Par Edwige Fiendé
Le Front populaire ivoirien (FPI, opposition) conduit par Abdourahamane Sangaré demande le « départ » de la Côte d’Ivoire de Aïchatou Mindaoudou Souleymane, dénonçant le parti pris de la patronne de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (Onuci) pour le président Alassane Ouattara qui peut « induire une autre crise », dans une note mardi [lire l’intégralité du communiqué ici en bas].
« Au regard de son parti pris et sa collusion avec le régime Ouattara et compte tenu du fait que ses attitudes et comportements peuvent induire une autre crise, le FPI, constatant la rupture de confiance (avec Mme) Mindaoudou, demande son départ de la Côte d’Ivoire », indique un communiqué.
Pour le porte-parole par intérim [suite aux emprisonnements] de l’ex-parti au pouvoir, Boubakar Koné, « plus personne ne doute de la partialité » de la patronne de l’Onuci « dans le traitement de la crise ivoirienne, son soutien » au gouvernement et la Commission électorale indépendante (CEI, chargée d’organiser la présidentielle d’octobre) « contestée » par l’opposition ivoirienne.
M.Koné invite par ailleurs l’Onuci à œuvrer « pour la prévention des conflits, l’instauration de la paix et la cohésion sociale »en Côte d’Ivoire.
Mme Mindaoudou Souleymane a été nommée le 17 mai 2013 à la tête de l’Onuci en remplacement de Bert Koenders.
Alerte info/Connectionivoirienne.net
DÉCLARATION DU FRONT POPULAIRE IVOIRIEN RELATIVE A LA GESTION DE LA CRISE IVOIRIENNE PAR L’ONU ET SA REPRÉSENTANTE SPÉCIALE, MADAME AÏCHATOU MINDAOUDOU SOULEYMANE
Établie en Côte d’Ivoire au terme de la résolution 1528 du Conseil de Sécurité, en date du 27 Février 2004, l’ONUCI avait pour mission d’œuvrer au retour de la paix, suite au déclenchement de la rébellion de Guillaume SORO, Alassane Ouattara et de leurs parrains. On se souvient en effet que, bien que sceptique, au regard des nombreuses situations tragiques occasionnées à travers le monde par les Casques Bleus (Chypres, RDC, Rwanda, Balkans, etc.), les Ivoiriens, dans leur grande majorité, avaient fini par accepter la présence de cette mission de l’ONU.
En confrontant les résultats sur le terrain avec les engagements initiaux, plus d’une décennie plus tard, le FPI note avec dépit et amertume, que l’implication de l’ONUCI a
davantage servi la cause de l’arbitraire et de l’injustice, incarnée par le camp Ouattara, que celle de l’éthique, de la paix, de la cohésion et de l’unité nationale. Sur ce point, le FPI tient à relever quelques manquements graves à l’éthique, de la part de l’ONUCI, y compris ceux constatés récemment dans le comportement de la Représentante Spéciale du Secrétaire Général de l’ONU, Mme Aïchatou MINDAOUDOU Souleymane.
Premièrement, au terme de la résolution 1572, le Conseil de Sécurité a imposé un embargo sur les armes en Côte d’Ivoire, interdiction scrupuleusement observée par le pouvoir Gbagbo en son temps. Mais si l’on en croit les révélations de la DGSE francaise, jamais démenties, cette disposition vient d’être violée par le camp Ouattara, en toute impunité.
Deuxièmement, l’attaque barbare du camp de Nahibly (Duékoué) et le massacre de ses réfugiés, survenus le 20 juillet 2012, n’a suscité aucune condamnation de la part de
l’ONU, alors que les victimes étaient bel et bien des civils censés bénéficier de la protection d’une ONUCI déjà entrée en guerre contre le gouvernement du Président Laurent Gbagbo, en avril 2011, au nom de la protection de la même population civile.
