Interview Bakayoko-Ly Ramata (ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique)
Réalisée par Gbansé Douadé Alexis à Abidjan pour Connectionivoirienne.net
De l’université vous devenez ministre de l’enseignement supérieur. Quels sont les sentiments qui vous animent après cette nomination ?
Permettez-moi tout d’abord d’exprimer ma profonde reconnaissance au Président et à son Premier Ministre.
Mon nouveau poste me confère beaucoup plus de responsabilité. L’Université est un EPN (Etablissement Public National) et le ministère de l’enseignement supérieur et de la Recherche scientifique est un grand département qui assure la coordination de plusieurs établissements d’enseignement supérieur. Notre responsabilité c’est de bâtir un enseignement supérieur de qualité nécessaire pour aller à l’émergence en 2020. C’est un défi et nous pensons pouvoir le relever.
Pensez-vous pouvoir mieux aborder maintenant les problèmes qui étaient les vôtres à l’Université ?
C’est vrai qu’il y a des problèmes que nous n’avons pas pu régler mais de par notre position actuelle, nous pensons pouvoir apporter des solutions. Il s’agit notamment d’achever la mise en œuvre de la réforme LMD (Licence Master Doctorat, Ndlr). Nous avons développé les outils qui nous permettent d’avoir une célérité au niveau de la gestion financière et des ressources humaines. Nous avons également conçu un logiciel de gestion de la scolarité et nous irons plus loin en les partageant avec tous les autres établissements d’enseignement supérieur et de recherche. Les véritables problèmes de nos universités, ce sont les problèmes sociaux particulièrement le logement et la restauration.
L’on constate effectivement qu’après cinq ans, certaines cités sont toujours fermées. Avez-vous une solution ?
A ce niveau, nous allons voir comment améliorer l’accès au logement des étudiants. Je dois rencontrer les différents responsables à cet effet. Mais, ce ne sera pas suffisant car le défi est plus grand. Nous sommes conscients qu’on ne pourra pas loger tous les étudiants. Toutefois, nous envisageons un autre modèle en sollicitant des partenaires privés comme ce fut le cas dans les universités du Togo. Nous avions envoyé une mission pour nous inspirer du modèle.
Passons au problème des syndicats qui sont aujourd’hui menacés de dissolution comme cela avait été le cas dans les années 90. Avec plus de pouvoir en tant que ministre de l’Enseignement supérieur, comment comptez-vous résoudre la question des syndicats étudiants qui riment souvent avec violence et défiance dans votre milieu ?
Je retiens le mot ‘’défiance’’. Pourtant à l’Université il y a des structures de régulation et on ne fait pas ce qu’on veut. C’est vrai qu’à l’université quand on prend des décisions, on ne voit que Bakayoko Ramata mais les décisions sont collégiales. C’est le Conseil d’université qui décide. C’est très important à souligner. Il ne faut pas croire que c’est La Présidente qui a pris seule la décision. Toutefois, quand une décision est prise, en sa qualité de Présidente du Conseil de l’Université, elle doit assumer et faire appliquer la décision. Les décisions se prennent donc par l’instance, c’est pourquoi je parle de défiance quand je vois certains agissements.
Vous gardez les syndicats ou bien vous les supprimez ?
N’allons pas vite en besogne. J’ai toujours dit aux étudiants que les associations ont un rôle important à jouer dans l’espace universitaire. J’ai souhaité qu’ils se mettent ensemble sans perdre leur identité, au sein d’une plateforme, pour accompagner efficacement la direction. Il est plus facile de financer une seule association qu’une centaine. Récemment, c’est parce qu’ils ont posé des actes graves ayant entrainé la mort que des associations ont été suspendues. Voyez-vous nous avons sur le campus 11 associations syndicales et ce n’est pas tout parce qu’il y a également plusieurs associations non-syndicales. L’association qui vient d’être créé est forte de 24 membres et comprend toutes les associations syndicales. La Fesci n’a pas voulu faire partie de l’association. C’est son droit.
Et au niveau des enseignants ? Les grèves qui retardent la rentrée comment vous abordez leur problème ?
J’ai souvent dit aux enseignants et aux syndicats d’étudiants que la Côte d’Ivoire nous regarde et nous n’avons pas le droit de la décevoir. Les problèmes sont nombreux mais j’ai demandé qu’ils nous donnent le temps de les régler. Un travail a été fait par mon prédécesseur. Je vais finaliser ce travail et faire avancer tous les dossiers pour une meilleure satisfaction de tous.
Connectionivoirienne.net
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