André Silver Konan, vous êtes journaliste et spécialiste de la Côte d’Ivoire, qu’est-ce qui peut expliquer le fait que certains candidats à la présidentielle décident de jeter l’éponge ?
Ce qui explique cela est très simple. Vous avez des candidats qui sont incapables de produire des capsules de 5 minutes, pour diffusion gratuite sur la télé publique, qui commencent leur campagne électorale dans des salles de réunion, vous avez Charles Konan Banny, par exemple, qui, sur ses terres de Yamoussoukro, qui pourrait à priori être considéré comme son fief natal, et qui n’y draine pas de foule. Certains pourraient tenter d’abdiquer pour s’éviter une humiliation prévisible. Le problème est que il y a encore juste un an, ni Banny, ni Essy, ni d’autres candidats n’avaient annoncé leur intention de se porter candidats. Et jusqu’à une date récente, ils continuaient leur examen de conscience. Ils ne se sont pas préparés à aller à cette élection. Voyez-vous, une élection présidentielle, ce n’est pas une élection locale de maire de mon village, c’est un rendez-vous avec son propre destin, avec l’histoire et cela nécessite des questionnements, des ressources humaines et financières. Les candidats qui abdiquent ou qui seraient tentés de le faire, n’ont pas encore résolu ses problèmes-là.
Mamadou Koulibaly dit que ces élections sont truquées, n’y a-t-il pas des éléments d’objectivité dans ce qu’il dit ?
Il y a une liste électorale qui a été remise aux différents candidats, avant validation par la Commission électorale. Alors que certains avaient dénoncé des inscriptions frauduleuses, des bureaux de vote douteux, etc., aucun, je dis bien aucun candidat, n’a contesté la régularité ou la sincérité de cette liste. Aucun. Les différents candidats sont autorisés à avoir des représentants dans tous les bureaux de vote. Il est donc très facile pour tous les candidats d’avoir les procès -verbaux de tous les bureaux de vote et d’agréger leurs propres résultats, en vue de les confronter avec ceux qui seront publiés par la Commission électorale. Au demeurant, il faut peut-être relever que cette même CEI a organisé les législatives, avec le même modus operandi, et ces législatives ont vu la cuisante défaite de M. Koulibaly, dans ce qui était considéré comme son fief électoral, c’est-à-dire Koumassi, où il avait été élu député en 2000. En 2010, M. Koulibaly n’a pas obtenu plus de 2% dans son fief électoral. Vous comprenez le sens de son abdication.
Propos retranscrits pas Cécile Amon
Lebanco.net
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