« On ne fait qu’exécuter ce qui a été déjà conçu. Le pont HKB a été conçu sous Bédié et Gbagbo a trouvé le financement »
Depuis qu’il a décidé de sortir de son long silence, le candidat déclaré Essy Amara donne de lui l’image d’un opposant qui veut le pouvoir pour changer les choses dans son pays. En bouclant sa première sortie à Abengourou, le natif de Bouaké qui a eu l’onction de ses parents de Kouassi Datékro, a animé une conférence de presse lundi au domicile de l’ancien maire d’Abengourou, le ministre Nicolas Kouassi Akon, membre de son cabinet. C’est un homme ragaillardi par le soutien des siens qui a répondu sans sourciller aux questions des journalistes. Nous en donnons ici de larges extraits sur des points saillants.
Endettement et gouvernance
Sur ce sujet, Essy s’est offusqué du budget qui s’accroit d’année en année sans que cela impacte réellement le développement du pays. « Le budget de la Côte d’Ivoire s’accroit d’année en année et pourtant tout se dégrade. Il faut qu’on gère la Côte d’Ivoire autrement. Il faut que l’endettement soit utilisé à bon escient. Il faut que tout ce qu’on prend comme dette puisse servir à construire des routes. On doit combattre la corruption par un contrôle à tous les niveaux. La plupart des routes qui sont faites se dégradent peu de temps après. Même l’autoroute n’est pas épargnée parce que les marchés sont passés de gré à gré. L’autoroute a été faite précipitamment parce qu’il y a les élections et on veut montrer qu’on travaille. Il faut qu’on rende compte de l’argent qu’on donne pour faire quelque chose. »
Choix de Kouassi Datékro, temps mis avant l’entrée en scène, prochaine étape
Le candidat s’est ici prononcé sur le long temps qu’il a mis pour éclairer définitivement sur sa candidature. Il explique également son retour aux sources.
«Je suis quelqu’un qui a été élevé dans la tradition africaine à Kouassi-Datékro. Dans tout ce qu’on fait dans la vie, on doit consulter ses parents. Donc je me devais d’aller voir les parents pour dire qu’on m’a sollicité pour être candidat à l’élection présidentielle. Qu’est-ce que vous en pensez ? On dit qu’on ne me voyait pas sur le terrain. Mais je pense que, comme le Pdci a dit qu’il ne présente pas de candidat, je décide d’aller en indépendant. Pour cela, il fallait que je m’assure que dans les localités du pays, j’ai des comités de soutien. En allant sur le terrain, il faut être sûr qu’il y a des structures qui vont t’accueillir. On ne peut pas faire des discours à Abidjan ou à la télévision et dire je m’en vais à Touba pour demander qu’on vote pour moi. Il faut s’assurer qu’on a des gens sur le terrain et qui le jour du vote seront dans les bureaux de vote pour vous représenter. C’est ce travail qu’on faisait pendant tout ce temps. Aujourd’hui, nous savons que dans chaque localité, nous avons des comités et des mouvements de soutien. Les comités d’ici, je les ai rencontrés et je profite de l’occasion pour leur dire merci. Maintenant, j’ai une idée de comment je pourrai faire la campagne et par où commencer. Je crois à la démocratie même si apparemment les dés sont un peu pipés : il y a le problème de la commission électorale et celui de la révision de la liste électorale. La prochaine étape, ce sera Bouaké, la ville où je suis né. En tenant compte de la dynamique des comités de soutien, je verrai où aller après en fonction de la préparation du terrain. Je n’ai pas du tout pris de retard par rapport aux autres candidats. Nous sommes à trois mois de l’élection présidentielle et je crois que c’est encore long. Tous les candidats en lice, on se connait depuis longtemps et il n’y a rien de nouveau en politique. »
Le projet de société : sa réponse aux détracteurs
« La réalité aujourd’hui, ce n’est pas le projet de société parce que si vous interrogez un ordinateur, il va vous sortir un projet. Mais le vrai problème ce sont les hommes qui vont appliquer ce programme. Souvent les hommes politiques, quand ils arrivent dans une ville, ils font des discours enflammés du genre « je vais vous construire un grand pont ici. Et c’est après qu’ils se rendent compte qu’il n’y a pas de rivière dans cette ville. C’est cela la réalité. Il ne s’agit pas de faire une campagne médiatique alors qu’on n’a personne sur le terrain. Aujourd’hui, on ne peut plus tromper les gens. Nos parents sont très avisés et savent ce qu’ils veulent. »
Le modèle de gouvernance que souhaite Essy
« Aujourd’hui, les politiciens sont mus par la soif du pouvoir, l’accaparement des richesses. J’ai lu un rapport où on faisait la comparaison suivante : par le passé, l’accès aux hautes responsabilités de l’Etat se faisait par la compétence des individus. Mais aujourd’hui, c’est certaines pratiques telles que la copine, le népotisme et autres qui priment. Il faut un contrôle rigoureux dans la gestion des affaires de l’Etat. J’ai lu dans la presse qu’il y a eu 11 500 milliards de FCFA qui sont sortis de la Côte d’Ivoire. Avec tout ce qu’il y a comme travail à faire ici, comment cet argent peut-il aller ailleurs. En fin de compte, notre argent sert à financer le développement d’autres pays au lieu de financer nos routes, nos hôpitaux.
(…) Aujourd’hui, je ne vois rien qui n’ait été conçu avant. On ne fait qu’exécuter ce qui a été déjà conçu. Le pont HKB a été conçu sous Bédié et Gbagbo a trouvé le financement. L’autoroute, c’est Houphouët qui l’a fait… »
Le problème des exilés politiques
« La situation des exilés et des réfugiés ivoiriens dans les pays de la sous-région ne fait pas honneur à la Côte d’Ivoire. Ce n’est pas normal (…) il faut dépasser les rancœurs. Quelles que soient nos divergences, il faut qu’on soit solidaire. »
SD à Abidjan (infos : sercom)
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