Côte d’Ivoire – L’Inspecteur général d’Etat estime « surréaliste de parler d’inéligibilité de Ouattara »

niamien-ali

Le ministre Niamien N’goran, Inspecteur général d’Etat (à droite) et M. Aly Touré, Porte-parole de Convergence 2020, à la Conférence internationale de Paris / Photo ; Toh Pierre

Revenu de mission, mercredi dernier, l’Inspecteur général d’Etat, le ministre Niamien N’goran, a bien voulu dans l’interview qui suit, situer le cadre de sa mission et égrener avec nous des sujets d’actualité avant de se prononcer sur la vie de son parti.

Monsieur le président, vous venez de rentrer d’une importante mission d’Europe, peut-on savoir comment s’est déroulée cette mission dans l’Hexagone ?

Je voudrais vous remercier et remercier aussi monsieur Aly Touré qui est à la tête d’un mouvement qui regroupe un certain nombre de personnalités qui comptent dans le monde politique, économique, et qui nous a fait l’amitié de nous inviter à une conférence internationale sur la gouvernance du président Alassane Ouattara. C’est tout un programme. Nous avons fait une communication sur les structures en charge de la gouvernance en Côte d’Ivoire. Comme vous le savez, votre serviteur est à la tête de l’Inspection générale d’Etat, et donc, nous avons fait une communication sur la gouvernance du président Ouattara. La réunion s’est bien déroulée. Il y avait une forte assistance des Ivoiriens de la diaspora et des amis de la Côte d’Ivoire. Et il y a eu un certain nombre de communications. Il y a l’ancien ministre des Affaires étrangères du Sénégal, M. Cheick Tidiane Gadio, et un essayiste, qui ont également fait des communications sur les questions d’émergence, vues comme mythe ou réalité. En tout cas, cela a été une belle rencontre.

On nous dit que l’auditoire est resté admiratif des bonds prodigieux faits par le président Ouattara, après 4 années d’exercice du pouvoir. Les résultats sont flatteurs…

C’est évident. On peut dire que la Côte d’Ivoire est en chantier. En très peu de temps, la Côte d’Ivoire est devenue un pays qui a repris sa place en Afrique de l’Ouest. En tant que locomotive des Etats de l’Afrique de l’Ouest, de l’Uemoa et de la Cedeao. La Côte d’Ivoire, sous la direction du président Ouattara, a repris sa place. Tous les intervenants l’ont souligné et, bien sûr, cela ne peut que nous combler de satisfaction. En tant qu’Ivoiriens, on peut avoir la tête haute. En tout cas, c’est ce que les participants ont relevé.

Pouvons-nous savoir la perception que l’extérieur a aujourd’hui de la Côte d’Ivoire ?

Ce qui est sûr, c’est que l’extérieur se rend compte qu’en matière de performance économique, la Côte d’Ivoire, avec des taux de croissance de 8%, fait évidemment envie car, nous sommes partis de très loin. Il faut que cette croissance s’inscrive dans la durée. C’est pour cela que l’échéance politique d’octobre 2015 est une échéance capitale, que cela puisse se dérouler dans la paix pour que la Côte d’Ivoire puisse continuer sa marche en avant. Bien sûr, il y a eu l’Appel de Daoukro. Je crois que le président Bédié, on ne le dira jamais assez, a fait preuve de vision en demandant qu’il y ait l’Appel de Daoukro, parce qu’il y a une certaine logique. Je ne vais pas m’étendre là-dessus. Vous savez que je sors d’une réunion, cet après-midi (Ndlr : hier), justement, sur l’Appel de Daoukro.

Sur cet Appel, il se susurre que vous préparez, avec vos collaborateurs, l’an 1 de cet appel. Pensez-vous que cet appel mérite un anniversaire ?

