« Les excès de la force ne terrorisent pas seulement la malheureuse victime, mais aussi et encore plus celui qui les commet »
(Ferrero)
La Côte d’Ivoire vient de montrer au monde entier qu’un Président imposé n’est jamais accepté par le peuple. Après la victoire volée aux Ivoiriens en 2011, ces derniers viennent de donner une belle leçon de démocratie au monde entier, en refusant sans bruit les ténors de la force. Un taux de participation très faible, du jamais vu dans les démocraties modernes.
En France, de toute l’histoire de la Ve république, sur les 9 scrutins de second tour des élections présidentielles, on peut noter 4 moments difficiles pour la démocratie : 1969, 1995, 2002 et 2012. Le taux d’abstention, environ 32% en 1969, 20% en 1995, 20% en 2002 et 18% en 2012. Le taux d’abstention de 2012 se classe à la 4ème place (devant 1969, 1995 et 2002), et le taux de votes blancs ou nuls, à la 3ème place (devant 1969 et 1995). On retiendra que ces scores figurent tout de même parmi les plus élevés : le taux d’abstention de 2012 est par exemple 3,62 points au-dessus du précédent, en 2007.
Plus qu’un simple résultat de scrutin, le triptyque inscrits / votants / exprimés permet de dresser un profil spécifique à chaque élection. Or, si le nombre d’inscrits, de votants et d’exprimés permettent, certes, de déduire le taux d’abstention et le taux de votes blancs ou nuls, mais également d’apprécier la légitimité du Président élu.
En Côte d’Ivoire cette élection cauchemardesque avait pour seul enjeu, selon le régime sortant, le taux de participation. A l’appel des démocrates ivoiriens, la Côte d’Ivoire profonde a boudé cette tricherie électorale. Le député Alphonse Soro disait : notre seul adversaire, c’est le taux de participation. Or, le taux de participation reste très faible, selon France 2, de l’ordre de 20%. Pour le Président sortant, sa légitimité personnelle est en lambeaux, sa légitimité politique en ruine et la confiance du pays proche de zéro.
Non seulement, sur vingt-cinq millions d’habitants, il n’y a que six millions qui sont recensés, en plus le taux de participation est insignifiant. Dans ce cas, quelle crédibilité aura un président élu par une poignée de personnes ?
En cumulant les mauvaises conditions pour ces élections, le retrait des candidats de poids et le faible taux de participation, le pays est plus que jamais divisé et la fracture sociale imminente.
En conséquence, les Jeunes Démocrates Ivoiriens refusent le résultat de ces élections et appellent à la mise en place de dispositions politiques pour sauver le pays et la démocratie. Le viol électoral ne sera pas accepté en Côte d’Ivoire car une élection aussi impopulaire appelle aux ressentiments populaires.
Dr PRAO YAO SERAPHIN
Président de la JDI
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