Côte-d’Ivoire Dramane Ouattara et le RHDP: nouveaux adeptes de la souveraineté nationale ?

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Par Jean-Claude Djereke

Selon le journal en ligne “Connectionivoirienne.net”, le correspondant de “Radio France Internationale” à Abidjan aurait essuyé, le 8 décembre 2015, le courroux d’un prétendu député à l’Assemblée nationale. Le lendemain, c’était au tour de Dramane Ouattara de “piquer une grosse colère devant le traitement fait à la deuxième personnalité de son pays”. Pourquoi l’homme placé à la tête de notre pays par Sarkozy après le bombardement de la capitale économique se mit-il en rogne? Parce qu’il aurait “pris l’acte non pas comme une atteinte à l’image de Soro Guillaume, mais comme une agression contre la souveraineté de l’État de Côte d’Ivoire et une humiliation pour sa personne”, explique Assalé Tiémoko. Le même mercredi, une certaine jeunesse de Bouaké aurait accusé la France d’avoir “violé les coutumes politiques, les traités internationaux et les conventions judiciaires” et souhaité “que plus que jamais cela ne se répète”. Plusieurs questions viennent immédiatement à l’esprit ici : 1) À quel moment Ouattara et le RHDP ont-ils découvert que la souveraineté d’un pays est sacrée car nous autres croyions que ce mot ne faisait pas partie de leur vocabulaire et que c’est parce qu’il défendait la souveraineté de la Côte d’Ivoire que Gbagbo fut combattu par eux de 2000 à 2011 et faillit être assassiné en 2011 par l’armée de leur maître et seigneur commun? 2) Ne sont-ce pas eux qui, par le biais du GTI (Groupe de travail international), réclamaient en 2006 la dissolution de notre Parlement et une mise de notre pays sous tutelle internationale? 3) La souveraineté n’a-t-elle de valeur et de sens que si eux sont au pouvoir? 4) Que croyaient Dramane Ouattara, sa jeunesse et ses députés godillots? Autement dit, à quoi s’attendaient-ils de la part des Français? S’imaginaient-ils que ces derniers ne feraient jamais rien contre eux et qu’ils couvriraient ad vitam aeternam leurs nombreux crimes ? Pensaient-ils que l’armée française avait bombardé la résidence présidentielle pour leurs beaux yeux ? Les collabos de Chirac et de Sarkozy sont-ils en train de prendre conscience que la France n’aime aucun Noir et que la seule chose qu’elle aime, c’est d’opposer les Africains les uns aux autres et de tirer profit de leurs divisions ? Bref, ont-ils réalisé enfin que seuls les intérêts matériels guident les “Blofouè” qui, pour parvenir à leurs fins (faire main basse sur les richesses des Africains), ont toujours eu besoin d’un “idiot utile” ?

