Questions et réponses sur l’ouverture du procès dans l’affaire
Le Procureur c. Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé
QUI SONT LAURENT GBAGBO ET CHARLES BLE GOUDE ET POURQUOI SONT-ILS POURSUIVIS DEVANT LA COUR PENALE INTERANTIONALE ?
Laurent Gbagbo, ancien Président de la République de Côte d’Ivoire, a été remis à la CPI le 30 novembre 2011 et sa première
comparution devant la Chambre préliminaire a eu lieu le 5 décembre 2011.
Charles Blé Goudé, a été remis à la CPI le 22 mars 2014 par les autorités de la Côte d’Ivoire suite à un mandat d’arrêt délivré par la CPI
le 21 décembre 2011.
Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé sont accusés de quatre charges de crimes contre l’humanité que constituent le meurtre, le viol, les
autres actes inhumains ou – à titre subsidiaire – la tentative de meurtre, et la persécution perpétrés dans le contexte des violences postélectorales en Côte d’Ivoire.
Les charges ont été confirmées à leur encontre les 12 juin 2014 et 11 décembre 2014 respectivement et leurs procès assignés à la
Chambre de première instance I. Le 11 mars 2015, la Chambre de première instance I a joint les affaires à leur encontre afin d’assurer
l’efficacité et la rapidité de la procédure. Le procès dans cette affaire s’ouvrira le 28 janvier 2016.
QUAND ET OU CES CRIMES AURAIENT-ILS ETE COMMIS ?
Les crimes reprochés à M. Gbagbo et à M. Blé Goudé constitueraient des crimes contre l’humanité (meurtre, viol, autres actes
inhumains ou – à titre subsidiaire – tentative de meurtre, et persécution) qui auraient été commis durant : les attaques contre les
manifestations devant le siège de la Radiodiffusion-Télévision Ivoirienne (RTI) (16-19 décembre 2010) ; contre la manifestation des
femmes à Abobo (3 mars 2011) ; le bombardement du marché d’Abobo et ses alentours (17 mars 2011) ; et l’attaque sur Yopougon (le 12
avril 2011 ou autour de cette date).
QUI SONT LES JUGES EN CHARGE DE CE PROCES ?
Le procès se déroulera devant la Chambre de première instance I de la Cour pénale internationale, composée de M. le juge Cuno
Tarfusser (Italie), juge président, Mme la juge Olga Herrera Carbuccia (République dominicaine) et M. le juge Geoffrey Henderson
(Trinité-et-Tobago).
Les juges de la CPI sont des personnes jouissant d’une haute considération morale, connues pour leur impartialité et leur intégrité, et
réunissant les conditions requises dans leurs États respectifs pour l’exercice des plus hautes fonctions judiciaires. Tous ont une grande
expérience, pertinente au regard de l’activité judiciaire de la Cour et une compétence reconnue en droit pénal et en procédure pénale.
Ils sont élus par l’Assemblée des Etats parties pour un mandat de neuf ans (non renouvelable).
COMMENT VA SE DEROULER CE PROCES ET SERA-T-IL PUBLIC ?
Le procès aura lieu au siège de la Cour à La Haye, aux Pays-Bas.
Le procès débutera par la lecture des charges portées à l’encontre des deux accusés. Les juges vérifieront que les accusés comprennent
la nature des charges à leur encontre. MM. Gbagbo et Blé Goudé se verront demander s’ils plaident coupable ou non coupable. Des
déclarations d’ouverture orales seront présentées par le Bureau du Procureur, les Représentants légaux des victimes et les équipes de la
Défense, , avant le début de la présentation des éléments de preuve de l’Accusation.
Cette phase au cours de laquelle le Bureau du procureur présentera son dossier durera plusieurs mois et sera suivie par la présentation
du dossier par les deux équipes de Défense, qui devrait également durer plusieurs mois.
Situation en Côte d’ivoire.
Le procès est public et visionnable sur le site de la CPI (à l’adresse suivante : www.icc-cpi.int), sauf si la Chambre détermine que
certaines audiences doivent avoir lieu à huis clos pour protéger la sécurité de victimes et de témoins ou la confidentialité de certains
éléments de preuve sensibles.
QUELS SONT LES DROITS DES ACCUSES, MM. LAURENT GBAGBO ET CHARLES BLE GOUDE ?
Tout accusé est présumé innocent devant la CPI. Il est présent dans la salle d’audience lors des débats et il a le droit à ce que sa cause
soit entendue publiquement, équitablement et de façon impartiale.
