Côte d’Ivoire – Un conflit entre la SGBCI et une cliente dans un fauteuil roulant devant la justice

SGBCI

La SGBCI refuse l’accès à sa cliente dans un fauteuil roulant, les deux parties devant la justice

Un contentieux oppose l’ex-Miss Korhogo sur deux éditions, Soro Néhouélé Ténin, aujourd’hui handicapée, à sa banque, la Société générale de banques en Côte d’Ivoire (SGBCI) suite au refus de celle-ci de la laisser accéder à son agence dans un fauteuil roulant.

Des explications de l’ancienne reine de beauté de la Région des Savanes (Korhogo, 670 km au Nord) qui a rencontré la presse dans le modeste studio où elle vit, il ressort que suite à un accident de la circulation en décembre 2009, Soro Néhouélé Ténin (27 ans), plus connue sous le sobriquet de Tania a perdu l’usage de ses jambes et est, désormais, condamnée à se déplacer dans un fauteuil roulant.

‘’En 2005, j’ai ouvert un compte dans les livres de l’agence SGBCI de 2 Plateaux-Vallons où j’ai toujours effectué mes opérations courantes sans la moindre difficulté », raconte-t-elle, ajoutant qu’elle s’est retrouvée handicapée suite à un accident de la circulation ‘’me condamnant à me déplacer dans un fauteuil roulant après 4 années de rééducation tant ici à Abidjan qu’en Tunisie ».

Les 10 et 13 août 2015, Tania affirme s’être rendue à l’agence pour un retrait afin de payer ses soins de rééducation à Abidjan. Mais, contre toute attente, elle s’est vue refuser l’accès de cet établissement au motif qu’elle ne peut y accéder dans son fauteuil roulant.

« Il m’a été proposé de me soulever et aller me mettre dans le fauteuil à l’intérieur de la banque. J’ai estimé que c’est humiliant et me rappeler le douloureux souvenir des premiers moments de l’accident où j’étais paralysée des 4 membres. Malgré toutes ces explications, j’ai été refoulée comme un malpropre, traitée comme un sous-homme pour mon handicap. D’où ma plainte », explique l’ex-Miss.

Selon elle, toutes les démarches amiables entreprises sont restées vaines. Soro Néhouélé Ténin explique encore que selon la directrice de l’agence, personne n’entre dans la banque à l’aide d’un fauteuil roulant.

‘’L’inaccessibilité à mon compte a pour effet de me priver de soins puisque je ne peux ni faire mes examens ni acheter mes médicaments. Je dois changer la sonde et les couches. Pour éviter des infections, il faut des gangs. N’ayant plus l’argent pour la payer, ma fille de ménage est partie. La SODECI était venue enlever le compteur. C’est une âme compatissante qui a sauvé la situation », poursuit-elle, amère.

Ne sachant où trouver l’argent pour les médicaments de trois types dont des anticoagulants et faire face à ses besoins, Soro Néhouélé explose.

‘’Je n’ai pas eu besoin d’une action judiciaire contre une banque pour payer mes soins ici comme en Tunisie. Ce n’est pas sur cette procédure non plus que je compte pour mes soins. Je veux juste prendre ce qui m’appartient et dans des conditions de dignité et de respect de mon état. Je refuse d’être traitée comme un sous-homme, à la limite comme un animal pour mon handicap », précise-t-elle, en sanglots.

La banque incriminée, par l’intermédiaire de son Conseil Me Soro Bako, relève que l’ancienne directrice de l’agence permettait aux agents de sécurité de désactiver le système de sécurité en ouvrant toutes les portes à la fois pour permettre le passage de personnes handicapées dans un fauteuil roulant.

Mais que pour des raisons de sécurité évidentes, la direction générale n’a pas souhaité continuer à mettre en danger les dépôts des autres clients avec le risque de braquage.

‘’Dans le cas d’espèces, il a été proposé à la cliente de se mettre debout quelques secondes pour permettre d’ouvrir la porte qui bloque le passage ou d’accepter d’être dirigée vers une autre agence, notamment le siège où elle serait confrontée au problème des escaliers. Elle a refusé ces propositions. La banque ne refuse pas qu’elle ait accès à son compte. Seulement, elle ne peut pas mettre en place un système de transport ou de locomotion pour les besoins d’un seul client », indique Me Soro.

Le Tribunal du Commerce d’Abidjan où les deux parties se sont retrouvées rendant le verdict de son audience publique du 14 octobre 2015, a débouté la banque qui a interjeté appel de la décision qui ordonne ‘’la SGBCI à permettre à Mme Soro Ténin d’avoir librement accès à la banque et à son compte bancaire pour y effectuer des opérations. Et ce, sous astreinte comminatoire de 200.000 F CFA par jour de retard à compter de la signification de la présente décision », précise la grosse du jugement.

‘’En refusant de se plier au verdict du tribunal, la banque a décidé de m’emmerder et me tuer à petit feu. Je ne vais pas me laisser faire », réagit Miss Tania avant l’audience en appel fixée au 15 janvier 2016.

HS/ls/APA

Commentaires Facebook