Je dois avouer que je suis perplexe devant les stratégies déployées par certains adversaires d’Alassane Ouattara pour le battre à la prochaine élection présidentielle. Ainsi, M. Essy Amara, lors de ses récentes sorties, a choisi de nous expliquer que toutes les réalisations actuelles du Président Ouattara ont été, en fait, projetées, depuis longtemps, par ses prédécesseurs.
A cela, j’ai juste envie de répondre: « Oui, et alors ? » Oui, nous savons que le troisième pont d’Abidjan avait été annoncé par le président Bédié. Mais entre Bédié et Ouattara, plus de dix ans se sont écoulés. Qui a finalement réalisé cet ouvrage ? Le plus important est-il la réalisation du projet ou le projet tout court? Je me souviens du quatrième pont annoncé à grand renfort de publicité par Laurent Gbagbo et dont Fraternité Matin avait, à l’époque, distribué les images sous forme de posters. Et je n’oublierai jamais cet article qui disait qu’après la cérémonie de pose de la première pierre du quatrième pont, le Chef de l’État avait instruit le ministre des Infrastructures économiques de prendre les dispositions nécessaires pour rendre effective la construction du troisième pont. Oui, sous Gbagbo, nous aurions construit le quatrième pont avant le troisième.
Plus tard, Gbagbo avait carrément dit que ce troisième pont n’était pas une priorité pour lui. Pour Ouattara, c’en était une. Et il le réalisa, pour le bonheur des Abidjanais. L’autoroute de Grand-Bassam fut également conçue sous Bédié. Ouattara vient de la construire. Et elle doit aller jusqu’à la frontière ghanéenne. Sous Houphouët-Boigny, l’autoroute du nord s’arrêtait à Singrobo. Gbagbo tenta de la prolonger jusqu’à Yamoussoukro. Il n’y parvint pas avant de perdre le pouvoir. Ouattara l’a fait et il est en train de l’allonger jusqu’à la frontière du nord. Le barrage hydro électrique de Soubré fut-il projeté sous Houphouët-Boigny ? Oui ! Entre le premier président et l’actuel, il s’écoula presque vingt ans. Et c’est Ouattara qui est en train de le concrétiser.
Rendons hommage à ceux qui ont pensé et conçu tous ces grands projets. Mais rendons encore plus hommage à celui qui les a enfin matérialisés. Lorsque M. Ouattara quittera le pouvoir, il y aura certainement des projets qu’il aura conçus ou entamés que ses successeurs viendront achever. Il en est ainsi de la vie d’une nation. Il en a été ainsi des grandes cathédrales en Europe dont la construction s’est étendue sur des siècles.
Une de nos chansons populaires ne dit-elle pas : « Le travail de mille générations construira ma Côte d’Ivoire. » Aujourd’hui, M. Ouattara achève des projets entamés par d’autres ; demain, d’autres achèveront ceux qu’il aura entamés et qu’il n’aura pas eu le temps de terminer. Devrait-on lui enlever le mérite d’achever ce que d’autres ont commencé et qui sont utiles à l’ensemble des Ivoiriens ?
Mais ma perplexité est encore plus grande lorsque je parcours le texte intitulé « Document d’orientation de la politique des infrastructures et travaux publics du candidat Essy » que j’ai découvert sur Internet. Ce document accorde une large part à la vision d’Houphouët-Boigny sur les grands travaux, sur ce qu’il a réalisé, une petite part à ce que Laurent Gbagbo a réalisé et avait l’intention de faire; rien sur ce que le président Bédié, dont Essy Amara fut pourtant un important ministre, a réalisé; un peu sur ce que Ouattara n’a pas encore réalisé, mais surtout, absolument rien sur ce que lui, Essy Amara, nous promet.
Le document sert, en fait, à nous démontrer ce que nous disions plus haut, à savoir que Ouattara ne fait que réaliser ce que ses prédécesseurs avaient projeté. Je dirais donc pour ma part qu’il était temps que Ouattara arrive, pour que l’on ait enfin les ponts d’Abidjan, de Jacqueville, Béoumi, Bouaflé, Bassawa, la réhabilitation de la Corniche, l’hôpital Joseph Moscati de Yamoussoukro, le train urbain d’Abidjan, le barrage de Soubré, etc. Il était vraiment temps que Ouattara arrive pour que la route qui sépare Dimbokro de mon village natal, Bocanda, soit enfin réhabilitée. Il était temps que Ouattara arrive pour que les populations de Touba, Séguéla et Mankono qui vont le recevoir à partir de ce jour voient, enfin, des travaux réalisés pour améliorer leurs conditions de vie.
Charles Konan Banny, pour sa part, a accordé une interview à Jeune Afrique, dans son édition du 12 au 18 juillet 2015. Cet autre adversaire de Ouattara y déplore le fort taux de chômage et la mauvaise distribution des richesses du pays. Interrogé par le journaliste sur « comment faire pour mieux « partager le gâteau ? », le candidat à la présidence répond textuellement: « Nous ferons des propositions lorsque nous serons au pouvoir. » Le même candidat, interrogé par Le Point.Afrique sur ses propositions pour résorber le chômage des jeunes, répond en toute honnêteté ceci: « Si je vous dis que j’ai une solution toute faite pour le chômage en Côte d’Ivoire, vous ne me prendrez pas au sérieux. » En voilà un qui a le mérite de la franchise. Dont acte !
Venance Konan
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