Troisièmement, au terme de la Résolution 2062 (juillet 2012), le Conseil de Sécurité de l’ONU avait exigé du régime Ouattara, une réforme électorale avant les municipales de 2013, notamment : une CEI consensuelle, une liste électorale fiable. Il n’en a rien été et, malgré tout, le Conseil de sécurité de l’ONU est resté sans réaction.
Quatrièmement, le régime Ouattara, encouragé par le silence du Conseil de Sécurité, a rejeté impunément une fois de plus, les recommandations onusiennes lui enjoignant de rendre public le bilan de la Commission Dialogue Vérité et Réconciliation (CDVR), avant les élections d’Octobre 2015.
Cinquièmement, depuis le déclenchement de la crise postélectorale, les chefs de guerre du camp Ouattara ne sont toujours pas poursuivis, alors qu’un rapport d’enquête,
diligentée par le gouvernement de Ouattara, indique clairement que le camp Ouattara a perpétré plus de 720 exécutions extrajudiciaires. Malgré cet aveu de culpabilité, ni le procureur de la République, ni la CPI, et encore moins l’ONUCI n’ont réagi à cette situation.
Sixièmement, l’inaction récurrente de l’ONUCI face à la répression sanglante des manifestations légales des pro– Gbagbo, (Meeting de Koumassi, de Port-Bouet, Bonoua et de Yopougon ), montre à l’évidence que tout compte fait, pour l’ONUCI, la vie ne vaut la peine d’être protégée que dans le camp Ouattara.
Septièmement, l’arrivée de la nouvelle Représentante de l’ONU, Mme Aichatou MINDAOUDOU Souleymane, n’a pas mis un terme à la barbarie du RDR, bien au contraire, les discours, les prises de position et les actes posés par la remplaçante de M. Bert Koenders ont été un encouragement à la violence du régime Ouattara, confirmant ainsi le bien fondé des suspicions qui pesaient déjà sur elle au moment de son arrivée à la tête de l’ONUCI.
Il sied de rappeler, qu’au moment de la prise de fonction de Dame Aïchatou MINDAOUDOU Souleymane, le F.P.I, à travers sa déclaration du 19 Juillet 2013, avait émis de sérieuses réserves sur la crédibilité de la nouvelle Responsable de l’ONUCI et sa capacité à faire preuve d’impartialité dans le traitement du dossier ivoirien, en raison de sa proximité et de sa collusion avérées avec le camp Ouattara.
En effet, avant sa prise de fonction en Côte D’Ivoire, alors ministre des Affaires Etrangères de son pays, le Niger, Dame Aichatou MINDAOUDOU Souleymane tenait déjà, et c’est de notoriété, des propos hostiles au Président Laurent GBAGBO et à son pouvoir.
Récemment, le 10 septembre 2015, lors des manifestations contre la validation de la candidature de M. Ouattara, les FRCI, les milices dozo ainsi que les autres partisans du RDR ont sauvagement agressé les militants de la Coalition Nationale de la jeunesse pour le Changement (CNJC), faisant au moins 3 morts, 87 blessés, sans compter les nombreux cas d’enlèvements et d’incendie d’habitations, en particulier à Gagnoa , Bonoua et Sikensi. Au lieu de condamner les crimes, la brutalité et autres actes antidémocratiques du régime Ouattara, même formellement, comme l’ONUCI nous y a habitué, la Représentante Spéciale du Secrétaire général de l’ONU, s’adressant à l’opinion, a maquillé les faits en déclarant sur RFI, le mardi 15 septembre 2015 : « Les manifestations des démocrates ivoiriens dans les rues, qui ont commencé le 10 septembre dernier, sont le fait de groupes communautaires ».
Récemment encore, après la marche du 28 Septembre 2015, conduite par des candidats à l’élection présidentielle, la CNC et certains partis politiques, pour dénoncer la main mise du régime Ouattara sur les médias d’Etat et l’inféodation de la Commission Electorale Indépendante (CEI) audit régime,
Madame Aïchatou MINDAOUDOU Souleymane, une fois de plus, a volé au secours du régime Ouattara en se rendant, le lendemain 29 Septembre 2015, à la CEI pour exprimer son soutien total à cette institution, comme pour dire que les revendications de l’opposition à son encontre sont infondées. Sur cette question, la Représentante Spéciale du Secrétaire Générale de l’ONU ne s’embarrasse guère d’être en contradiction frontale avec la Résolution 2062 du Conseil de Sécurité demandant la refonte de la CEI.
