Abidjan – Les fraudes fiscales des multinationales en Afrique de l’ouest supplantent largement l’aide au développement dans la zone, ce qui entrave lourdement la lutte contre la pauvreté dans cette région, selon un rapport de la fondation Osiwa.
Entre évasion fiscale et minoration des revenus déclarés afin de payer le moins d’impôts possible, les multinationales ont fait sortir illégalement 210 milliards de dollars de la Cédéao (Communauté économique des États d’Afrique de l’ouest, 15 membres) de 2002 à 2011, affirme la fondation Osiwa (Open society initiative for West Africa), qui promeut la bonne gouvernance et la transparence en Afrique de l’ouest.
« Les conséquences sont catastrophiques. La preuve est ce qu’on vit avec Ebola, où les États concernés n’ont pas le minimum de moyens pour faire face aux besoins », observe Ibrahima Aidara, l’un des auteurs du rapport.
La fraude des multinationales, qui a augmenté en moyenne de 23% par an sur cette décennie, se montait à 18 milliards de dollars en 2011 dans la Cédéao, soit un tiers de plus que l’aide au développement, évaluée à 12 milliards de dollars cette même année, selon l’étude démarrée par Osiwa fin 2013, qui ne dispose pas de chiffres plus récents.
Le pays le plus touché, et de très loin, est le Nigeria, avec 142 milliards de dollars de pertes fiscales entre 2002 et 2011. Puis viennent la Côte d’Ivoire (23 milliards) et le Togo (18 milliards).
« Les multinationales sont fautives. Normalement, si elles sont prises en faute, des mécanismes judiciaires doivent s’appliquer. Mais comme tout se fait de manière opaque et que les fraudes ont la bénédiction des pays développés », il n’en est rien, déplore M. Aidara.
« Les multinationales sont fautives. Normalement, si elles sont prises en faute, des mécanismes judiciaires doivent s’appliquer. Mais comme tout se fait de manière opaque et que les fraudes ont la bénédiction des pays développés », il n’en est rien, déplore M. Aidara.
Autre aberration économique, les exonérations fiscales accordées aux entreprises par des gouvernements de la zone, dont les montants peuvent atteindre 40% du budget de certains États et 10% de leur PIB, « n’attirent pas autant d’investissements directs étrangers », observe-t-il.
Des réformes fiscales, si elles avaient été mises en place, auraient pu permettre de mobiliser 56 milliards de dollars sur la période 2011-2018, de quoi largement financer la lutte contre la pauvreté, affirme le Dr Aidara.
Seuls le Ghana et le Nigeria disposent de lois encadrant ce genre de fraude fiscale. Les flux financiers illégaux sortant du Ghana sont estimés à 3 milliards de dollars entre 2002 et 2011.
ck-jf/fal
AFP
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