« Koulibaly démissionne » de la CNC ou l’art de prendre ses lubies pour la réalité. Le président de Lider a parlé certes, et dénoncé les dérives tribalo-xénéphobes de certains de ses alliés, mais il n’a pas (encore) annoncé qu’il démissionne. Un fait est un fait et doit rester tel: c’est le principe même du journalisme. (ASK)
Billet d’humeur n°31 d’André Silver Konan : « Crise de leaders, soupçon de naïveté et conflit d’agendas à la CNC »
Et pendant ce temps, la Coalition nationale pour le changement (CNC, opposition radicale) traverse une grave crise de leader (je dis bien crise de leaders et non crise de leadership), sous-tendue par un soupçon de naïveté, doublée d’un conflit d’agendas.
C’est simple. Aucun leader à la CNC n’a suffisamment d’aura pour conduire fermement cette coalition à la victoire. En effet, s’il a une carrure présidentielle comme Koulibaly, il n’a pas de militants. S’il a des militants, il n’a pas la personnalité du chef ; c’est le cas de Sangaré. S’il a la personnalité du chef, il n’a pas de base électorale : Banny. Il manque un ou deux véritables commandants dans le bateau CNC, comme l’ont été Bédié et Ouattara, avec leur PDCI-RDR, dans le navire RHDP.
Et pendant ce temps, tous les candidats déclarés de cette coalition ont cru naïvement qu’ils pouvaient utiliser les militants du FPI version Sangaré (qui ne présente pas de candidat), comme marchepied électoral. Seulement voilà. Aux deux meetings de Yopougon et de Koumassi, avec déjà leurs succès mitigés (il y avait moins de monde à Koumassi, or à Yopougon les organisateurs ont avancé le chiffre de 6 000 participants, 3 000 à 5 000 selon la presse internationale), les militants présents étaient de 80 à 98% des supporteurs de l’ex-chef d’Etat, pas ceux des candidats présents. Pour ceux-ci, c’est « Gbagbo ou rien » et toutes les autres revendications (réforme de la CEI, listing consensuel, accès aux médias, etc.) passent systématiquement au second, voire au dernier plan, tant que leur champion est en prison. Et la fameuse promesse de faire libérer celui-ci ne les fait vraiment plus rêver.
Candidats déclarés contre Ouattara, vous avez votre agenda ? Celui de vous faire élire Président (ce qui reste d’ailleurs problématique, puisque les 45% de voix de 2010, sont aujourd’hui divisées entre pro-Affi, pro-Sangaré, pro-Fologo, pro-Lagou, exilés volontaires ou non, et même pro-Ouattara…) en comptant sur les bulletins de vote du FPI version Sangaré ? Eh bien, le FPI version Sangaré a aussi son agenda: celui d’utiliser votre coalition, pour remobiliser ses troupes, sans avoir à subir le piège de la pression judiciaire, brandie tel un chiffon rouge par le clan Affi, qui lui dispute l’utilisation du logo du FPI. Lol.
Et pendant ce temps, à moins de quatre mois de la présidentielle, Ouattara et Bédié, eux, dorment tranquille. La victoire dès le premier tour, est dans leur poche. Sauf cataclysme. Qui vivra verra !
André Silver Konan
Journaliste-écrivain
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