Oui, cet appel mérite un anniversaire, parce que c’est un appel qui marque la vie politique de la Côte d’Ivoire, aujourd’hui, demain et après demain. Cet appel comporte, comme vous le savez, trois volets. D’abord, le fait que le Rhdp soutienne la candidature du président Ouattara, il y a le projet de parti unifié, l’alternance en 2020 au profit d’un cadre du pdci-Rda. Ce sont des choses qui s’inscrivent dans la durée et nous allons tout faire pour que cet appel réussisse sur tous ses aspects, à savoir, que le président Ouattara soit bien réélu, avec un taux de participation élevé, que le projet de parti unifié aboutisse, et que l’alternance en 2020 au profit d’un cadre du Pdci se réalise. C’est pour cela qu’à l’occasion de l’anniversaire, nous rappellerons ces choses-là. Nous nous mettrons aussi en ordre de bataille pour l’élection présidentielle. Vous savez que les listes électorales viennent d’être remises aux partis politiques, et elles sont sur le site de la Cei. Nous profitons de l’occasion pour inviter tous nos militants à regarder cette liste et à participer à ce qu’on appelle le contentieux de la liste pour que les personnes qui ne doivent pas y figurer, n’y figurent pas. C’est important, car cela joue sur le taux de participation. Quand des personnes qui ne doivent pas figurer sur ces listes y figurent, cela fausse les calculs. C’est cela aussi la transparence.

Vous êtes l’un des premiers responsables du Pdci-Rda, collaborateur du président Bédié. Vous avez dit que l’un des piliers de l’Appel de Daoukro, c’est la réélection du président Ouattara. En tant que vice-président du Pdci, quelle va être la contribution du ministre Niamien N’goran ?

Ma contribution sera importante. D’abord, au niveau national, expliquer à nos électeurs les raisons qui militent en faveur de la réélection du président Ouattara. On ne change pas une équipe qui gagne. Il est au travail, il a fait, en très peu de temps, avancer la Côte d’Ivoire. Il faut donc faire en sorte qu’il soit réélu et faire du porte-à- porte au niveau local, dans nos quartiers, partout. Il faut se mobiliser et faire en sorte que le président Ouattara soit plébiscité, et cela, dès le premier tour. Ce n’est pas un effet de mode, vous savez que je n’ai pas l’habitude de dire des choses que je ne souhaite pas faire et nous ferons en sorte que le président Ouattara soit réélu. Je crois que c’est une très bonne chose, s’il est réélu dès le premier tour pour que la Côte d’Ivoire continue d’avancer. On ne partage pas la misère, mais la richesse. Je crois qu’à la tête de la Côte d’Ivoire, le président Ouattara crée des richesses, de par les résultats qu’il obtient. C’est quand les résultats s’inscriront dans la durée, que la croissance va toucher tout un chacun. Si ce n’est pas dans la durée, toutes les populations ne peuvent pas en bénéficier. En matière d’infrastructures scolaires, routières, sanitaires, éducatives. Concernant l’Ecole, vous savez qu’une population éduquée se prend en charge et la lutte contre la pauvreté suppose que l’illettrisme soit combattu, que les gens puissent aller à l’école. Vous voyez la dernière décision qui vient d’être prise, a dit que la scolarisation de 6 à 16 ans est obligatoire. C’est une bonne décision. Cela va coûter cher au budget de l’Etat, mais cela en vaut la peine. Cette décision, il faut la soutenir. C’est une façon de lutter contre la pauvreté.

Vous estimez que le président Ouattara a fait un bon résultat, ce qui n’est pas la même perception au niveau de l’opposition, notamment, Charles Konan Banny, Mamadou Koulibaly, Kkb, d’un certain nombre d’acteurs qui fustigent le résultat du président Alassane Ouattara. Ils disent qu’il a fait reculer la Côte d’Ivoire. Que leur répondez-vous ?

Dire cela est excessif, mais c’est de bonne guerre. Ils sont dans l’opposition et chacun prêche et avance ses arguments. Mais dire que la Côte d’Ivoire a reculé, est excessif. Il faut reconnaître, en prenant la situation que nous avions avant, qu’il y a un changement. Bien sûr, l’histoire jugera. Il faut raison garder. On ira aux élections. Il y a toujours la question de la réconciliation qui est une œuvre de longue haleine. Pour qu’il y ait réconciliation, il faut que les parties soient sans a priori, sans calculs, pour qu’elle soit une réalité. C’est notre tâche à tous.