L’idiot utile est un individu à qui le Blanc fait d’abord croire que lui et son ethnie sont différents des autres ethnies, qu’ils sont plus intelligents, plus travailleurs et plus civilisés que les autres. On lui fournit ensuite toutes sortes de moyens pour dominer et écraser ceux qui lui sont présentés comme des gens inférieurs, barbares, sauvages, etc. Houphouët, Senghor, Mobutu, Eyadéma, Bokassa, Omar Bongo, Sassou Nguesso, Blaise Compaoré ont été chacun cet idiot utile à un moment ou à un autre. Pour le rayonnement culturel, politique et économique de la France, ils n’ont reculé devant rien. Mais, revers de la médaille ou ironie du sort, la France vole rarement au secours de l’idiot utile quand celui-ci est en difficulté (Bokassa, Houphouët, Mobutu), oublie de l’honorer quand il décède (Senghor). N’en déplaise à certains, l’Afrique a peu de raisons d’être fière de ces présidents qui ont plus travaillé pour l’Occident et pour eux-mêmes que pour leur pays. Par contre, ceux que l’Afrique n’oubliera jamais, ceux à qui elle sera éternellement reconnaisante, ce sont les dirigeants qui ont refusé de s’aplatir, de brader les ressources de leur pays à vil prix, de posséder villas et comptes en banque à l’étranger ou de vivre dans l’opulence pendant que leur peuple croupissait dans la misère. Ceux-là, l’Occident les a diabolisés dans ses “médias mensonges” (Michel Collon) avant de les traiter de dictateurs, de chefs ethnocentristes, etc. Mais Albert Einstein nous apprend que “les grands esprits ont toujours rencontré une opposition farouche des esprits médiocres”. Sylvanus Olympio, Patrice Lumumba, Modibo Keïta, Cheikh Anta Diop, Kwame Nkrumah, Sékou Touré, Amilcar Cabral, Samora Machel, Um Nyobé, Osendé Afana, Ernest Ouandié, Félix-Roland Moumié, Thomas Sankara, Aimé Césaire, Frantz Fanon étaient de grands esprits. Ils sont nos héros ; ils sont ces combattants intrépides dont l’exemple doit nous inspirer et nous galvaniser sans cesse. N’attendons pas que l’Occident les encense. La France ne tressa jamais de lauriers à Césaire avant sa mort alors qu’il méritait, plus que Senghor, d’entrer à l’Académie française. Pourquoi ? Parce qu’elle ne lui avait pas pardonné “Discours sur le colonialism” où le poète martiniquais démontrait par A+B que la colonisation française ne fut jamais civilisation mais chosification et exploitation de l’homme noir.

Soyons fiers de Césaire et des autres Noirs dénigrés, boycottés et combattus par l’Occident. Méfions-nous, en revanche, des Noirs adulés par le Blanc. Ceux-là doivent nous paraître suspects. Samora Machel l’a exprimé mieux que quiconque lorsqu’il affirmait : “Le jour où vous entendrez les Blancs bien parler de moi, ce jour-là, ne partagez plus vos secrets avec moi, parce que cela voudra dire que je vous ai déjà trahis.” Et Nelson Mandela? Héros ou traître? Pour moi, il fut un des héros de la lutte anti-apartheid; c’est un Africain digne et libre dont l’Occident a essayé de se servir pour renvoyer aux calendes grecques les transformations qui auraient permis que les Blancs cessent d’avoir la mainmise sur l’économie de l’Afrique du Sud. Que la situation de la communauté noire se soit peu améliorée sous Mandela montre qu’il y a des choses à reprocher à sa gouvernance. Le premier président noir de l’Afrique du Sud demeure, malgré tout, un héros non seulement pour s’être dressé contre la discrimination dans son pays mais aussi pour avoir rendu visite, le 22 octobre 1997, à Mouammar Kadhafi dont le pays était sous embargo. Aux Américains qui jugeaient cette visite malvenue, le président sud-africain donna cette réponse directe et ferme : « Aucun État ne peut s’arroger le rôle de gendarme du monde et aucun État ne peut dicter aux autres ce qu’ils doivent faire. » Mandela pouvait agir et parler de la sorte parce qu’il avait été élu par les Sud-Africains. Et c’est là toute la différence avec ceux que la France a mis au pouvoir en Afrique francophone. Le RHDP a certes protesté contre le mandat d’amener Soro Kigbafori qui a été tout, sauf brave et courageux mais jusqu’où iront ses protestations ? Nous aurons la réponse à cette question dans les mois à venir. En attendant, on pourrait lui rappeler deux phrases. La première est de Laurent Gbagbo. La voici : “Celui qui te fait roi a toujours un droit sur ton siège.” La seconde fut prononcée le 27 mai 2011 par Marine Le Pen qui, à en croire des analystes sérieux comme Jacques Attali, pourrait diriger très prochainement la France. La présidente du Front national était face à Roland Sicard de “France 2” et disait ceci : “Ouattara doit répondre des crimes incontestablement commis par son armée. Il doit être poursuivi.”

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