Par Manuella Yapi
« Bon, je crois que j’en ai assez pour tout le mois », ironise Mme Coulibaly après l’achat d’une importante quantité de poissons fumés au feu de bois, au grand-marché de San-Pedro, dans le Sud-ouest de la Côte d’Ivoire, à la veille de l’élection présidentielle de dimanche.
Cette mère d’une famille de cinq personnes dit avoir acheté « deux à trois fois plus que la quantité habituelle de condiments » nécessaires pour nourrir les siens « pendant tout le mois d’octobre et même plus ».
Comme elle, de nombreux habitants de San-Pedro investissent le grand-marché situé dans le bidonville Bardot, pour « être à l’abri » des besoins, « au cas où tout se gâte (expression pour dire « si la situation dégénère ») après l’élection », selon les propos de Bénédicte, employée de maison.
« C’est presque la fin de l’après-midi mais on ne peut toujours pas circuler tranquillement dans le marché », lance une passante qui tente de se frayer un chemin dans l’espace dédié à la commercialisation des poissons frais et autres crustacées.
Les souvenirs « douloureux » de la crise postélectorale de 2010 qui s’est soldée par la mort de 3.000 personnes, y sont pour beaucoup dans cette « petite psychose », aux dires de Mme Coulibaly: »je ne veux pas que mes enfants manquent encore de nourriture si la même chose se reproduit, ce que je ne souhaite pas bien sûr. Quand on a été mordu par un serpent, on se méfie d’un ver de terre ».
Dans un des plus grands supermarchés de San-Pedro, les rayons de pâtes alimentaires et de conserves sont clairsemés, à la grande surprise de Mme Mahan, une cliente: »rien qu’à voir les rayons on sent la psychose. Les Ivoiriens se font peur pour rien, il n’y aura pas de violence cette fois ».
« En 2010, l’ambiance était tellement bonne pendant la campagne que personne ne pouvait prévoir ce qui est arrivé. On a été traumatisés », explique Hamza, un chauffeur de taxi qui dit comprendre la « peur » des populations qui seraient « moins effrayées si les fonctionnaires n’avaient pas été payés avant la fin du mois », selon lui.
Mais « Inch’Allah, il n’y aura pas de crise postélectorale cette année », car « tout le monde a compris que la guerre n’apporte rien de bon », conclut-il.
MYA
Alerte info/Connectionivoirienne.net
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