L’ancienne ministre du Pétrole durant les cinq années de la présidence de Goodluck Jonathan a été arrêtée vendredi 2 octobre à Londres. Diezani Alison-Madueke a été arrêtée en même temps que quatre autres personnes dans le cadre d’une enquête britannique sur des soupçons de corruption et de blanchiment d’argent.
Diezani Alison-Madueke a commencé sa carrière ministérielle en 2007 sous la présidence d’Umaru Yar’Adua. D’abord ministre des Transports, elle hérite en décembre 2008 du portefeuille du Développement des mines et de l’acier. En février 2010, Goodluck Jonathan devient président de la République par intérim. Il propulse Diezani Alison-Madueke à la tête du très convoité ministère de l’Energie.
Ancienne directrice de la branche Pétrole chez Shell Nigeria, elle connait parfaitement le secteur. Pourtant, durant son mandat ministériel, plusieurs controverses éclatent au grand jour. Des cabinets indépendants font état de trous financiers dans les comptes fédéraux. Des dizaines de milliards d’euros liés aux recettex du pétrole manquent à l’appel.
A chaque scandale, Diezani Alison-Madueke plie devant les accusations sans rompre. Jusqu’au bout, elle bénéficie du soutien du président Goodluck Jonathan. Même quand des agences fédérales retrouvent chez elle 700 millions de dollars en petites coupures. Diezani Alison-Madueke a été arrêtée le vendredi 2 octobre à Londres, puis placée sous contrôle judiciaire. C’est le début d’un feuilleton financier qui n’a pas fini de faire des vagues au Nigeria.
Cette arrestation est saluée par la société civile nigériane, qui s’attend à de nouvelles enquêtes à venir. « Elle est la plaque tournante de toute la corruption qui vient de ce secteur pétrolier. On attendait qu’elle soit arrêtée. C’est de l’argent qui vient de la NNPC, qui est la compagnie pétrolière du Nigeria, affirme Djibril Ibrahim, membre du Centre pour la démocratie et le développement. Il y a aussi un problème avec la banque centrale. Juste avant les élections, des milliards ont été sortis d’une manière irrégulière de la banque centrale pour financer la campagne du président, je présume. Ce sont ces deux institutions qui seront la cible des investigations. On attend de voir comment ces investigations vont se dérouler. »
Un symbole
L’interpellation de Diezani Allison Madueke sonne comme un symbole de la lutte contre les détournements de fonds dans le secteur pétrolier. C’est aussi une réponse au président Muhammudu Buhari qui demande à ses partenaires internationaux de l’aider à rapatrier les présumés fonds cachés dans des comptes à l’étranger.
Le secteur pétrolier n’est pas le seul touché par ce vaste ménage dans l’administration nigériane. Ces quatre derniers mois, la Commission contre les crimes économiques et financiers a lancé des poursuites contre plusieurs personnalités. C’est le cas de l’ancien gouverneur de l’Etat du Jigawa, Sule Lamido, et de ses deux fils, accusés de corruption et de blanchiment, sur près d’un million d’euros. Plusieurs directeurs d’entreprises sont aussi visés par cette agence. Tout comme des députés.
Les mésaventures du tout nouveau président du Sénat, Bukola Saraki, marquent aussi les esprits. Ce responsable, qui est aussi membre de la coalition du Congrès progressiste qui a porté Muhammadu Buhari au pouvoir, est accusé d’avoir fourni une fausse déclaration de patrimoine. « Son audition par les autorités judiciaires est la preuve que la lutte contre la corruption ne connait pas de frontière politique », commente un activiste nigérian de la société civile.
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