Par Serge Alain Koffi
Alassane Ouattara a beau être réélu président de la Côte d’Ivoire avec plus de 83% des suffrages, il lui en faut bien plus pour être adoubé par certains partisans de son prédécesseur Laurent Gbagbo, à Yopougon (fief de l’opposition à Abidjan), qui disent ne “rien’’ n’attendre de son deuxième quinquennat.
“Je n’attends rien de Ouattara après sa réélection’’, affirme sans fioritures, Sylvain Blé, la quarantaine, adossé à son véhicule, garé en bordure de route à Yopougon, commune considérée comme un fief de Laurent Gbagbo.
Pour ce biologiste, parent éloigné de Charles Blé Goudé, le leader des “Jeunes patriotes’’ ivoiriens pro-Gbagbo, cela ne fait l’ombre d’aucun doute. “Ouattara fera pire que lors de son premier mandat’’.
En plus de ne pas être un partisan de M. Ouattara, Sylvain Blé vit mal son chômage depuis que le laboratoire dans lequel il travaillait a été rasé dans le cadre d’une vaste opération d’assainissement et de salubrité initié par le gouvernement ivoirien dans le district d’Abidjan.
Son centre biologique, comme beaucoup d’autres maisons, majoritairement des concessions privées ont été également démolies pour des travaux sur la voirie.
“Il va tout casser maintenant. Changer la constitution. Son second mandat sera un vrai règlement de compte’’, ajoute-t-il d’un air dépité.
Dans son salon de coiffure à la Sideci (un quartier de Yopougon), Jacqueline Kouamé, comme Sylvain Blé, dit ne pas attendre “grande chose’’ du nouveau quinquennat de M. Ouattara.
Elle avoue d’ailleurs n’avoir pas voté le 25 octobre lors de l’élection présidentielle dont le résultat lui semblait évident. “Je savais de toutes façons qu’il serait réélu’’, reconnait-elle.
Un boycott qui n’a toutefois pas empêché M. Ouattara de distancer ses adversaires à Yopougon où il a remporté 79,74 % des suffrages, loin devant le député Bertin Kouadio Konan et le président contesté du Front populaire ivoirien (FPI, le parti fondé par Laurent Gbagbo) Pascal Affi N’guessan.
Il faut bien plus que les quatre années de détention de l’ex-Chef d’Etat à la Cour pénale internationale (CPI) pour décourager cette chrétienne évangélique, fidèle de “Shekina Glory’’, une église fréquentée par le couple Gbagbo quand il était au pouvoir.
“Dieu a parlé d’un revers et nous attendons’’, ajoute-t-elle en allusion aux nombreuses « prophéties » promettant un retour du président déchu.
Après son élection, M. Ouattara promet construire “une Côte d’Ivoire nouvelle ’’ et lutter contre la corruption.
Des engagements auxquels Eugène Taho, enseignant dans un centre de formation, n’y croit pas. “Ce sont de simples vœux pieux’’, juge l’homme qui a été membre d’ “un mouvement patriotique’’ pro-Gbagbo aux heures chaudes de la rébellion nordiste des Forces nouvelles (FN) entre 2002 et 2007.
Néanmoins, Eugène Taho, contrairement à Sylvain et Jacqueline, dit attendre M. Ouattara sur un seul point, véritable défi pour le chef de l’Etat : la réconciliation nationale.
SKO
Alerte info/Connectionivoirienne.net
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