De l’ivoirité à l’appel de Daoukro l’enfer continue en Côte-d’Ivoire

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Par Bécan Tiékpa Alice­Rosine

« La Côte d’Ivoire a toujours aidé les mouvements de libération, elle comprend parfaitement que la lutte armée puisse être la dernière issue possible. Mais à moins de vouloir ne conquérir que des cimetières, il faut toujours, à un moment ou à un autre, déposer les armes et négocier » ​ Félix Houphouët­Boigny​ .

Cette disposition d’esprit démontre l’observance scrupuleuse que le président Houphouët­Boigny vouait aurespect de la vie humaine, à la paix, et son aversion pour la division, la violence, l’irrévérence et la guerre. Après la mort du sage d’Afrique, Le Vieux, monsieur Henri Konan Bédié lui a succédé selon la constitution ivoirienne, en son article 11. Tous, nous convenons qu’un pays sans culture est une vie sans fondement. C’est ainsi qu’une fois aux affaires, le président Bédié a voulu sacrifier à cette exigence. Sur sa lancée, était­il guidé par une mauvaise intention ou animé par de bonnes dispositions démocratiques ? Mais à tout le moins, il s’est donné à cœur de confédérer les Ivoiriens et les citoyens d’autres pays vivant en Côte d’Ivoire dans un creuset solidaire ayant pour déterminisme, la démocratie participative dans la paix pour faire grandir les axes de développement du pays tracés par le Président Félix Houphouët­Boigny. Il a appelé un tel postulat « L’Ivoirité » et, le président Henri Konan Bédié s’y est confondu en paroles et en actions.

Le feu aux poudres

Ce concept ‘’ivoirité’’ qui n’est ni une loi, ni une ordonnance, ni même un accord ou un décret présidentiel a provoqué le courroux d’Alassane Dramane Ouattara. Celui­ci a argué, à travers l’ivoirité, d’être exclu de participation aux élections de son pays parce qu’il est un musulman et originaire du Nord de la Côte d’Ivoire. En vue d’une meilleure saisie de sa posture, il convient de démêler le vrai du faux. Pour ce faire, je me réfère à un passage éloquemment édifiant du livre ‘’Les chemins de ma vie’’ du président Henri Konan Bédié P.147 à 148 : « …​ il est venu me voir le surlendemain, le 9 décembre 1993 au soir, vêtu d’une tenue à manches courtes qui a choqué les personnalités présentes. Au cours de cette entrevue, il m’a déclaré qu’il a été trompé par les juristes du gouvernement qui estimaient qu’il devait attendre que le décès du président soit constaté par la cour suprême, et même la fin des obsèques, pour sa démission. Son explication me paraissait difficile à admettre, mais comme j’avais toujours eu pour lui de l’amitié et manifesté de la protection, il a pu repartir libre. Je lui ai quand­même fait savoir que j’aurais pu ordonner son arrestation pour avoir eu un tel comportement. Il m’a répondu :’’Je ne savais pas que c’était aussi grave que cela’’. J’ai préféré garder mon calme en pensant au pays meurtri par ce grand deuil. De toute façon, il était Burkinabé par son père et il possédait toujours la nationalité du Burkina Faso, il n’avait donc pas à se mêler de nos affaires de succession ​ ».

Plus loin, le Président Bédié poursuit : « …​ le Président Houphouët lui avait accordé un passeport diplomatique quand il avait des difficultés avec les Autorités du Burkina Faso. Il servait alors à la Banque Centrale, commune aux sept Etats d’Afrique de l’Ouest. Un passeport diplomatique, vous savez, n’est pas une pièce d’Etat civil​ … ​ ».

Par ailleurs, dans le dossier de candidature de monsieur Ouattara à l’élection présidentielle de 2000, des incohérences flagrantes ont été relevées ainsi qu’il suit : Etudiant voltaïque à l’Université de Pennsylvanie aux USA, cadre à la BCEAO en tant que voltaïque, le nom de sa mère figurant sur son jugement supplétif est Nabitou Ouattara et sur sa carte nationale d’identité, le nom de sa mère est Nabintou Cissé. Le Professeur de droit Ago Marthe (FPI) et ancienne 1​ èreVice Présidente de l’Assemblée Nationale de Côte d’Ivoire a rappelé cette filiation, à géométrie variable, dans une interview retranscrite par le journal Le Nouveau Courrier n°1331 du jeudi 13 août 2015, P.5. C’est justement ce flou sur les pièces d’Etat Civil de monsieur Ouattara qui ont fondé son inéligibilité, en 2000, au terme de l’article 35 de notre loi fondamentale. Dès lors, je comprends que c’est dans le refus entêté d’accepter cette réalité, pourtant implacable, que monsieur Ouattara a soigneusement muri et planifié le chaos de la belle Côte d’Ivoire en mettant le feu aux poudres. Ne promettait­-il pas de frapper ce pouvoir moribond qui tombera (…) ; et qu’il rendrait ce pays ingouvernable (…) ? Ainsi les présidents Bédié et Gbagbo n’ont­ils pas essuyé un coup d’Etat et une rébellion armée doublée d’une guerre postélectorale qui lui ont profité ? Car, à travers, les accords internationaux qui ont débouché sur l’application de l’article 48 de la constitution ont fait de monsieur Ouattara un candidat et un président d’exception dont la durée de règne s’étend de 2010 à 2015. Une fois cette forfaiture légalisée par les accords internationaux acquise, le président Alassane Ouattara avait tout loisir (et il l’a promis à sa prestation de serment) de soumettre la constitution à l’arbitrage du peuple souverain en vue de la modification de son article 35 confligène pour lui­même.

