorts).

Gbagbo était un très mauvais juge de caractère, c’est pourquoi il voit beaucoup de ses hommes clés retournés aujourd’hui contre lui. Et pourtant c’était parfaitement prévisible au vu du caractère individuel de ces personnes-là, pour la plupart des gens sans intégrité, en manque d’idéaux et de convictions profondes, et surtout de moralité douteuse. Le seul cas Affi N’Guessan, pour la circonstance, me suffit pour entrevoir, identifier et juger beaucoup de dysfonctionnements internes au sein de l’appareil étatique Gbagbo et du FPI. Affi N’Guessan pouvait être secrétaire d’État ou ministre délégué (et je suis très magnanime), pas plus. Et le laisser à la tête du FPI pendant plus de 10 ans, en temps de crise, était plus qu’une erreur. C’était une bêtise. Le FPI paie cash pour ses erreurs.

Je ne serais guère surpris de voir Affi N’Guessan sur la prochaine liste des témoins de Bensouda contre Gbagbo ; Ouattara essaie à présent de sauver sa propre peau par tous les moyens. Des traîtres qui ont rejoint le camp Ouattara, celui qui refuse de témoigner sait ce qui l’attend, car Ouattara n’est pas Gbagbo. Et il n’a aucune conviction religieuse contre le déploiement et l’utilisation de l’artillerie lourde de la torture d’Hamed Bakayoko et sa tristement célèbre DST qui rivalise avec les couloirs d’interrogatoires de la Gestapo.

Quant aux clochards Sam l’Africain, Elie Halassou et consorts qu’on cite dans la liste des témoins de Bensouda, je blâme Gbagbo et son protocole. Tous les clochards, délinquants et désœuvrés de la capitale avaient un accès facile au Président de la République. Pourquoi ? Au nom de quoi ? Gbagbo a de la chance que ses ennemis n’aient pas essayé de le faire assassiner en passant par les aventuriers qu’il recevait. C’était une véritable faille dans son dispositif de sécurité, et il est chanceux que ça n’a pas été sérieusement et professionnellement exploité. C’est bien de vouloir se rapprocher du peuple et d’être en conséquence populaire comme Gbagbo. Mais le pouvoir a tout de même quelque chose de sacré et de mythique. Mais Gbagbo a démystifié complètement le pouvoir. Résultat : tous ces clochards qui n’auraient pas dû avoir accès à lui mais qui défilaient à la Présidence comme s’ils allaient faire un tour chez « les tanties de Yao Sehi » deviennent aujourd’hui des témoins de l’accusation. L’entourage du chef de l’État doit être un petit groupe restreint des fidèles parmi les plus fidèles, et non tous les désœuvrés et délinquants de la capitale, encore moins n’importe quel aventurier venu des quatre points cardinaux.

On annonce l’arrivée de généraux FDS en tant que témoins à charge. Je m’intéresse plus particulièrement aux deux plus grands traîtres qui ont vendu une nation entière pour de miséreux postes d’ambassadeur alors qu’ils occupaient déjà des fonctions bien plus stratégiques et plus importantes qui, généralement en Afrique, peuvent conduire au pouvoir suprême si l’on gère bien sa carrière après l’armée. Je ne crois pas que Mangou et Kassaraté savent vraiment trop à quoi s’attendre. Pas plus que Alassane Ouattara ignorait qu’un procès de Gbagbo à la CPI serait une tombe pour plusieurs et son propre procès à lui, ses soutiens et ses chefs de guerre, en y voyant Koudou. Ce n’est pas par hasard que les gens ordinaires ont peur des procès, surtout un procès pénal de cette portée, même en tant que simples témoins.
Pour illustrer ce point, les juristes citent souvent en exemple l’absence de témoins dans une grande salle de fête avec des centaines d’invités où il y a eu une bagarre et des blessés graves. Des centaines d’invités présents dans la salle, personne n’a rien vu, y compris les voisins immédiats des bagarreurs. Certains ont déclaré à la police qu’ils dormaient et n’ont donc rien vu ni entendu, tandis que d’autres soutiennent qu’ils regardaient ailleurs quand la bagarre s’est déroulée. Pour tout vous dire, j’ai déjà vécu l’expérience moi-même. En 1991 ou 92, à mes débuts au pays de l’oncle Sam, pendant une dispute chaude, mon patron m’a surpris avec un coup de poing dans la gueule. Le temps que j’enlève mon lourd blouson pour riposter car c’était l’hiver et il faisait froid, il m’a encore envoyé deux ou trois bons coups. Quand j’ai réussi à enlever mon blouson malgré les coups, je me suis déchaîné et j’ai failli le tuer. C’est alors que ses frères et les autres employés incapables de me retenir ont appelé la police. Des dizaines d’employés qui ont assisté à la bagarre, tous ont déclaré à la police qu’ils n’ont rien vu, y compris les frères du patron. Personne ne veut rendre un témoignage qui va conduire à sa propre inculpation à cause d’un petit mot déplacé, ou un compte mal rendu.

