Georges Armand Ouégnin, vice-président du Rpp, ancien ministre dans le gouvernement Aké N’gbo, ex-détenu politique à Boundiali, rompt le silence après le départ de Fologo de la présidence de ce parti qu’il a crée. L’homme dit ses vérités sans porter de gants. Bref, lisez plutôt.
Comment va le Rpp après le départ de Fologo ?
Le Rpp, notre parti se porte bien. Il va survivre, voire se renforcer après le départ de son président fondateur. C’est aujourd’hui une institution solide. Vous pouvez donc vous rassurer. Fologo n’est pas parti avec le Rpp.
Et qui assure son intérim après son départ ?
Selon nos textes, c’est le secrétaire général en occurrence, le ministre Ouattara Gnonzié qui assure son l’intérim jusqu’au prochain congrès.
Mais est-ce que son départ vous a surpris ?
Le président Fologo est certes un homme politique de grande expérience, mais personnellement je le voyais venir et je ne suis donc pas surpris. Mais permettez que je ne fasse pas de commentaire sur ça. C’est un ainé pour qui j’ai beaucoup de respect.
Après ce départ de Fologo, où se situera alors le Rpp ?
Nous l’avons déjà dit dans la déclaration qui a été produite par la direction du parti, notre place ne se trouve nulle part ailleurs que dans l’opposition. Je demande à nos militants et sympathisants de nous faire confiance, nous sommes dans l’opposition et notre position est sans équivoque. Et très bientôt, le président intérimaire et la direction du parti, après avoir recueilli les avis de nos militants, vont se prononcer sur toutes les questions qui touchent à la vie des ivoiriens. Nous serons plus que jamais à l’écoute de nos militants qui décideront des orientations claires et nettes que nous prendrons.
Dans le même temps, est-ce que ce départ ne libère pas le Rpp ?
Permettez une fois de plus que je ne m’attarde pas sur cette question, nous avions pris acte du départ de Monsieur Fologo et nous lui avions même rendu hommage pour tout ce qu’il a fait pour le parti. Le Rpp aujourd’hui doit avancer et prendre la place qui est la sienne sur l’échiquier politique ivoirienne. C’est dire que nous devons aller au-delà de la personne de son fondateur.
Est-ce que vous en avez les moyens ?
Oui nous avons les moyens humains, les compétences pour relever ce défi. Nous avons des militants engagés à mener le combat pour la démocratie et le bien être des ivoiriens.
Mais dans un autre registre, est-ce que ce départ ne peut pas créer des dissensions au sein de votre parti ?
Je peux vous le confirmer, le départ de Monsieur Fologo ne créera aucune dissension au sein du parti. Notre famille politique est soudée et ce départ au contraire, renforcera notre solidarité et notre union autour du président intérimaire Ouattara Gnonzié.
Quel est votre position sur la Coalition nationale pour le changement (Cnc), surtout qu’il y a des informations qui vous annoncent dans cette Coalition suite à votre présence très ovationnée aux meetings de Yopougon et Koumassi ?
Oui, j’ai assisté aux différents meetings que vous citez à titre personnel. Mais c’est à la direction du parti et aux militants de décider d’intégrer ou pas cette Coalition. Mais ce que je peux vous dire, c’est que le Rpp est un parti libre et responsable qui sera toujours aux côtés de ceux qui agiront pour la liberté, la justice, la solidarité, la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire.
Et quelle est votre position sur les élections à venir ?
La direction du parti et son président intérimaire donnera notre position en temps opportun. Mais ce que je peux vous dire personnellement, c’est que nous irons à ces élections si les conditions d’une élection libre, démocratique, transparente et apaisée sont réunies.
Que devient le Professeur Ouegnin après avoir subi l’enfer de la prison de Boundiali et l’humiliation du procès aux Assises où vous avez été condamné à 2 ans de prison avec sursis ?
Je vais très bien. Nelson Mandela disait que les épreuves, notamment la prison font parti de la vie d’un homme politique. Je peux vous dire que ce sont des épreuves qui ont renforcé mes convictions pour une Côte d’Ivoire libre et démocratique, maître de son destin et surtout ma foi en Dieu qui est amour, justice et vérité. Je suis très serein.
Que pensez de l’inculpation des chefs de guerre par la justice ivoirienne ?
La Justice est d’inspiration divine, elle se doit être juste, impartiale et non à deux vitesses.
Croyez-vous en la libération du Président Gbagbo ? Et que pensez-vous de la situation qu’il vit aujourd’hui ?
Le Président Laurent Gbagbo dont je m’honore d’avoir été un des collaborateurs au sein du gouvernement du Premier ministre Gilbert Aké N’gbo est un grand homme politique qui a consacré toute sa vie à la lutte pour la liberté, la justice et la démocratie en Côte d’Ivoire. Et comme j’ai coutume de le dire, si Félix Houphouët-Boigny est le père de la nation ivoirienne, Laurent Gbagbo est le père de la démocratie en Côte d’Ivoire. C’est pour ce combat juste qu’il a toujours mené pour la dignité des ivoiriens et des africains en général qu’il se trouve injustement dans une cellule à La Haye où il n’aurait jamais dû être. Mais comme il aime à le dire lui-même, le temps est un autre nom de Dieu. Je suis profondément convaincu que Laurent Gbagbo reviendra réhabilité auprès des siens.
Pour terminer que doit-on retenir du Rpp ?
Le Rpp est surtout et avant tout un parti de rassemblement. Je lance un appel solennel à tous les militants et sympathisants de s’unir et de se regrouper autour du président intérimaire et secrétaire général du parti Monsieur Ouattara Gnonzié pour faire du Rpp, un parti fort et qui compte sur l’échiquier politique national.
Entretien réalisé par Guehi Brence
In Le Temps du samedi 11 juillet 2015
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