Pourquoi ne l’a­t­il pas fait ?

Durant son mandat, monsieur Ouattara avait des préoccupations non des moindres qui transcendaient la suppression de l’article 35. Il s’agissait de sortir des hautes fonctions de l’Etat, tous ceux qui n’ont pas participé à ses guerres pour le faire roi ; d’insérer tous les jeunes instrumentalisés, en bêtes féroces à tuer, dans toutes les
stratifications des emplois du pays ; d’agrandir les sillons de la haine et de la division ethniques ; de tétaniser les populations avec l’insécurité et les tueries quotidiennes de personnes sur toute l’étendue du territoire qui ont atteint leur pic le plus gravissime à présent; de maintenir en prison et en exil les citoyens qui refusent de voguer
dans les lacs du non­droit, des crimes de sang et économiques ; de la caporalisation de la démocratie, de la liberté d’expression, du musellement des média et presse, de l’opposition, des structures chargées des élections, des droits de l’homme et des libertés individuelles ; de l’expropriation des terres au profit des non­nationaux
importés en Côte d’Ivoire pour participer à la guerre­alternative à son accession au pouvoir…il me revient que des ressortissants de l’Outre­Nord de la Côte d’Ivoire écument les vergers et les cultures de mes parents du Nord et les tuent également. Sa gouvernance a servi à appauvrir les Ivoiriens pour les maintenir dans la servile
servitude ; à réaliser des travaux d’infrastructures (trompe­l’œil) à solidité anecdotique ; à des passations de marchés (gré à gré) aux contours fumeux ; à installer de petits comptables de sa tribu à la tête des Entreprises pour piller leurs ressources financières, à surcharger les prisons de nombreux détenus sans jugement ni inculpation depuis plus de 4 ans ; à doper l’insécurité : l’assassinat de l’étudiante Larissa­Claude Abony, 23 ans, dans la nuit du 11 au 12 août 2015 par les ‘’microbes’’, des démembrements de sa milice armée est édifiant…Non, le président Alassane Dramane Ouattara (ADO) ne peut aller à la rencontre du peuple pour solliciter son arbitrage sur la modification de l’article 35 de la constitution. Il est tout de même intelligent et connait d’avance le niet du peuple contre sa prétention. Il s’est donc autocensuré en la matière pour faire de l’appel de Daoukro la loi substratum et absolutoire à son écueil avec la constitution.

La responsabilité de monsieur Henri Konan Bédié

Aujourd’hui en Côte d’Ivoire, le président Bédié a une grosse part de responsabilité active dans le séisme électoral en préparation pour octobre 2015. Parce qu’il a fait « l’appel de Daoukro », Henri Konan Bédié est élevé au statut d’Ange dont la parole surclasse le contenu du Coran et celui de la Bible, pourtant, ces livres saints sont inspirés du Dieu Tout Puissant. Mais pourquoi selon moi, cette adoration du prince des Agba­Nambê perd tout son sacrément ? La réponse se suggère dans ces deux hypothèses antagonistes du président Bédié : d’une part, sa faufuyant­ivoirité, prétendument, exclusionniste a débouché sur une guerre (déraisonnable) déclenchée
par les gouvernants actuels contre les Ivoiriens, d’autre part, eh bien l’appel de Daoukro est plusqu’exclusionniste parce qu’il contient un complot ourdi contre les bonnes pratiques démocratiques et ouvre voie à une vaste tricherie électorale. Paradoxalement, ces deux concepts (admettons l’appel de Daoukro comme tel) sont sortis de la même bouche sainte de la ‘’muse’’ Bédié. Pourquoi alors, ‘​ ’les mêmes​ ’’ qui vouent un culte passionné à l’un (Appel de Daoukro) pour couvrir leur triche électorale détestent­ils viscéralement l’autre (Ivoirité) ? Mais cette fois­ci, ‘​ ’les mêmes’​ ’ ayant changé de camp, vont comme à leurs amours se dresser contre les 64 autres ethnies du pays qui revendiquent le respect des lois qui régissent la Côte d’Ivoire. C’est à raison qu’ils ont charpenté toute une stratégie suicidaire pour conquérir des cimetières, à profusion, et se maintenir éternellement là où la violence et la guerre les ont placés contre la démocratie. Face à une telle situation, la sagesse nous renvoie à notre devoir d’Hommes libres. Il s’impose à nous, le devoir d’user des recours démocratiques et républicains de supprimer ces artifices d’ivoirité, d’appel de Daoukro et partant, de mettre le président Henri Konan Bédié entre­parenthèse (en faiblesse).

