Côte d’Ivoire loyers: à San-Pedro, les cautions et avances fixées « à la tête du client »

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Par Manuella Yapi

« Il y a ce que le gouvernement dit et il y a ce qui se passe sur le terrain! », ironise Oulaï, la trentaine révolue, à la recherche d’une « petite villa ou un appartement » à louer dans la commune de San-Pedro (sud-ouest ivoirien), ajoutant que « des propriétaires proposent jusqu’à trois mois d’avance au lieu d’un, en plus des deux mois de caution » préconisés.

Ce comptable dans une structure privée et père de trois enfants dit être « prêt » à se « plier » à toutes les exigences de l’agent immobilier ou du démarcheur « qui pourra (lui) proposer une maison à la Cité », un quartier proche de son lieu de travail et de l’école primaire de ses filles.

« Tout le monde ne sait pas que cette mesure existe, moi-même je ne sais pas où me plaindre si on me demande par exemple de payer quatre mois de caution et trois mois d’avance. On n’a pas le choix, en plus ce n’est pas facile de trouver une maison loin des quartiers populaires », dit-il.

Le plus « important » selon Oulaï, c’est d’établir « une sorte de baromètre pour fixer les prix des loyers en fonction de la superficie et des commodités » des domiciles: « dans les quartiers comme le Camp douane, la Cité ou le Lac il est rare d’avoir une maison avec deux chambres à moins de 110.000 FCFA en ce moment. C’est là qu’il faut agir ».

Une question de « chance »

« Tout dépend de la personne sur qui vous tombez. C’est un peu à la tête du client, il faut avoir de la chance aussi », souligne Narcisse, un gérant de cybercafé qui soutient que « tout a été respecté » lorsqu’il a aidé un ami dans ses démarches pour la location d’un appartement non loin du Camp douane: « le loyer coûte 125.000 FCFA. Il a payé deux mois de caution et un mois d’avance ».

Même s’il admet que pendant les recherches « certains démarcheurs ont proposé trois voire quatre mois de caution et aussi trois mois d’avance » pour des maisons qui allaient « de 115.000 à 130.000 FCFA », il estime qu’ »en général on essaie de respecter les mesures. Même quand il y a tricherie, ce n’est pas (au-delà) de deux mois ».

Fabrice Traoré, gérant de cabine et « parfois démarcheur », explique que l' »exagération » qui peut être observée concernant les mois de caution et d’avance fixés relève d’une « stratégie » de vente.

« Tout dépend du demandeur. Si le propriétaire ou le démarcheur se rend compte que celui qui est en face ne connaît pas les mesures actuelles ou qu’il a urgemment besoin d’une maison, il peut facilement imposer ses conditions. Mais quand c’est le contraire, les deux parties s’entendent ».

Mme Koné estime pour sa part que les mesures limitant les cautions et avances sur loyer à respectivement deux et un mois, ne militent pas en faveur des propriétaires de maisons, dont son époux fait partie, parce que « personne ne les aident quand les autres refusent de payer ».

« Une fois que les locataires entrent dans les maisons, c’est difficile de les faire sortir même quand ils ne paient pas pendant quatre, cinq mois. Celui qui a construit perd dans cette histoire, donc quand on peut prendre beaucoup d’argent on en profite », avance-t-elle, sous des craquements de coques d’arachides grillées.

L’air amusé, Fabrice sourit: »de toutes les façons, je n’ai jamais vu ou entendu quelque part qu’on a obligé quelqu’un à changer les modalités de location de sa propre maison. D’après ce que je vois, ce n’est pas l’Etat qui décide, c’est le propriétaire ».

Le président de la Chambre du droit des affaires et de l’immobilier (CDAIM), Roger N’doumy a annoncé en septembre que la caution pour les loyers est limitée à deux mois et l’avance à un mois, face à la presse.

MYA

Alerte info/Connectionivoirienne.net

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