À titre d’exemple et pour démontrer que Ouattara envoie sciemment les généraux FDS traîtres au casse-pipe à la CPI, en prenant soin d’épargner ses propres généraux rebelles à lui qui ont conduit les opérations de massacres des populations civiles, villageoises et paysannes ivoiriennes pendant les 10 ans de la rébellion, et qui sont passibles de poursuites judiciaires pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, tel Soumaïla Bakayoko, évoquons un peu le dossier Michel Gbagbo contre les chefs de guerre à Paris. Dans ce dossier la juge Sabine Khéris avait initialement convoqué le chef de guerre Soro Guillaume uniquement en tant que témoin, de surcroît, assisté. Il n’était pas mis en examen. Il a tout de même pris le large.

Soro et ses avocats parisiens ont perçu le piège : sur la base de son témoignage, la cour pouvait trouver et établir cause de l’inculper. Effectivement, étant trop directement et intimement lié aux évènements à charge, je ne vois pas comment il aurait pu témoigner sans s’incriminer lui-même, et en évitant une inculpation personnelle. Surtout que Me Habiba Touré, l’avocate de Michel, est très percutante et très impliquée dans le dossier. Soro a donc choisi de prendre la poudre d’escampette. Arrivé à Abidjan où il était enfin en sécurité, il s’est remis à faire le tapage et le gros dos en déclarant à la presse acquise à sa cause qu’il a résisté. Le même piège est tendu à Mangou et Kassaraté, et à toutes autres personnes intimement liées aux évènements qui se porteraient volontaires comme témoins de Bensouda.
Maintenant en Côte d’Ivoire, quand vous fuyez une situation chaude, vous ne dites plus « j’ai fui ». Vous dites plutôt « j’ai résisté ». Pour cela on peut remercier le Président de l’Assemblée rebelle de Ouattara. Le Président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire est un fugitif, recherché non pas par un seul pays, mais deux. Mon Dieu nous sommes tombés bas ! Il n’y a plus aucun poste qui fait rêver chez nous sauf si vous voulez un poste pour voler comme les ivrognes, les leaders sans intégrité et les hommes en faillite morale qui ont tout trahi dans leur vie pour rejoindre Alassane Ouattara afin d’avoir une nomination, dépourvue de tout honneur et de tout prestige … uniquement pour voler.

La rébellion a tout souillé et a enlevé tout le prestige qu’il y avait à toutes les hautes fonctions étatiques. Un ministre en Côte d’Ivoire avant, ce n’était pas n’importe qui. Pour commencer c’étaient des intellectuels et ils avaient la tête bien pleine. Sous Ouattara, Hamed Bakayoko, niveau bac (peut-être) enferme et torture à volonté des Professeurs agrégés – beaucoup sont morts en prison ou en exil. L’élite intellectuelle de la nation ivoirienne croupit dans les geôles de ses analphabètes et demi-lettrés. Voilà le cadeau du drogué Nicolas Sarkozy et la France coloniale à notre pays. Après le monde entier se demande pourquoi l’Afrique est derrière dans tous les domaines. Tout est sens-dessus sens-dessous en Côte d’Ivoire. C’est le monde à l’envers. « Un crétin comme Tuo Fozié a été ministre » dixit Tiburce Koffi. Soro Guillaume a fui plutôt que de répondre à une invitation à témoigner. Mais Ouattara envoie Mangou et Kassaraté témoigner à la CPI. J’espère que la défense les aidera à ouvrir leur propre sépulture.