Où se trouve le sérieux dans une société du règne de la ‘’paix­armée’’ ?

Au demeurant, est­il sérieux dans un pays, de vouloir piétiner les règles et principes établis au motif que leur application stricte ferait du tort à un individu au point d’entrainer la destruction de tout un peuple ? Pendant combien de temps encore, allons­nous accepter de mettre sous le boisseau les valeurs qui fondent l’existence du
peuple ivoirien au prétexte de soulever l’ire de quelqu’un qui refuse d’accepter sa propre image que lui revoie le miroir constitutionnel de son pays ? Agiter l’épouvantail des meurtres et du chaos, comme cela s’est déjà produit depuis 1995 et suivants, dans l’intention de nier ces valeurs, c’est proclamer sa démission et son manque de liens fusionnels avec la Côte d’Ivoire et ses principes républicains. Contre une telle dictature dévastatrice, force sera pour nous, de revenir (c’est une exigence de civilisation) enfin, à nos textes de loi pour faire la lessive des balafres incongrus infligés à notre peuple en vue de renouer avec la concorde et la paix sociale que nous n’aurions jamais dû perdre. En cela, présent partout où le pays l’appelle pour la sauvegarde des attributs qui le fondent, Charles Konan Banny invitera ses frères et sœurs de la CNC à refuser toute pratique qui sent la forfaiture. Ensemble et sous sa houlette, ils veulent plutôt remettre la Côte d’Ivoire dans son lit. Ils ont à cœur de réunir tous les enfants de ce pays ainsi que les peuples venus d’ailleurs dans un creuset d’harmonie et de cohésion sociales apaisées. Mais, cela ne peut se faire que dans le respect des lois que nous nous sommes librement et intelligemment données

Au finish

De ce qui précède, il suit que les dangers qui nous menacent sont immédiats, physiques et réduisent fatalement, à presque rien ou à rien, les conflits idéologiques. C’est la loi du plus fort par les armes, les machines à tuer, les microbes assimilés aux miliciens, les mercenaires importés, la garde prétorienne que composent les rebelles qui
sont la matérialité de ces dangers. L’instrumentalisation des média et presse d’Etat pour donner un blanc­seing à la tyrannie déguisée en démocratie­du­talion font partie de l’arsenal. Non, le président Alassane Dramane Ouattara tient en mains des tisons toujours rougeoyants et ardents (moyens légaux de ses succès politiques), il
est prêt à provoquer le brasier aux conséquences sans limites. Il ne peut pas sauver ce pays­mien et ses populations, alors que ceux­ci ont besoin de vivre ! En tous les cas, si les populations survivaient, encore une fois, à cette guerre électorale dont les ingrédients sont réunis, ce qui n’est pas sûr, elles pourraient rêver d’une société post­despotique sanguinaire. Mais, les actions et mouvements du conglomérat RDR­RHDP quasi sismiques qui agitent le pays de fond en comble ne sont pas très favorables au rêve à l’âge d’OR. Cependant, pour le Président Charles Konan Banny, Chef de l’opposition significative, la (CNC), l’espoir est permis ! Les populations peuvent donc toujours rêver au changement à une aube glorieuse qui fera disparaitre ce présent obscure : source de pleurs, d’assassinats gratuits, de non­droit, de désamours, de divisions ethnico­tribo­religieuses et de pestilence. Car, les événements suivent des voies sinueuses dont on ne peut, à priori, apercevoir le tracé. Seules la confiance en la valeur et en la bonté de l’existence, d’une part, et la foi en un sursaut national des volontés et des cœurs épris de démocratie et de paix véritable, d’autre part, nous feront triompher de cet ordre enfiévré par les velléités de désordre et agité, à l’excès, dans la dévotion de la débauche. Bien que ​ DE L’IVOIRITE A L’APPEL DE DAOUKRO ­L’ENFER CONTINUE POUR LA COTE DIVOIRE​ , accordons à Charles Konan Banny, notre quitus pour le changement que nous appelons de tous nos vœux
maintenant demain, il sera tard.

Bécan Tiékpa Alice ­Rosine

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