Par Edwige Fiendé
Les électeurs ivoiriens ne se bousculaient pas dimanche en fin de matinée dans les centres de vote pour l’élection du président de la république de Côte d’Ivoire à Abidjan et à l’intérieur du pays, après l’ouverture des bureaux vers 7H30 GMT par endroits.
L’affluence était faible dans des bureaux de vote notamment à l’école primaire publique Assamoi Alphonse à Marcory (sud d’Abidjan) où 62 personnes avaient voté vers 09H10 GMT sur 2.622 inscrits.
Au Lycée Sainte-Marie de Cocody (Est Abidjan), une trentaine de votants attendaient devant les bureaux sur 2.967 inscrits dont le président ivoirien Alassane Ouattara, candidat à sa succession vers 09H00.
Après son vote vers 12H30 GMT, M.Ouattara a assuré que le taux de participation sera très bon, appelant les Ivoiriens à prendre un peu de leurs temps pour aller voter.
Egalement à Abobo, commune réputée favorable au chef de l’Etat, 250 personnes au Groupe scolaire La montagne d’Ephraïm, 100 au Collège les Elysées et 180 autres au Collège Djessou attendaient de voter vers 09H00 GMT, tandis que le vote n’avait pas commencé à 11H00 GMT au collège Iris 2 en raison d’un manque de matériels et de l’absence du chef de centre.
A Yopougon, quartier populaire à l’ouest d’Abidjan, considérée comme un fief de l’opposition, une trentaine d’électeurs attendaient vers 08H15 GMT devant les sept bureaux de vote du groupe scolaire Mandela.
A Yamoussoukro (Centre-capitale politique), dans le quartier de Morofé, le village natale de l’ex-premier ministre Charles Konan Banny, candidat qui s’est retiré de la course à la présidentielle 155 personnes sur 4.705 inscrits dans une école primaire de cette localité avaient voté vers 10H00 GMT.
Dans la capitale politique, au total 305 sur 6.610 personnes avaient voté dans les centres de l’école Le Pédagogue et à la Sous-préfecture.
A San-Pedro, dans le sud-ouest ivoirien, seulement 397 personnes sur 5.660 avaient voté vers 09h25 au groupe scolaire bardot, plus grand bidonville de l’Afrique de l’ouest tandis que 165 votants sur 2.926 attendaient au centre culturel de la ville.
Plus de 6,3 millions d’électeurs sont inscrits sur la liste électorale en Côte d’Ivoire
Sept candidats dont M.Ouattara et Pascal Affi N’guessan, le président du Front populaire ivoirien (FPI, opposition), le parti de l’ex-président Laurent Gbagbo incarcéré à La Haye depuis 2011 sont en lice pour ce scrutin
EFI
Alerte info/Connectionivoirienne.net
Côte-d’Ivoire : des cafouillages et une faible participation
25 octobre 2015 par Maria Malagardis, envoyée spéciale en Côte-d’Ivoire de Liberation.fr
Alors que le président sortant, Alassane Ouattara, apparaît comme le favori, les bureaux de vote connaissent, ce dimanche, des difficultés d’organisation. Et malgré les appels au civisme, le scrutin peine à mobiliser les foules.
«Jamais on n’avait vu une élection aussi mal organisée en Côte-d’Ivoire !» pestent les hommes assis sur les bancs du Café Emergence, une bicoque au toit en paille plantée au milieu d’un vaste terrain vague qui tient lieu de «place», à Abobo, l’un des quartiers populaires les plus densément peuplés d’Abidjan avec près de deux millions d’habitants. Ce dimanche, les Ivoiriens étaient invités à désigner leur président lors du premier scrutin organisé depuis la fin d’une longue période de conflit qui s’était achevée par une explosion de violences lors de la précédente présidentielle, fin 2010. En principe, cette fois, le scrutin de dimanche aurait dû se dérouler sans incidents, malgré les appels au boycott d’une partie de l’opposition, interdite de manifestation voire de médias depuis plusieurs semaines.
Mais à Abobo, un grand nombre de bureaux de vote n’avaient toujours pas ouvert leurs portes dimanche à midi. Comme celui abrité dans le grand lycée technique, juste en face du Café Emergence, où les hommes patientent quelque peu agacés par ces retards inexplicables. «On nous dit que certaines salles ne sont pas équipées de prise électrique pour les tablettes biométriques qui doivent enregistrer les électeurs. Ils n’auraient pas pu vérifier avant ?» s’indigne M. Koulibaly. Autour de lui, les langues claquent, signes d’une colère sourde qui n’ose encore s’exprimer totalement. «La vraie question est ailleurs», interrompt un autre homme la mine renfrognée. Comment se fait-il que dans ce lycée, construit il y a quinze ans, personne n’avait prévu de prises ?» interroge-t-il. «Tu ne sais pas ? s’amuse un autre, goguenard. Ils ont mangé l’argent !» Tous hochent encore la tête, lorsque Bakary s’exclame : «Mais c’est incompréhensible ! Le président pénalise son propre fief !»
«Seuls les idiots sont heureux»
Abobo est en effet traditionnellement une zone favorable au président sortant, Alassane Ouattara. Pendant la crise postélectorale de 2010-2011, ses habitants ont payé un lourd tribut en défendant Ouattara au péril de leurs vies, face aux partisans de son challenger, Laurent Gbagbo.
Ici, les appels au boycott des urnes, lancés par une partie de l’opposition, ne risquaient pas d’être entendus : tous les hommes présents sous le toit de paille du Café Emergence plébiscitent Ouattara. «Je l’aime, c’est un homme bien et qui bosse», confesse Bakary. Mais au fur et à mesure que l’attente s’éternise devant le bureau de vote fermé, les langues se délient : non, rien n’a changé ici depuis qu’il est au pouvoir. Au contraire, en faisant détruire manu militari des zones entières de bidonvilles, le régime a accentué la pression sur le quartier à cause de l’afflux soudain des victimes de ces «déguerpissements». «Désormais, il faut payer 30 000 francs CFA [près de 50 euros, ndlr] pour une simple chambre à peine plus grande qu’un placard», explique un chauffeur de bus au chômage. «Vous voyez la route qui passe devant le lycée technique ? signale Bakary en désignant une bande de goudron déjà abîmée. C’est la seule réalisation ici depuis son arrivée au pouvoir. Et il n’y est pour rien : elle a été financée par la coopération japonaise.»
Pour tous, néanmoins, c’est «l’entourage du Président» qui est responsable de cette indifférence au sort des plus pauvres, fussent-ils des sympathisants. «Tout va changer avec son second mandat», croit savoir un homme, qui comme tout le monde à Abidjan n’envisage même pas un second tour, pariant sur la victoire immédiate de Ouattara. «Ah bon ? Et pourquoi rien n’a été fait lors du premier mandat ?» se moque gentiment son voisin, fustigeant ces «dirigeants africains qui multiplient les promesses sans lendemain». «En Afrique, les gens intelligents souffrent parce qu’ils se posent des questions. Seuls les idiots sont heureux », conclut-il.
«Ouattara compte sur les siens»
http://www.liberation.fr/planete/2015/10/25/cote-d-ivoire-des-cafouillages-et-une-faible-participation_1408705?utm_source=dlvr.it&utm_medium=twitter
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