Une partie de la classe politique, se fondant sur ces questions, demande une transition. Qu’est-ce que vous avez à leur dire?

Non! Une transition, ça nous conduit dans une situation d’incertitude. Il faut éviter d’envoyer la Côte d’Ivoire dans une situation d’incertitude. Nous faisons des élections tous les 5 ans. Vous avez vu ce qu’il y a eu pendant la crise où il n’y a pas eu d’élection en 2015. Il ne faut pas que nous replongions dans cette situation. Je ne vois pas pourquoi il faut faire une transition. Les listes électorales sont publiées et disponibles, il faut les regarder et avancer. Il faut faire l’élection à la date que nous impose la Constitution de la Côte d’Ivoire. Il faut respecter la Constitution, c’est important, sinon on ouvre la boîte de pandore et c’est la surenchère. On sait comment on ouvre cette boîte mais comment la refermer, c’est vraiment aller à l’aventure. Donc il faut tout faire au niveau de tous les acteurs politiques, il faut garder la sérénité et avancer en fonction du calendrier.

Comment voyez-vous la campagne présidentielle prochaine?

La campagne sera brève, mais il faut aller expliquer. Parce que la répétition, comme on le dit, est une vertu pédagogique. Pendant la campagne, on doit investir le terrain, rencontrer les populations, les rassurer sur leurs préoccupations. Je le répète, il faut absolument que la Côte d’Ivoire continue son chemin au niveau des réformes qui sont déjà engagées. Il faut que le gouvernement continu dans le sens des réformes pour que la croissance s’inscrive dans la durée et quand elle s’inscrira dans la durée, vous verrez que les fruits de cette croissance pourront bénéficier à l’ensemble de nos compatriotes. Puisque 4 ans, ce n’est rien du tout, c’est très court dans la gestion d’un pays. Je crois que c’est dans la durée, que la croissance sera inclusive pour que tous les Ivoiriens puissent en profiter. Parce que si vous avez des performances et que cela s’arrête, vous savez qu’on va retourner dans la situation d’extrême pauvreté que nous avons connue par le passé.

Que répondez-vous à ceux qui prédisent l’apocalypse?

Moi, je crois que c’est aussi excessif. On veut noircir le tableau à dessein, il faut éviter cela. Je crois que vous observez ce qui se passe, vous êtes des acteurs en tant que journalistes, des témoins de notre temps, et si vous prenez la majorité de nos compatriotes, ils aspirent à vivre dans un pays en paix. Je crois que si nous observons ce qui se passe, on se rend bien compte que nous sommes dans un pays qui a recouvré la paix, qui est en sécurité. C’est une œuvre qui n’est jamais gagnée définitivement. Chaque jour que Dieu fait, il faut cultiver cette paix. C’est pour cela que la réconciliation, vous en tant que journalistes, il faut faire en sorte d’aider à travers vos plumes pour que les messages excessifs soient bannis et proscrits de manière à ce que nous soyons dans une situation d’ambiance de sérénité pour aller à ces élections.

Nous avons lu une tribune du ministre Anaky, ancien membre du Rhdp qui, aujourd’hui, demande au président Bédié de parler au président Ouattara parce qu’il est en train d’organiser une situation qui va conduit au chaos. Notamment, en évoquant le fait que le dépôt des candidatures se fait dans un environnement malsain…Pensez-vous qu’il exagère?

Il faut éviter de noircir le tableau. Toutes les personnes qui veulent poser leur candidature peuvent le faire sur la base des textes qui sont là, le code électoral, les dispositions de la candidature. Donc, je ne vois pas où est le problème. (…) Le président Bédié a déjà pris position et il a été clair. On a notre candidat, on l’a déjà investi au stade Félix Houphouët-Boigny.

Mais le président Anaky récuse ce candidat. Il dit qu’il est inéligible.

