PRAO Yao Séraphin, MNSEA
«Le mensonge des uns est l’antidote aux mensonges des autres»
De Bernardo Carvalho
Il est dit que l’argent est le nerf de la guerre. Il est aussi le nerf du développement. La juste répartition des moyens financiers entre les investissements dits productifs et les activités éducatives, sociales, culturelles dont le bénéfice n’est pas mesurable, la répartition des choix dans le temps, la recherche des crédits à taux et durée convenables, sont une préoccupation constante d’un gouvernement. Ce dernier doit également éviter une charge fiscale trop lourde qui découragerait les entreprises, en s’assurant cependant des recettes suffisantes pour alimenter le budget. Cet exercice d’équilibre qui tient un peu du problème de la quadrature du cercle est rendu plus aléatoire dans le contexte de mondialisation des économies. Le gouvernement actuel a été incapable d’assurer un équilibre acceptable. Mieux, il a endetté le pays au point où chaque bébé qui naît doit aux créanciers au moins 500000 FCFA. Dans les lignes qui suivent, nous nous proposons de revenir sur les raisons qui ont poussé le régime Ouattara à engager des investissements de pacotilles dans notre pays.
La première raison : le copier-coller mal fait
Même « les ayatollahs du régime » savent qu’on ne peut pas financer tous ces projets deux mois après l’investiture du Président Ouattara. Croire à ce mensonge, c’est ignorer l’alphabet de la finance. Le Pont de Bouaflé et tous les autres sont les fruits de l’ancien régime : celui de Laurent Gbagbo. Au stade municipal de la ville, alors en campagne, le Président Gbagbo disait ceci : « Votre fils Diby même est là, il peut vous rassurer. Le pont de Bouaflé sera livré bientôt. On a tout bouclé. La part de la Côte d’Ivoire a été déjà dégagée, il ne reste que celle de la BOAD, qui sera libérée après les élections présidentielles ». Mieux les propos, en 2009, de Bouaké Fofana, Directeur Général de l’AGEROUTE sont encore vifs. Dans un entretien accordé au mensuel économique ivoirien, Tycoon, en marge d’un dossier de six pages intitulé « Où va la route ivoirienne ? », il a été net sur le sujet. Voici un extrait :
« Avec la période post-crise qui s’annonce, le financement des bailleurs de fonds dans ce secteur [routier] a repris. La réhabilitation d’infrastructures routières à Abidjan et à Bouaké, d’un coût total de 28 millions de dollars E.U [14 milliards de francs CFA, ndlr] est effective. Ce, dans le cadre du Projet d’Urgence d’Infrastructures Urbaines (PUIUR) financé par la Banque Mondiale. La composante 4 de ce projet est réservée aux infrastructures routières. Les routes exploitées par les services de transport public, les travaux d’amélioration, la fourniture et l’installation de panneaux routiers verticaux sont les principaux axes de cette composante. Egalement au nombre de cette composante, le marquage horizontal sur le plus de routes possibles et la réhabilitation de 7,2 km de voirie revêtue à Bouaké. Huit axes routiers (12,4 km de voirie revêtus) empruntés par la SOTRA seront réhabilités à Abidjan. Ajoutée à cela, la construction d’une passerelle à piétons, d’un pont de 120 mètres [à la Riviera 2, ndlr] et d’une route à la Riviera Palmeraie [celle réalisée depuis 2009-2010 qui relie la Riviera Attoban à la Riviera Palmeraie, ndlr]. La composante 3 du PUIUR financée à hauteur de 12 millions de dollars E.U est consacrée à l’élimination des principaux dépôts sauvages dans l’agglomération urbaine d’Abidjan. Quand on sait que les ordures jonchant les routes déversent un liquide corrosif. L’assainissement urbain (eaux usées) constitue la composante 2 du PUIUR. 15,2 millions de dollars E.U [7,6 milliards de francs CFA, ndlr] sont déjà mobilisés. La réhabilitation des principales stations de pré-pompage, de pompage, des égouts secondaires constitueront une bouffée d’oxygène pour le réseau routier abidjanais. Vu le nombre de canalisations bouchées et autres problèmes d’assainissement. La phase active du PUIUR [composante 1] est prévue, dans quelques semaines, pour une durée allant de quatre (4) mois à quatre (4) années […] ». ].
Dans sa volonté de diffamer le Président Gbagbo, le Président Ouattara a certainement précipité les choses pour s’octroyer la paternité. Du coup, il se pose un sérieux problème de conception au niveau de tous les projets du régime. La durée de vie des routes sous le régime actuel est de quatre mois.
La deuxième raison : une occasion pour enrichir les amis
Tout le monde le sait en Côte d’Ivoire, ce sont les hommes et des femmes d’affaires qui gouvernent le pays et non des hommes d’Etat. Pour enrichir ses amis, il faut leur trouver tous les quatre mois des chantiers. C’est la raison pour laquelle, les routes du régime sont très artificielles et de piètre qualité. En construisant des routes de qualité, les entreprises des amis du Président Ouattara ne prospèreront point. Pour les aider, il faut les laisser faire des routes dont l’épaisseur n’excède pas celle d’une lame. Il suffit d’une petite pluie pour que les routes se dégradent complément.
La troisième raison : l’incompétence des concepteurs
Une autre raison mérite une attention particulière. Depuis 2011, la Côte d’Ivoire a enregistré des petites et moyennes entreprises (PME) étranges. Elles n’existaient pas dans ce pays mais elles sont apparues avec l’arrivée au pouvoir du Président Ouattara. Elles sont dirigées par des incompétents mais pour une question de gratitude et de reconnaissance, elles raflent les quelques appels d’offre du régime Ouattara. Notre pays fait simplement pitié sous le régime Ouattara.
En définitive, tout reste artificiel sous le régime Ouattara, même le sourire. La croissance économique est qualitativement rentière et non enrichissante. Le résultat est net : le chômage est endémique et une absence de création d’emplois structurels. Par-dessus tout, la cherté de la vie a affaibli la construction de la classe moyenne. Le secteur privé n’a pas été encouragé et l’endettement public a pris des dimensions démesurées. En clair, sous le Président Ouattara, notre pays est vendu aux enchères.
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