La justice sénégalaise confirme la condamnation de Karim Wade
Karim Wade a été condamné le 24 mars à six ans de prison ferme et plus de 210 millions d’euros d’amende pour « enrichissement illicite » lié aux postes ministériels de premier plan qu’il occupait durant la présidence de son père de 2000 à 2012.
Avant même cette décision, les avocats de Karim Wade, qui purge sa peine à la maison d’arrêt de Rebeuss, à Dakar, avaient dénoncé un procès « partial et politique ». Ils réagissaient aux manquements relevés, cette fois, dans la procédure de cassation qu’ils avaient intenté devant la Cour suprême, leur ultime instance de recours au Sénégal.
Cette peine a été prononcée par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI). Sur un continent où nombre d’Etats sont minés par le népotisme, la corruption et la prévarication, la raison d’être de ce tribunal d’exception était louable : « Extirper de la société sénégalaise des pratiques (…) qui créent l’injustice sociale, paralysent le développement du pays et peuvent à la longue saper notre démocratie. »
Mais le statut et les attributions de cette juridiction, créée en 1981 et mise en sommeil jusqu’à sa réactivation après l’élection de Macky Sall (ancien premier ministre d’Abdoulaye Wade) à la présidence en 2012, sont loin d’être irréprochables. Ils ont été critiqués par les organisations de défense des droits de l’homme ainsi que par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Ces réserves visent notamment le pouvoir discrétionnaire du procureur ainsi que la charge de la preuve laissée à l’accusé, qui ne dispose donc pas de la présomption d’innocence. De plus, les condamnations prononcées par la CREI ne peuvent faire l’objet d’aucun appel, seulement un recours en cassation devant la Cour suprême.
C’est dans ce but que les avocats de Karim Wade avaient déposé deux requêtes. La première contestant la compétence de la CREI à juger Karim Wade, qui, selon eux, en tant qu’ancien ministre d’Etat, ne pouvait relever que de la Haute Cour de justice, avait été rejetée le 6 août.
Christophe Châtelot
Journaliste au Monde
LE MONDE
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