Cote-d’Ivoire « Un procès politique, arbitraire et inique » débute le 28 janvier (déclaration du FPI)

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Le 28 janvier 2016 est la date prévue pour le début du procès« Procureure de la CPI contre le Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé ».

Ce procès va donc se tenir au terme d’une longue litanie d’incidents de procédure, depuis la phase préliminaire. Il va se tenir, contre toute attente, en l’absence de preuves, selon les juges, contre l’accusé, dans une situation de conflit armé et de discorde suite à une compétition électorale. Ce procès, comme son nom l’indique, oppose la Procureure de la Cour Pénale Internationale (CPI), à Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, deux personnalités d’un seul camp, aucune personnalité du camp opposé dans le conflit et l’élection ayant occasionné la mise en œuvre de la procédure judiciaire n’étant présente. Nous sommes, manifestement, dans le cas d’un procès difficilement justifiable en droit, tant il est indéniable que tout procès, au terme des débats, doit déboucher sur la manifestation de la vérité, qui consiste dans le cas d’un antagonisme avéré, à déterminer qui des parties opposées a tort et qui a raison. Quelle vérité peut-on prétendre rechercher, en effet, dans un procès relatif à un antagonisme entre au moins deux camps, où on ne s’intéresse qu’aux membres d’un seul et même camp ?

Comment en ait-on arrivé à cette situation ?

En octobre 2000, pour permettre à la Côte d’Ivoire de retomber sur ses pieds, après le passage de la junte militaire à tête de l’Etat, suite au coup d’Eta du 24 décembre 1999, une élection a été organisée, selon l’ordre constitutionnel. Cette élection a été remportée par Laurent Gbagbo, face à Robert Guéi, chef de la junte, grâce à un extraordinaire soulèvement populaire, alors que le chef de la junte voulait se faire attribuer indûment la victoire.
Laurent Gbagbo arrive donc au pouvoir par la volonté du peuple qui l’a élu et s’est jeté dans la rue, face aux canons de soldats de la junte, pour imposer sa victoire. Il est élu sur un programme et un projet de société : « la refondation de la Côte d’Ivoire » ! Ce programme n’est rien moins que la remise en cause du statu quo ante. Il s’agit de gouverner autrement le pays et le Président Laurent Gbagbo ne cesse de le répéter.
Le camp d’Alassane Dramane Ouattara, homme dont la candidature a été refusée par la Cour Suprême, juge des élections d’alors, pour « nationalité douteuse », usa de tous les actes de désobéissance civile, d’incitation au désordre et de la violence la plus extrême, pour empêcher le nouveau pouvoir de conduire en toute quiétude son programme de gouvernement. Le régime de Laurent Gbagbo doit faire face à des turbulences comme jamais vues dans le pays, avec des tentatives répétées de coups d’Etat, dont on peut citer celui des 7 et 8 juin 2001, retenu dans l’opinion nationale comme « le coup de la Mercedes Noire »,du fait que certains de ses principaux acteurs venus du Nord, probablement du Burkina Faso, étaient à bord d’un véhicule Mercedes de couleur noire. Ce véhicule disparut d’ailleurs vers la frontière septentrionale du pays.

Laurent Gbagbo, président de la République, qui avait conscience que la fracture sociale était profonde, et avait remarqué que les détracteurs de son pays, en exagérant, arguaient de cette fracture pour mettre à mal le climat social, décida d’opérer une action de rassemblement des fils et filles du pays, en faisant dès 2002, un large gouvernement d’union nationale ; puis il organise un forum national de la réconciliation, avec toutes les forces vives du pays et les acteurs politiques de premier plan. C’est à l’occasion de ce forum, et en application des dispositions de la Constitution ivoirienne, qui prescrit qu’ « aucun Ivoirien ne soit contraint à l’exil », que le président Laurent Gbagbo fit rentrer au pays tous ceux qui étaient à l’extérieur, suite à quelques représailles que ce soit, bien avant son arrivée au pouvoir. C’est également à cette occasion qu’Henri Kona Bédié et Alassane Dramane Ouattara qui s’étaient retirés hors du pays, revinrent en Côte d’Ivoire. Le forum de la réconciliation, présidé par Seydou Diarra, Premier ministre de la junte militaire, dura plusieurs jours, et à son terme, on croyait pouvoir espérer une sage accalmie dans le pays.

