Le ministre d’Etat Essy Amara, candidat à l’élection présidentielle d’octobre prochain avait donné le ton hier en suspendant sa candidature. 24h après, c’est au président de Lider, Mamadou Koulibaly d’emboucher la même trompette au meeting de la Coalition Nationale pour le Changement ce mercredi à l’espace Ficgayo de Yopougon. Après avoir peint un tableau pour le moins sombre des conditions du scrutin en Côte d’Ivoire, sur un ton catégorique et placide, le professeur Mamadou Koulibaly a lâché: « nous ne sommes pas prêts pour aller à ces élections ». Un appel qui sonne comme un désaveu au Chef de l’Etat. S’agissant de la mobilisation, pour le président de Lider, ce qui compte « ce n’est pas la récolte des populations qui ont effectué le déplacement, mais la graine qui a été semée ». Pour lui, ceux qui ont pris d’assaut cet espace, sont aujourd’hui aguerris. Capables de transmettre aux autres-ceux qui sont restés terrés chez eux- « l’audace qui est en eux ».
Après avoir pointé d’un doigt accusateur le fonctionnement de la CEI (Commission Électorale Indépendante), après l’avoir taxée de non consensuelle, après avoir fait remarquer qu’à l’exception du candidat- Président et du candidat du Front Populaire Ivoirien (Fpi), Affi N’Guessan, aucun des 8 autres candidats n’est représenté à la CEI, Mamadou Koulibaly s’en est pris à la Rti (Radiodiffusion Télévision Ivoirienne) dont les pratiques peu orthodoxes ne rassurent pas quant aux débats télévisés. De fil en aiguille, il a démontré que pendant le temps de règne du président Ouattara, le peuple Ivoirien s’est recroquevillé sur lui par peur. De Man à Danané en passant par Bongouanou, Gagnoa, Daloa et même dans le Nord du pays pourtant réputé fief d’Alassane Ouattara, les populations lui auraient de façon récurrente, avouées ce ressentiment. Prenant à témoin la communauté internationale dont il s’explique mal l’attitude faite de deux poids deux mesures, il a menacé en ces termes: « le peuple à peur. Pourquoi ne pas prévenir les crises au lieu de les laisser venir. Si nous allons aux élections dans ces conditions et que Ouattara gagne, il ne faut surtout pas qu’ils disent qu’il a gagné avec l’aval du peuple ». Avec l’humour qu’on lui sait, l’ancien Président de l’Assemblée Nationale a ironisé en ces termes: « il (NDLR: Alassane Ouattara) nous a promis le paradis. Et le paradis c’est un lieu où on ne paye rien, où on peut manger sans payer, dormir sans payer et dans son entendement, le paradis c’est la MACA (Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan) où il fait enfermer ceux qui s’opposent à lui », déclenchant ainsi l’hilarité générale.
À 22 jours de la tenue du premier tour de l’élection présidentielle et alors que 4 candidats sur 10 signaient la Charte de bonne conduite au Palais Présidentiel au Plateau, 6 candidats- Mamadou Koulibaly- Charles Konan Banny, Kouadio Konan Bertin dit KKB-Konan Kouadio Siméon dit KKS et Gnangbo Kacou, rejetaient tout le processus en bloc.
Essy Amara désavoue le Président Ouattara
Il avait déjà eu son tour de parole. Le ministre d’Etat, Essy Amara a tenu à revenir s’adresser au public. Raison évoquée : démentir un propos du Chef de l’Etat. Qui a déclaré à F24 qu’Essy Amara lui a avoué ne pas vouloir se présenter aux élections présidentielles. Cela fait suite à la décision d’Essy Amara de suspendre sa candidature. « Je n’ai jamais dit que je ne voulais pas être candidat » a-t-il fulminé coupant court le débat. En diplomate avéré, l’homme n’a pas la langue fendue. Même quand la foule l’incitait à être incisif et à dévoiler certains secrets d’Etat, il est resté muet comme une carpe, rétorquant que « le Président Ouattara le connait » et que lui aussi « connait » Alassane Ouattara. Avant d’ajouter qu’il est « un grand commis de l’Etat » et qu’il sait « respecter les fonctions des gens ». Toutefois, dans un proverbe, il a dit que l’oiseau a beau voler dans les cimes, il cherche toujours à redescendre.
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