Dans un procès pénal de cette hauteur, il faut s’attendre à tout. Et c’est facile de passer de statut de « témoin » à celui « d’accusé », surtout quand on a joué le rôle qu’ont joué les généraux Mangou et Kassaraté. Il suffit à la défense de poser les bonnes questions pendant le contre-interrogatoire. Un bon avocat a été formé pour poser des questions-pièges. Et on a toujours une arrière-pensée derrière chaque question, qui n’est pas nécessairement apparente ou même évidente pour l’opinion qui suit le procès. La plupart des gens ordinaires succombent facilement et s’incriminent eux-mêmes. Le témoin doit se faire accompagner et assister d’un avocat haut calibre tout aussi bien entraîné pour éviter tous les pièges.

Par contre, le meilleur avocat au monde ne peut pas sauver certaines personnes. À cause de la nature même des postes qu’ils occupaient pendant toute la période de la crise, Mangou et Kassaraté auraient été sages de se tenir loin de ce procès a caractère purement politique à la CPI s’ils ne peuvent y assumer, aux côtés de leur patron poursuivi, les rôles qu’ils ont eux-mêmes joués. Vouloir y témoigner pour Bensouda, c’est jouer avec le feu. Et quand on joue avec le feu, on risque de finir aux urgences pour les grands brûlés. Il y a déjà des vidéos qui ont été publiées et qui existent toujours après la prise de pouvoir par la force de Ouattara, où ces deux généraux ont tenu des propos clairement les incriminant pénalement. Ils ont tenu des propos de nature à engager leur responsabilité pénale individuelle pour tous les morts de la crise. La défense qui, apparemment, est très prête et coince l’accusation sur tous les plans, attend avec impatience et joie pour aider Mangou et Kassaraté à désigner leurs numéros respectifs de cellule à la CPI. Et je suis presque certain que la défense, du point de vue stratégie, doit penser la même chose que je pense en ce moment.

Une cour où la défense ne peut pas interroger un témoin du procureur sur le contenu de son témoignage ? La CPI est une cour vraiment bizarre et comme nulle autre. Un pilier fondamental du Droit Pénal, c’est le droit inaliénable de tout accusé de confronter FRONTALEMENT son accusateur sur tout ce qui est lié à l’accusation. Peut-être qu’on n’enseigne pas ce principe primaire, sacré, et universel du Droit Pénal en Italie chez ce juge Cuno, ou au Nigeria où Bensouda a acheté son DEUG ou sa licence de droit. La CPI et les tribunaux ivoiriens sous Ouattara jouissent à présent de la même triste réputation et absence criante de crédibilité. En rentrant dans les magouilles de la France, la CPI s’est discréditée sans possibilité de se racheter.

C’est déjà assez facile, même à ce stade du procès, de savoir quel juge est dans la combine. Le juge-président Cuno se bat comme un beau diable pour épauler les accusations de la procureure et sa propre cour qui, toutes les deux, luttent férocement contre la mort. Et voici l’objet de toutes nos craintes : le dossier est vide, mais ils ont reçu instructions de condamner l’accusé pour servir d’exemple à tous ceux qui seraient dans le futur opposés aux puissances occidentales et tentés de résister à leur colonisation.

Je ne sais pas si ce procès ira à son terme. Apparemment il divulgue beaucoup trop d’informations stratégiques au-delà de leurs attentes et calculs. Il expose la France, tous ses crimes et sa magouille en Afrique, les réseaux occultes et mafieux de la françafrique. C’est pourquoi les medias français, d’ordinaire si intéressés et regardants concernant les gros scandales d’État en Afrique, sont pour la plupart muets comme des morts avec leurs experts légendaires qui ne valent pas les crottes d’un chien. Sauf quelques rares articles pour traîner dans la boue Alassane Dramane Ouattara, leur allié et héros d’hier. Comme pour préparer l’opinion à la fin du régime Ouattara. Exactement le même coup médiatique qu’ils avaient fait à Gbagbo Laurent. Je me demande aussi si la CPI ne trouvera pas un moyen de se séparer et se débarrasser de Fatou Bensouda avant terme pour toute la mauvaise publicité qu’elle leur a attirée.

Me Namory F. Dosso
Maitre.Dosso.MD@gmail.com

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