Côte d’Ivoire – A propos d’une double entreprise de diversion (Par Marcel Amondji)

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Récemment, dans un communiqué de son service de presse, que nous reproduisons ci-dessous, l’ambassade de France en Côte d’Ivoire a réagi à la publication par Aujourd’hui d’un prétendu rapport de la DGSE. Marcel Amondji nous confie les réflexions que ce démenti lui a inspirées.

Communinqué de l’Ambassade de France

Une publication de la place a cité dans une parution du 7 juillet 2015 la Direction générale de la sécurité extérieure française à l’appui d’un article dont le sérieux est mis en doute à la première lecture. Sans se prononcer sur le fond de cet article dont le caractère outrancier relève de la responsabilité du rédacteur, cette ambassade dénonce la manipulation objective des faits.

Un faux grossier est en effet présenté comme un document officiel français à l’appui de l’article, témoignant ainsi du manque d’éthique et de professionnalisme de son inspirateur qui n’a aucunement pris soin de vérifier ses sources.

La reprise telle quelle de cet article par d’autres supports d’information conduit cette ambassade à apporter ces précisions.

Abidjan, 31 juillet 2015 – Service de presse

Il y a des démentis qui valent confirmation. Les auteurs de ce communiqué pourraient-il jurer qu’il n’y a personne dans cette ambassade, ni dans aucun service français entretenant une succursale en Côte d’Ivoire, qui soit capable d’imaginer une opération de cette nature ? Il saute aux yeux, c’est vrai, qu’il s’agit d’un « faux grossier » ; mais c’est également une entreprise de diversion à buts multiples, l’un de ces buts étant la rédemption de Jean-Marc Simon, le stratège du coup d’Etat du 11-Avril 2011, présenté en l’occurrence comme un repenti, changé mystérieusement en ennemi personnel de Ouattara ? La seule mention de ce triste sire, et dans un rôle tellement à contre-emploi quand on connaît son parcours, suffit à nous convaincre que ce ne sont pas des Ivoiriens, et surtout pas de ceux qui résistent actuellement à l’extension et à la consolidation de l’emprise néocoloniale de la France sur notre patrie, qui sont à la source de cette opération. N’en déplaise à l’éditorialiste de « Fraternité Matin », qui s’est empressé de paraphraser le communiqué de ses maîtres pour accuser les opposants à ce régime fantoche. Notez que contrairement à lui, le service de presse de l’ambassade s’est bien gardé d’accuser quiconque… Mais, après tout, pourquoi ces gens l’auraient-ils fait, puisqu’ils ne peuvent pas ignorer qu’ils ont un porte-parole des plus zélés en Venance Konan, que les parrains de ce régime ont justement « prépositionné » à la direction de « Fraternité Matin » après leur victoire sanglante de 2011, afin qu’il y joue les sycophantes…

Dans l’histoire de cette crise qui hypothèque dangereusement l’avenir de notre peuple, mais qui par sa longueur et sa torpidité doit désormais beaucoup embarrasser aussi ceux qui l’ont provoquée et alimentée de toutes les façons durant tant d’années, ce n’est pas le seul « faux grossier » qu’on a forgé et que des journaux ivoiriens de tous bords – mais pas eux seuls – ont relayé avec une complaisance suspecte ; et, pourtant, on n’a pas souvent entendu les cris d’indignation du service de presse de cette d’ambassade.

Ce communiqué-ci est donc par-là fort étrange, et d’autant plus qu’il n’a pas vraiment d’objet… Enfin, je veux dire que du fait même de sa grossièreté, qui ôte toute crédibilité à ce soi-disant « rapport émanant de la DGSE », sauf pour les gogos, un tel démenti, c’est comme si on tirait au canon pour tuer une mouche. Par conséquent, c’est lui le problème ; pas le fait pour le rédacteur d’une feuille de choux ultraconfidentielle, aux sources glauques et à la ligne éditoriale plutôt fantasque, de publier ce qu’il trouve sous sa main, et qu’un manipulateur professionnel a très bien pu placer là exprès…

Quant aux gogos, notre pauvre Côte d’Ivoire en est remplie ; et, même, dans cette période où elle semble plus déboussolée que jamais, ils prolifèrent jusque dans les plus hautes sphères de la classe politique, comme on a pu s’en apercevoir ces jours-ci, lors du dépôt de certaines candidatures en vue du scrutin présidentiel qui approche. Or je ne jurerais pas que ce soit pour vous déplaire, mes dames et messieurs du service de presse de l’ambassade de France…

Marcel Amondji (22 août 2015)

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