Par Dapa Donacien
Dans « La Formation de l’esprit scientifique » (paru en 1938), Gaston Bachelard fait bien de s’exclamer en sonnant l’alerte : « L’opinion pense mal ; elle ne pense pas : elle traduit des besoins en connaissances. En désignant les objets par leur utilité, elle s’interdit de les connaître. »
C’est exactement le cas dans le raisonnement qui suit, relevé dans une opinion publiée le 16 novembre 2015 sur connectionivoirienne et ivoirebusiness puis intitulé :
« Ces intellos qui refusent le combat pour la Démocratie en se dissimulant derrière la bible ». Ce texte est signé de Tibeu Briga, un nom inconnu sur Google, moteur de recherche des hommes qui font impact dans leur génération.
A partir de cet instant, vous et moi, nous aurions pu mépriser cette adresse, qui, manifestement, provient d’un pseudonyme.
Mais j’ai appris, avec Martin Luther King, qu’il est maladroit de juger les gens à partir de leur identité physique, au lieu du contenu de leurs idées.
Alors, je me suis appliqué à disséquer le contenu de la pensée de celui qui s’est accordé le malin plaisir de vouloir me prendre à défaut, par malice et mauvaise foi. Mesdames, mesdemoiselles et messieurs, fidèles lecteurs, découvrons ensemble la « trouvaille » de monsieur Tibeu Briga, sans nous attarder sur l’identité de celui ou celle qui se cache derrière ce pseudonyme.
« La bible est vendue partout, dans tous les coins et recoins du monde même sur les marchés les plus reculés, elles sont même parfois offertes gratuitement. Monsieur Dapa s’est-il déjà interrogé pourquoi les brevets d’invention ne sont-ils pas aussi diffusés et gratuits que la bible ?
La gratuité de la bible qui contraste d’avec la dissimulation des brevets d’invention, devrait pousser Monsieur Dapa, à se méfier de cette œuvre et son contenu qui sont les créations du dominateur… »
Voilà l’argument joker sur lequel s’appuie monsieur Tibeu Briga dans sa vaine entreprise de banalisation de la Bible.
Faisant abstraction de tout débat religieux, je poserais simplement la question à monsieur Tibeu Briga en guise de réponse à la sienne.
L’eau naturelle, indispensable à la vie sur terre, est plus répandue et plus distribuée à l’humanité que la Bible. Chacun de nous fait usage de l’eau au quotidien. Est-ce à dire que l’eau serait d’aucune valeur parce que à portée de main ?
L’air que nous respirons est plus que vitale pour l’humanité et plus répandue que la Bible. En plus, l’air nous est distribué gratuitement, sans frais à la charge de celui qui l’aspire et l’expire. Est-ce à dire que l’air serait d’aucune valeur, parce que accessible sans le moindre effort ?
Aussi longtemps que monsieur Tibeu Briga ne se posera pas de question sur le brevet d’invention de l’eau avant de la boire, aussi longtemps que monsieur Tibeu Briga ne se posera pas de question sur le brevet d’invention de l’oxygène vital qu’il tire de l’air naturel, je laisserai le soin à lui-même de répondre à son interrogation.
Au total, je m’inscris en faux contre la hiérarchie des valeurs fondée sur le critère de la rareté. C’est une approche mercantile, or Dieu ne peut s’appréhender comme une valeur marchande.
Finalement, nous-nous apercevons que monsieur Tibeu Briga, fait fausse route en s’aventurant dans une approche mercantile comme tentative d’appréhender la Bible. A suivre le raisonnement spécieux de monsieur Tibeu, la Bible ne serait d’aucune valeur, car distribuée gratuitement, ou accessible par tous sans effort.
Assurément, Gaston Bachelard n’avait pas tort. En désignant la Bible par sa valeur commerciale, monsieur Tibeu Briga s’interdit de la connaître.
Pour celui qui s’autoproclame détenteur exclusif du vocable « intellectuel », monsieur Tibeu Briga, puisque c’est de lui qu’il s’agit, devra méditer cette sentence prononcée par un vrai intellectuel à l’endroit des ignorants qui s’ignorent : « L’opinion pense mal ; elle ne pense pas : elle traduit des besoins en connaissances. En désignant les objets par leur utilité, elle s’interdit de les connaître. »
Par ces brèves lignes, je m’honore de clore le faux débat esquissé par certains, tendant à donner mauvaise conscience aux chrétiens parce que « la bible est un bouclier moral et de tolérance » (selon leur confession), à une époque où l’intégrisme et le fondamentalisme religieux avancent sous deux visages : d’abord sous forme de manœuvres subtiles et pernicieuses visant à imposer la religion sataniste au monde entier par le biais de l’introduction du mariage de personnes de même sexe dans les législations nationales de gré ou de force. C’est bien la primauté d’une religion (le satanisme) que l’on veut imposer à tous, par la violation du principe de la laïcité des Etats.
Ensuite, l’intégrisme et le fondamentalisme religieux (le plus connu) prend un visage d’assassinats massifs au moyen d’attentats aux engins piégés. (Voiture, moto, ceintures…).
Ces deux visages de l’intégrisme religieux, devraient emmener chaque intellectuel africain à proposer des remparts contre ces deux nouvelles formes d’invasions dévastatrices.
Et s’il s’avérait que la Bible en tant que promotrice de vertus morales, peut aider l’Afrique à désarmer les montres, épargnez-nous des préalables futiles et dilatoires du genre : « publication d’un quelconque brevet d’invention de la Bible ».
Au Cameroun, face à de telles réclamations qui relèvent de l’hérésie, la question emprunte d’accent bamiléké (langue locale) ne manquera pas d’être posée :
Es-tu normal ?!
Dapa Donacien
Chroniqueur Indépendant
dapadonacien@yahoo.fr
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