De ce qui précède, le FPI, qui n’a jamais été aveugle, mais plutôt patient, est aujourd’hui en mesure de dire à la communauté nationale et internationale en général et a
l’ONU en particulier, que leurs actes en Côte D’Ivoire sont en contradiction flagrante avec l’esprit et la lettre de la Charte des NATIONS UNIES et leur propre idéal de justice et de paix, en se rangeant ainsi, vaille que vaille, du côté du régime Ouattara qui, depuis bientôt cinq années, exerce une dictature implacable contre le peuple ivoirien.
Le FPI crie ici, haut et fort, sa profonde indignation face au soutien aveugle que l’ONUCI et sa Responsable actuelle, Dame Aichatou MINDAOUDOU Souleymane apporte à l’Etat- RDR, un parti qui, à travers ses milices, ses dozos, ses ‘’microbes’’ et autres paramilitaires, a choisi la violence comme moyen de conquête et d’exercice du pouvoir d’Etat. Ce soutien se manifeste par des rapports biaisés et de complaisance, des propos lénifiants, totalement décalés et en déphasage avec le vécu des habitants de notre pays quant à un retour effectif de la sécurité et de la cohésion sociale.
Le FPI est d’autant plus scandalisé que l’appel à manifester de la Jeunesse de la CNC, le 10 septembre dernier, s’adressait non pas à une communauté ethnique contre une
autre, mais à la jeunesse Ivoirienne de l’opposition. A preuve, les évènements que Dame Aichatou MINDAOUDOU Souleymane s’est refusée à condamner, se sont produits un peu partout sur l’ensemble du territoire national (Abidjan, Bonoua, Sikensi, Adzopé, Gagnoa, Ouaragahio, Bayota, Agboville, Bonon etc.).
Le FPI est d’autant plus indigné que Madame Aïchatou MINDAOUDOU Souleymane est aujourd’hui le seul personnage de ce niveau à justifier le maintien en l’état de la CEI, dirigé par Youssouf BAKAYOKO, une institution pourtant universellement décriée et récusée, y compris par le Conseil de Sécurité de l’ONU.
Si Mme Aïchatou MINDAOUDOU Souleymane ne feignait pas d’ignorer les visées hégémoniques d’un RDR , parti politique possédant une branche armée et en plein “rattrapage ethnique“, elle aurait compris que ce qui est à l’oeuvre dans notre pays, au vu et au su de l’ONU, surtout en cette période préélectorale, ne peut conduire qu’à un chaos en Côte D’ivoire.
Le FPI demande instamment à l’ONU de se ressaisir en sortant du jeu de rôle dans lequel elle s’enferme avec le camp Ouattara installé au pouvoir en Avril 2011 ; car plus personne ne doute de la partialité de Dame Aïchatou MINDAOUDOU Souleymane dans le traitement de la crise ivoirienne.
Le F.P.I demande par ailleurs à l’ONU, à travers l’ONUCI, de revenir à sa mission première en œuvrant à la prévention des conflits, à l’instauration de la paix et de la cohésion sociale dans le pays , ce qui passe nécessairement par un traitement de la crise ivoirienne excluant tout esprit de division et de partialité.
Au regard de son parti pris et de sa collusion avec le régime Ouattara et compte tenu du fait que ses attitudes et comportements peuvent induire une autre crise, le FPI,
constatant la rupture de confiance entre Dame Aïchatou MINDAOUDOU Souleymane et une des parties au conflit, demande son départ de la Côte d’Ivoire.
Fait à Abidjan le 7 Octobre 2015
Pour le Front Populaire Ivoirien
Le 1er Secrétaire Général Adjoint, Porte parole par intérim.
KONE BOUBACAR.
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