Côte d’Ivoire Veritas – Bien vu Mindaoudou !

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Une fois n’est pas coutume, nous profitons de notre chronique hebdomadaire visant à « croquer » en bien ou en mal l’actualité sociopolitique ivoirienne, voire internationale, pour rendre hommage à la Représentante du Secrétaire général de l’Onu en Côte d’Ivoire (Onuci), la nigérienne Aïchatou Mindaoudou. Cet hommage est lié à l’acte, un adjuvant politique et diplomatique important, qu’elle a posé, il y a quelques jours, en faveur du processus de réconciliation moribond en Côte d’Ivoire.

Il s’agit non seulement de la participation effective de Mme Mindaoudou au colloque internationale organisé, du 18 et 19 juin dernier, par le Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples (COJEP), mouvement politique fondé par Charles Blé Goudé, mais aussi et surtout du fait que la Représentante spéciale de Ban K-Moon a accepté d’assurer la présidence de ce colloque. Sur sollicitation expresse, a-t-on appris, de Charles Blé Goudé.
Il ne faut pas l’oublier, Blé Goudé est détenu à La Haye par la Cour pénal internationale (Cpi) depuis le 22 mars 2014. Il est perçu par une certaine opinion internationale comme l’ennemi de l’Onuci qui aurait lancé, durant la période de forte crise en Côte d’Ivoire (2002-2011), une fatwa contre les casques bleus dans notre pays. Il est aussi accusé, à tort, d’être l’auteur de l’appel abject « A chacun son petit blanc » brandi à l’époque des événements tragiques de 2004 par la rébellion armée pour susciter l’antipathie occidentale contre Blé Goudé et les jeunes patriotes. C’est donc le COJEP de ce Charles Blé Goudé décrit comme le diable en personne que, curieusement, AÏchatou Mindaoudou adoube aux yeux de tous.

A travers cette caution donnée au colloque internationale portant sur le thème révélateur : « Construire la paix dans l’esprit et les cœurs des hommes », Mme Mindaoudou dévoile clairement ce que doit être le rôle de l’Onu dans un pays en crise comme le nôtre. Un pays en proie à de profonds clivages à la fois politiques, religieux et ethniques. Un pays qui a connu un coup d’Etat, une rébellion armée et une crise postélectorale sanglante causant des milliers de morts. Dans un tel pays, l’Onu doit être pour tous et pour personne. C’est cette impartialité que Young Jin-Choi, ancien patron de l’Onuci, n’a pas su observer. Au point d’être, à l’instar des acteurs politiques ivoiriens, l’un des responsables de la crise postélectorale. Qui a rendu ardue la voie de la réconciliation en Côte d’Ivoire.

En acceptant d’accompagner et même d’encadrer le COJEP dans sa randonnée vers la paix, Aïchatou Mindaoudou engage aussi un combat pour la réhabilitation de l’Onuci dans de nombreux cœurs ivoiriens. Peut-on parler de réconciliation dans ce pays meurtri, en ignorant Laurent Gbagbo et Blé Goudé ? Peut-on tourner la page de la crise postélectorale quand Simone Gbagbo et plus de 800 prisonniers politiques croupissent dans les geôles du pouvoir ? Quand les avoirs bancaires des opposants sont gelés, que les maisons et autres biens de certains d’entre eux demeurent occupés par les milices du pouvoir ?

Mme Mindaoudou qui sait que la réconciliation est impossible dans de telles conditions joue, en toute discrétion, le facilitateur du dialogue entre le pouvoir et l’opposition. Son élan vers Blé Goudé constitue une autre corde à son arc de chercheuse de paix. Bien vu Madame pour la Côte d’Ivoire ! Souhaitons que d’autres initiatives courageuses de ce genre soient prises.

Didier Depry
ddepry@hotmail.com
(In Quotidien Notre Voie N°5043 du jeudi 25 juin 2015)

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