Par Serge Alain Koffi
“Entre celui qui a crée l’avion et celui qui a crée le collant, qui est +dangereux+ ? C’est +le collantier+! ’’, ces paroles introductives empruntes d’humour du tube “Collant-coller’’ de DJ Leo soulignent le déferlant effet de mode à Abidjan où la gente féminine ne jure que par cette tenue vestimentaire qui ne laisse pas les hommes indifférents.
De Port-bouet à Yopougon, en passant par Abobo et Cocody (communes de la capitale économique ivoirienne), c’est presque partout le même décor et constat. Un peu comme si les abidjanaises, reconnues par l’excentricité de leur lingerie, s’étaient passées le mot pour en faire leur tenue de ralliement.
Pour une simple sortie mondaine ou un rendez-vous galant, Il n’est pas rare de les voir sanglées dans ce maillot moulant couvrant généralement le bas du corps des pieds à la taille. Dans les boutiques de vêtements féminins, les abidjanaises se l’arrachent comme si ne pas en posséder dans sa garde-robe est une gageure.
Très ajusté, il suggère surtout la forme et les rondeurs des femmes. Ce qui n’est pas fait également pour déplaire aux hommes et susciter leur légendaire convoitise.
Le phénomène est d’une telle ampleur que l’un des promoteurs du coupé-décalé, DJ Leo, avec humour et dérision le dit dans sa chanson.
“C’est versé dans la ville comme s’il n’y a plus (d’) habits au marché’’, tant il y en a partout, de toutes les couleurs et pour tous les goûts.
Sur les marchés abidjanais, les prix se situent entre 12.000 et 25.000 FCFA en fonction de la qualité.
Des coûts loin de dissuader Claudia Kouame, Coiffeuse à Cocody (est d’Abidjan). “J’en ai environ cinq de couleurs différentes dans ma garde robe’’, dit-elle, se réjouissant surtout de leur aspect “pratique’’.
“J’en achète également au marché aux puces où les prix oscillent entre 3.000 et 5.000 FCFA’’, ajoute-t-elle sans gène.
Pour Yves Abdallah, gérant d’une boutique de vente de vêtements au marché de Belleville, à Treichville (au sud d’Abidjan), le tube de DJ Leo n’a en rien boosté la vente de cette tenue dont la côte de popularité auprès de la gente féminine était déjà fortement établie.
Selon Abdallah, le succès de cette pièce de vêtement tient à trois raisons : elle “s’adapte à toutes les formes, fait habillé et surtout est assorti à tout’’.
Aussi, explique-t-il, contrairement aux collants en coton qui ne font plus recette, les collants leggins et collants skaï connaissent un énorme succès.
Pourtant certaines femmes semblent ne pas se sentir concernée par ce véritable effet de mode. Laeticia Amichia, étudiante à Port-bouet (sud d’Abidjan) en fait partie.
“J’en porte quelque rare fois mais en réalité, je n’aime pas trop les collants’’, affirme-t-elle. La raison : “J’ai des démangeaisons quand j’en porte. Et en plus, j’ai l’impression d’étouffer à cause de la chaleur’’.
Mais là où le bât blesse, c’est quand ce charmant rituel “du plaqué’’ et “du transparent’’ aux allures d’exhibitionnisme, s’invite sans pudeur dans les lieux de culte.
“Tellement, elle +content+ (aime les)collants dimanche matin encore à l’église, elle est en collant. Au nom du père et du fils et du Saint-Esprit, retourne-toi’’, affirme DJ Leo dont une séquence du clip vidéo accompagnant son titre, montre une jeune fille, habillée en collant se faire refouler, à l’entrée d’une église par un pasteur.
SKO
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