Il ne peut pas le récuser, parce que notre candidat n’est pas inéligible. C’est surréaliste de penser cela. Je n’utiliserai pas les mêmes termes que d’autres utilisent, mais je dis que notre candidat, dont nous allons déposer la candidature, regroupe un ensemble de partis politiques comprenant le Pdci-Rda, le Rdr, le Mfa, l’Udpci et l’Upci. C’est cette candidature que nous allons présenter face à nos adversaires dans une compétition à la loyale.

Pensez-vous que cette opposition peut faire vraiment le poids face au président Alassane Ouattara?

Je ne sais pas. Vous savez, les choses appartiennent aux électeurs. Mais nous, nous ferons en sorte, comme nous le faisons déjà, de convaincre les électeurs à voter notre candidat. Il faut respecter les électeurs, et c’est ce que nous faisons. Nous savons que leur choix est important et nous allons expliquer pourquoi, il faut voter pour notre candidat. Parce que nous sommes sur la voie qui nous mène à la croissance et au développement qui doivent s’inscrire dans la durée. Pour que cela soit inscrit dans la durée, il faut donner un second mandat à notre candidat. Et je crois que les électeurs le comprendront.

Un candidat déclaré a dit qu’un bon militant du Pdci ne devrait pas suivre l’appel de Daoukro.

Nous avons fait un congrès extraordinaire avec le résultat que vous connaissez. A ce congrès, notre candidat a été plébiscité au niveau du Pdci et à la convention. Donc, je ne vois pas ce qu’on appelle bon militant. Les bons militants”. Chaque jour que Dieu fait, nous expliquons à nos électeurs, aux Ivoiriens, qu’il faut voter Alassane Ouattara.

Fologo est de retour au Pdci-Rda. Quel est votre sentiment?

C’est une excellente chose. Moi, je me félicite et il faut que d’autres membres de la famille nous rejoignent. Je voudrais remercier le président du Pdci-Rda, par ailleurs, président de la conférence des présidents du Rhdp pour cet acte. C’est une très bonne chose. Une famille est forte lorsqu’elle est rassemblée. Donc, c’est une bonne chose que le président Fologo soit revenu au Pdci parce que c’est une figure emblématique de ce parti.

Le parti unifié, on en parle, mais est-ce qu’il y a un travail qui se fait pour y parvenir après les élections présidentielles?

A chaque jour suffit sa peine. Pour l’instant, nous cherchons à faire élire notre candidat. Il faut absolument y arriver. Mais déjà, la construction, tous les jours, du Rhdp se fait et c’est un travail important. Il faut que ce travail se fasse pour que notre candidat puisse gagner l’élection à venir dès le premier tour avec un bon score et un bon taux de participation. Mais déjà, nous sommes dans la posture du parti unifié même si sur papier, chaque parti a son autonomie. Et c’est ce que nous faisons. Quand vous verrez les équipes de campagne, vous constaterez qu’elles comprennent tous les partis. Donc déjà, nous y sommes. Et il faut obtenir des résultats avec.

Au moment où vous vous apprêtez à célébrer l’an 1 de l’appel de Daoukro, un membre de la conférence des présidents du Rhdp affirme que l’appel lancé par Bédié à Daoukro n’est pas un contrat. Qu’est-ce que vous répondez?

Ce n’est pas un contrat, mais c’est une posture politique importante. C’est cet appel qui nous permet d’aller ensemble à l’élection présidentielle et c’est important. Quand vous regardez l’appel de Daoukro, il ressemble un peu à l’appel que le président Houphouët a lancé à l’époque coloniale au stade Géo André où il y avait beaucoup de partis. Il a dit : « Nous avons intérêt à nous mettre ensemble ». Et par la suite, nous sommes arrivés à un parti unique. Là, je ne sais pas si on va arriver au parti unifié, mais déjà, même sans y arriver avec la composition que nous avons, nous apprenons à nous connaître, à travailler ensemble, à cultiver la fraternité. Ça, c’est déjà important pour faire avancer les choses. Ne trouvez-vous pas que c’est un gain important?

Interview réalisée par AKWABA SAINT CLAIR PAUL KOFFI et LANCE TOURE Coll SYLVAIN TAKOUE

Source : Le Nouveau Réveil, 31 juillet 2015

Commentaires Facebook

Les commentaires sont fermés.