A cette fin, une série de garanties est prévue dans les documents juridiques de la Cour. Pour n’en citer que quelques-unes :
• Être défendu par le conseil (avocat) qu’il a désigné, présenter ses propres éléments de preuve, citer les témoins de son choix et
s’exprimer dans une langue qu’il comprend et parle parfaitement ;
• Être informé en détail des charges qui pèsent contre lui dans une langue qu’il comprend et parle parfaitement ;
• Disposer du temps et des facilités nécessaires à la préparation de sa défense et communiquer librement et confidentiellement avec son
conseil ;
• Être jugé sans retard excessif ;
• Ne pas être forcé de témoigner contre lui-même ou de s’avouer coupable, et pouvoir garder le silence, sans que ce silence soit pris en
considération pour déterminer sa culpabilité ou son innocence ;
• Obtenir que le Procureur communique à la Défense les éléments de preuve en sa possession ou à sa disposition dont il estime qu’ils
disculpent l’accusé ou tendent à le disculper ou à atténuer sa culpabilité, ou sont de nature à entamer la crédibilité des éléments de
preuve à charge.
COMBIEN DE TEMPS DURERA LE PROCES ?
Le procès peut durer plusieurs mois. Des déclarations liminaires (ou déclarations d’ouverture) seront d’abord faites par le Procureur,
les Représentants légaux des victimes et les deux équipes de la Défense des accusés et à partir du 28 janvier 2016.
Puis l ‘Accusation et la Défense présenteront successivement leurs affaires et leurs témoins respectifs devant les juges. Le début de la
présentation des preuves de l’Accusation, avec la déposition du premier témoin, est programmé pour le 1er février 2016. Les
Représentants légaux des victimes (c’est-à-dire les avocats des victimes) seront également autorisés à présenter leurs observations et
poser des questions aux témoins des deux parties.
Les trois juges assureront l’équité du procès et que les droits des deux parties et des victimes soient respectés. Alors que l’Accusation
doit prouver la culpabilité de l’accusé, la Chambre de première instance ne peut condamner un accusé que si elle est convaincue que les
charges qui pèsent contre lui ont été prouvées au-delà de tout doute raisonnable.
À la fin des audiences du procès (donc après des mois d’audiences), les juges prononceront leur jugement dans un délai raisonnable. Le
jugement est lu en public et peut soit acquitter soit condamner l’accusé.
Les parties ont le droit de faire appel du jugement devant la Chambre d’appel de la CPI.
COMMENT LES TEMOINS SERONT-ILS PROTEGES ?
La Cour pénale internationale dispose d’un certain nombre de mesures de protection qui peuvent être accordées aux témoins qui
comparaissent devant la Cour et aux autres personnes auxquelles les dépositions des témoins peuvent faire courir un risque. Les
mesures de protection visent à faire en sorte que les témoins se sentent à l’aise et en sécurité et qu’ils témoignent sans avoir peur de dire
la vérité. Ces mesures s’appliquent de façon égale aux témoins de l’Accusation comme de la Défense.
Ces mesures peuvent consister en des mesures de protection opérationnelles mises en œuvre là où résident les témoins, en des mesures
procédurales telles que la distorsion de l’image et de la voix ou l’utilisation d’un pseudonyme, ou la tenue de sessions à huis clos afin
de protéger l’identité du témoin, ou encore la relocalisation du témoins, qui est une mesure de dernier recours.
La subornation de témoins de la CPI est un crime qui peut être poursuivi. La Cour a déjà présenté des affaires par rapport à de tels
crimes.
COMMENT LES VICTIMES PEUVENT-ELLES EXPRIMER LEURS PREOCCUPATIONS ET S’ASSURER QUE LEURS VOIES SOIENT ENTENDUES DEVANT LA CPI ?
Le Statut de la Cour est innovant à plusieurs égards et notamment en accordant aux victimes le droit de participer à la procédure. La
participation aux procédures en tant que victime diffère de la comparution en tant que témoin ; elle signifie que les victimes présentent
leurs vues et préoccupations à toutes les phases de la procédure, généralement par l’intermédiaire de leurs représentants légaux (c’està-dire de leurs avocats). Cette participation volontaire permet aux victimes d’exprimer une opinion indépendante des parties et leur
offre la possibilité de communiquer directement avec les juges au sujet de leurs propres vues et préoccupations.
Les juges ont reconnu à 726 personnes la qualité de victime autorisée à participer au procès dans l’affaire Le Procureur c. Laurent
Gbagbo et Charles Blé Goudé. Elles seront représentées tout au long des audiences par Me Paolina Massidda, conseil principal du
Bureau du Conseil public pour les Victimes, qui aura pour rôle de faire part des vues et préoccupations de ses clients et de faire
entendre la voix des victimes tout au long du procès.
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