Cet espoir fut vain, car dans la nuit du 18 au 19 septembre 2002, la Côte d’Ivoire est attaquée. Le président Gbagbo met fin à son voyage officiel en Italie et rentre au pays pour faire face à la crise. On ne tarde pas à comprendre qu’il s’agit encore d’une tentative de coup d’Etat. Rapidement, le coup est mué en une rébellion puissamment armée, avec pour base arrière, le Burkina Faso. Les premières réactions des forces régulières de Côtes d’Ivoire montrent la faiblesse des rebelles, malgré leur puissant armement. C’est alors que la France entre en jeu et à coup de tractations multiples, on en arrive aux réunions de Linas-Marcoussis, puis de Kléber, en France, réunions à l’issue desquelles la France tord le cou à l’Etat ivoirien, en s’arrangeant pour remettre le pouvoir à un Premier Ministre de son choix et pour confier des postes ministériels d’importance aux rebelles. Puis, par son armée sur le sol ivoirien, et les soldats de l‘ONU, qu’en tant que membre du Conseil de Sécurité de l’ONU, où elle fait signer les résolutions sur la Côte d’Ivoire, elle a fait venir dans le pays, la France annihile quasiment toutes les capacités de mise hors d’état de nuire des rebelles. Tout est alors mis en œuvre, toutes sortes d’artifices économiques, diplomatiques et médiatiques sont déployés, par l’Etat français pour asphyxier l’Etat de Côte d’Ivoire.

Laurent Gbagbo est contraint d’aller de compromis en compromis, faisant toutes sortes de concessions, espérant que cela amènent ses ennemis à adopter des attitudes plus conciliantes. Il n’en fut rien. Les coups bas contre le pays de Laurent Gbagbo se multiplièrent. La France, avec des chars et des hélicoptères fait même des massacres dans le pays, principalement à Abidjan, sur le Pont Général de Gaulle et à l’Hôtel Ivoire, en novembre 2004.Des résolutions de l’ONU sont prises, toujours dans le sens d’affaiblir le président élu au profit de la rébellion.

C’est dans le volet de ces résolutions qu’on contraignit Laurent Gbagbo à organiser une élection dite de sortie de crise. Rapidement on mobilisa les médias, pour proclamer que le président ivoirien refusait d’organiser les élections, afin de s’accrocher au pouvoir. Pourtant, c’est la Constitution du pays qui n’autorise pas d’élection dans l’état où était le pays, à savoir, la partition en deux du fait des rebelles qui en occupent des pans entiers, la situation de guerre toujours de mise. Il signe alors l’Accord Politique de Ouagadougou (APO), pour espérer amener les rebelles à déposer les armes. C’est peine perdue ! Finalement, le président ivoirien consent à organiser l’élection présidentielle dite de sortie de crise, malgré tout, en 2010. Il a confiance dans le soutien sans faille du peuple ivoirien et se dit que si des observateurs de toutes origines arrivent, comme on le lui promet, si chacun reste digne et sérieux, le coup est jouable. L’élection est organisée, et malgré toutes les falsifications des rebelles, Laurent Gbagbo est sorti vainqueur avec 51,45% des suffrages, selon le résultat définitif donné par le Conseil constitutionnel.

Manifestement, ce résultat ne convient pas à la France, à l’ONU, et à leurs amis de la Communautés Internationale. Ils préfèrent les chiffres fantaisistes lus par le président de la commission chargé des élections, kidnappé et emmené au quartier général d’Alassane Ouattara, le candidat de la rébellion, adversaire de Laurent Gbagbo.

Une clameur indescriptible est orchestrée à travers le monde contre Laurent Gbagbo, qui est traité de tous les noms. Nicolas Sarkozy, le président de la France, donne un ultimatum au président ivoirien pour quitter le pouvoir. Les observateurs se terrent, à part ceux venus d’Afrique qui dénoncent les malversations dans les zones rebelles. Laurent Gbagbo, agacé par tout le mensonge amplifié, demande le recomptage des voix. Que non ! Rétorquent l’ONU, la France et leurs amis de la Communauté Internationale. Évidemment, ils connaissent la réalité des urnes et ne cherchent qu’à chasser Laurent Gbagbo du pouvoir. Car ils savent que Laurent Gbagbo a gagné effectivement l’élection présidentielle de 2010, en Côte d’Ivoire !

L’ONU, la France et ses alliés occidentaux, s’appuyant sur les valets locaux, font chorus, par les moyens les plus abjects, pour usurper par la force armée, le pouvoir afin de le remettre à leur homme lige, qui n’est pas le choix du peuple ivoirien, Alassane Ouattara.

Le Président Laurent GBAGBO, à partir de ce moment, malgré le soutien de son peuple, est l’objet d’une traque attentatoire à sa vie, pour apeurer les Chefs d’Etat, surtout du pré carré Français. On organise des tueries massives à travers tout le pays dont plus de 700 tués dans la région de Duékoué et attribués au camp Ouattara par la Commission nationale d’enquête mise en place par ce dernier, on bombarde la résidence du Chef de l’Etat où il y a des enfants des femmes et des personnes âgées. Toute la résidence du Chef d’Etat ivoirien est dévastée avec tout ce qu’elle contient.

Dans le silence de ses pairs qui observaient la fureur punitive des puissants, le Président Laurent Gbagbo a perdu un pouvoir que lui avait légitimement octroyé le peuple ivoirien. Par miracle, il a la vie sauve ! Mais, Laurent Gbagbo est arrêté avec sa famille et ses amis et proches collaborateurs, par les soldats français, qui le remettent aux rebelles. Alors, malmené, violenté, humilié, traité comme une bête immonde, celui qui gouverna la Côte d’Ivoire pendant dix ans est amené, avec sa famille et ses proches au Golf Hôtel, le quartier général d’Alassane Ouattara, d’où il est conduit dans une prison spéciale à Korhogo. C’est de là, qu’il sera déporté à La Haye, à la CPI le 29 novembre 2011, dans l’objectif bien compris par les Ivoiriens, de l’éloigner et des siens et du pouvoir.

À la CPI, on a, dans l’urgence, concocté des charges de crimes contre l’humanité, de viols, de crimes de sang pour en finir avec le Président Laurent Gbagbo. Mais comme « il n’existe pas de crime parfait », le vernis de droit et la mise en scène au moyen du droit ont montré leurs limites, faute de preuves.
Alors on peut se demander si dans la procédure en cours, on peut attendre de la CPI, un verdict équitable ?

Ne nous y trompons pas. La CPI n’est pas une juridiction, c’est une machine infernale dont l’ONU tient les manettes. Elle ne peut être arrêtée que par la mobilisation, par la mise à nu de ses pratiques immondes, par le fait de refuser le nouvel ordre qu’elle veut instaurer en tentant de faire disparaitre les Etats, le pouvoir des peuples à défendre leur souveraineté. Le Président Laurent GBAGBO est à l’avant-garde d’un combat inégal. Mais eu égard à ce qu’il défend qui est commun aux peuples du monde entier, on peut se demander s’il est raisonnable qu’un procès se déroule à la CPI malgré tout ce qui se sait désormais.
Les abondants signaux qui viennent de partout, de la diaspora, du monde intellectuel, du monde politique qui sort de sa torpeur, des citoyens ordinaires de tous les pays, et le cri du sang de ceux qui ont été massacrés, dénoncent la tragédie que vit le Président Laurent Gbagbo. Aussi, croyons-nous fermement qu’il ne sera pas raisonnable de tenir un procès dans une procédure où les antagonistes ne se rencontreront pas dans le prétoire sans faire le procès de la CPI et de ses mandants. Car aujourd’hui, le Président Laurent Gbagbo n’est pas seul, et comme il a coutume de le dire, le temps est un autre nom de Dieu.

Au regard de la nature politique, arbitraire et inique de ce procès qui n’aurait dû jamais avoir lieu, le Front Populaire Ivoirien :

-appelle ses militantes et militants, le peuple souverain de Côte d’Ivoire, la diaspora, les démocrates de toute origine et tous les panafricanistes à se mobiliser pour obtenir la libération sans condition du président Laurent Gbagbo, ce digne fils de l’Afrique et combattant infatigable de la liberté.

Abidjan, le 24 janvier 2016
Pour le Font Populaire Ivoirien,
Le 1er Secrétaire général adjoint, porte parole par intérim,
KONE Boubakar

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